Alexandrine Guenée-Brard (1898-1991)
Bonne à Billé
La vie d’Alexandrine à Mellé jusqu’à 14 ans
enregistrement juin 1985
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Tu es née à quel endroit?
À Mellé.
Ça se trouve où ça?
Euh, canton de Louvigné du désert.
Oui.
C’est dans l’Ille et Vilaine.
Dans l’Ille et Vilaine, c’est à la limite de...
De la Normandie.
Dans la limite de la Normandie, euh, ton père s’appelait comment?
Alexandre Guenée.
Guenée, et ta mère s’appelait comment.
Modeste Michon.
Modeste Michon, ah, y avait un curé qui s’appelait Michon, un de ses frères alors.
Le frère de...
De ta mère, euh, tu euh, tu avais combien de frères et sœurs?
Nous étions sept.
Sept qui s’appelaient.
Y avait Marie-Rose.
Oui.
Modeste.
Oui.
Euh, moi, Alexandrine.
Oui.
Et Alexandre.
Oui.
Victorine.
Oui.
Joseph et Victor.
Et combien sont vivants à l’heure actuelle.
Nous ne sommes plus que trois.
Qui?
Marie-Rose.
Oui.
Victor et moi.
Oui, alors vous viviez dans une petite ferme?
Une petite ferme de 5 hectares (la Mabilière à Mellé sur son acte de naissance).
De 5 hectares, mais il n’y avait pas de quoi occuper tout le monde.
Ah, ce n’était pas possible, à mesure qu’on arrivait, j’ai une sœur qu’est partie à 8 ans garder les vaches et avoir soin des, des enfants.
Des enfants, oui.
Oui, elle revenait l’hiver pour aller à l’école.
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Sept enfants vivants?
Oui.
Alors, j’en ai connu de tes frères, il y en avait qui s’appelait Victor.
Victor là.
Qui est venu travailler d’ailleurs à Billé, à Lepeluet.
Oui, il a été commis avec moi.
Pendant combien de temps?
3 ou 4 ans, je ne m’en rappelle pas exactement.
Et puis, euh, les autres je les ai connus aussi.
T’as connu Alexandre aussi peut-être qui était au service militaire à Rennes.
Oui.
Et qui venait apporter son tabac au père Pichot.
Ah!
Le, le dimanche.
Il me semble que tu m’as emmené chez toi aussi dans le temps, j’ai dû aller coucher une fois ou deux.
Oui, peut-être, oui, on prenait le train à Fougères, et on allait à la gare de Villamée, et de la gare de Villamée, il y a 6 kilomètres.
On faisait ça à pied?
On faisait ça à pied et on revient à pied puisque chez mes parents il n’y avait ni chevaux ni voiture.
Qu’est-ce que, Ils, ils vivaient, ils vivaient chichement quand même?
Ah! mon père allait en journées pour 20 sous par jour.
Et il faisait combien d’heures?
Ah, il partait à 5 heure et demie 6 heures.
Du matin.
Et puis il revenait à 8 heures le soir.
Il faisait quoi, il allait chez les uns chez les autres?
Chez les fermiers.
Chez les fermiers.
Oui, bêcher du dirai.
Ah, qu’est-ce que ça veut dire bêcher du dirai, moi je sais mais pour les successeurs?
Tu sais, et bien ce sont des sillons, ils faisaient une petite raie.
Oui.
Au milieu et puis ensuite ils faisaient une grosse raie qu’ils rabattaient sur ces 2 petites raies là.
Et ils faisaient ça avec quoi?
Une charrue, euh, une charrue à 2 brancards.
Oui.
2 manches, et puis une euh.
Un cheval devant.
2 vaches chez nous.
Des vaches?
C’étaient des vaches et puis, euh, y avait juste un soc quoi et puis la chasse.
Le versoir.
Oui.
Mais vous faisiez ça comme ça, c’est en billons, c’était en sillons, parce que c’était humide ou?
Humide.
Alors au printemps, qu’est-ce que vous faisiez, vous derabattiez?
On bêchait ça à la houette.
À la houette.
Ou à la hue, je ne sais pas comment ça s’appelle, c’est l’un ou l’autre.
C’était une grosse binette.
Une grosse bêche quoi.
Une bêche binette qui était perpendiculaire.
Oui.
Et vous rameniez ça et alors vous, vous semiez ça comment alors, qu’est-ce que vous semiez?
Ah ben fallait tout de même herser beaucoup.
Vous hersiez avec quoi, avec les vaches?
Et commencer à charruer comme ils pouvaient.
Oui.
Et ils charruaient des fois, il faisait le tour du champ euh, pour finir par le milieu.
Oui.
Puisque, y avait pas de, y avait qu’une euh, une charrue quoi, y avait qu’une.
Qu’un côté?
Qu’un côté.
Ouais.
Alors ils ne pouvaient pas.
Ce n’était pas un brabant.
Ce n’était pas le brabant.
Ce n’était pas le brabant.
Alors ils charruaient comme ça, alors.
Mais il y avait des arbres plantés dans tout le.
Il y avait des pommiers, alors il fallait bêcher ça à la houette.
Tout alentour.
Oui et les coins.
Et les coins des champs.
Et les coins des champs.
On ne perdait rien.
Ah on ne perdait rien.
Et les champs ils étaient avec des haies.
Des haies, des haies tout autour.
Des haies en terre.
Oui des haies en terre.
Des haies en terre.
Et puis.
Qui étaient plantées.
Oui, c’était, il y avait de gros arbres.
Dessus oui.
Oui.
Et du des ajoncs.
Et des ajoncs, et de tout un petit peu de, et bien, l’hiver.
Oui.
Une année mon père faisait un, un grand trou pour couper les, couper les racines des gros arbres.
Oui.
Qui allaient trop loin dans le champ.
Dans le champ oui.
Pour manger l’engrais et tout, alors euh, au printemps il fallait rabattre ça, bien sûr et couper les racines, ça leur donnait un petit peu de bois pour chauffer.
Et vous étiez pas propriétaire?
On était locataire.
Et le locataire avait le droit de prendre le bois?
Ah, pas tout, pas le bois quand le propriétaire en donnait.
Pas le bois d’œuvre.
Ah non pas le bois d’œuvre.
Le bois de futaie, vous le rabattiez les ragosses?
Les ragosses qui étaient usées.
Oui oui.
Là le propriétaire en donnait, et le bois d’œuvre on le... quand des fois mon père avait besoin d’un pied.
Oui.
Il demandait au propriétaire.
Oui.
Et le propriétaire, ah, il disait, c’est vrai que t’en aurait besoin pour ça et ça, oui, alors il lui donnait.
Comment vous nettoyiez les haies?
On parait avec des fauchets.
Et ça s’appelait comment?
Fauchets faucilles.
Et comment ça s’appelait le fait de nettoyer la haie?
Ah, plissonner.
Ah j’ai plisson, c’est ça, ça s’appelait plissonner.
Oui.
Et vous rameniez ça, euh, ça servait sous les vaches?
Oui, pour faire les litières.
Les litières, elles étaient nettoyés souvent les litières?
Ah oui, ah, tous les huit jours chez mes parents.
Oui.
Oui.
Et chez d’autres?
Mais à la venue plus tard les gens faisaient ça tous les jours.
Tous les jours?
Oui.
Mais autrefois ça allait encore plus longtemps, ils faisaient ça.
Oh oui des fois assez haut.
L’étable était en creux.
Oui, un peu en creux.
Et les portes n’étaient pas larges?
Ah non, on ne pouvait aller qu’avec la civière dans.
La civière dedans... les femmes s’occupaient surtout des vaches.
Oui, oh chez nous ma mère s’occupait de tout, fallait bien qu’elle aille aider à charruer, puisque fallait n’avoir un à mener les vaches, l’autre à tenir la charrue.
Très bien la charrue.
Elle aimait mieux tenir la charrue parce que... elle était maintenue par les ...
Les manchons.
Par les manchons, donc ça l’aidait comme elle était souvent enceinte, c’est qu’elle a eu dix enfants, alors ça l’aidait beaucoup à marcher.
Oui, les, les genres de récolte que vous faisiez, le nom du blé, tu ne te souviens pas, quelle sorte de blé vous faisiez?
Ah non, y avait du mousse, du du.
Du moussu, c’est barbu?
Du barbu là oui, beaucoup.
Beaucoup de barbu?
Oui.
C’était du blé que vous semiez l’hiver?
Oui, à la Toussaint.
À la Toussaint.
Oui.
Oui et vous le récoltiez comment, à la faucille?
À la faux.
À la faux?
Oui, tout à la faux.
Seuls ou avec les voisins?
Ah non seuls, chez mes parents seuls.
Et alors comment vous faisiez les gerbes, vous faisiez comment?
Ah ben on faisait les gerbes et on faisait des tas.
Non oui mais pour lier la gerbe, vous preniez la paille où?
Ah ben dans le, dans le blé.
Dans le blé, mais vous faisiez des...
Des liens.
Des liens sous les arbres parce que le...
Oui.
Le blé était plus tendre.
Oui ou alors sous les pommiers là où il y avait du vert.
Oui.
Y avait moins de perte.
Moins de perte?
Que dans le bon blé du milieu du champ.
Oui.
Alors on faisait les liens et puis on les liait comme ça.
Oui.
On les liait et puis on les coupait puis après...
Ça s’appelle comment le fait de les piquer... en patois c’était des quintes, des quinqiaouw?
Oui j’ai vu dans le temps faire des, des mouillettes aussi.
Des mouillettes, alors comment ça se faisait des mouillettes?
Eh ben on mettait 6 au moins 6 gerbes euh.
Côte à côte?
Debout tout en rond.
Tout en rond.
Et puis on en mettait une autre, dessus.
Dessus qui faisait chapeau.
Qui faisait le chapeau.
Qui faisait la pente en cas de la pluie.
Oui, oui et ça protégeait beaucoup le, le milieu, et celle du dessus s’égouttait toujours.
Oui, mais pour ramasser les gerbes, c’était toujours les vaches qui tiraient ça.
Ah c’était toujours les vaches.
Deux par deux, vous faisiez des attelées de deux vaches.
On n’avait que deux vaches, on avait quatre vaches mais on n’attelait que deux.
On n’attelait que deux.
Et puis le tombereau, c’était le tombereau qui servait à tout.
Oui.
Mais il avait, il avait des, des échelons.
Des échelons.
Qu’on mettait devant et derrière.
Vous battiez comment?
Ah ben une petite machine, euh, un tambour quoi.
Une trépigneuse, comment vous appeliez ça, une machine à battre, une trépigneuse?
Je ne me rappelle plus.
Elle était actionnée comment, comment, qui c’est qui la faisait tourner?
Ah ben ça devait tourner à l’essence ou à je ne sais pas.
Ah non il n’y avait pas de moteur à ce moment là tu crois, il y avait un manège... il devait y avoir un manège.
Ben chez mes parents il n’y avait pas de manège, alors donc elle devait tourner avec un petit moteur.
Ah.
Sûrement.
Oh.
Oui parce que chez mes parents il n’y avait pas de manège, par conséquent ça ne pouvait pas.
Oui mais il y avait un autre système de battage que j’ai vu, que je connais, c’était, on mettait un cheval dans un ... comment dirai je, dans un escalier fermé, et le cheval avançait et faisait tourner l’escalier qui tournait la machine, t’as pas vu ça?
Non j’ai pas vu ça.
Ça rendait combien le blé?
Ah pas beaucoup hein.
C’est-à-dire?
Ah, 26, je ne sais pas, on disait 25 ou 30 caneaux et je ne sais pas ça faisait combien 25 kilos chaque? ah non.
T’appelles ça comment des des des.
Il y avait des mesures.
Des mesures c’était des demiaouaw qu’on appelle ça.
Oui.
Des demiaouaw qui faisaient 50 litres quoi.
50 livres je crois.
50 litres oui.
Quand y en avait.
25 ou des trucs comme ça.
Oui 25 à 30 oui.
Ah la la, oh la la, vous ne faisiez pas seulement que du blé, le blé vous le vendiez?
Oh ben non, on le menait au moulin.
Et vous viviez avec ça?
Oui mais souvent, y en n’avait pas assez, fallait racheter le pain ou la farine en fin de saison.
Oh la la!
Parce qu'on n’avait pas assez.
Vous n’aviez pas assez de récolte pour vivre sur le blé?
Non.
Non alors vous faisiez quoi, de l’avoine un peu, non?
Non on ne faisait pas d’avoine chez nous, mais on faisait du blé noir.
Ah le blé noir oui.
Un peu de blé noir.
Un peu.
Alors ce qui nous permettait de faire un peu de galettes...euh.
Mais sur 5 hectares, vous faisiez combien d’hectares de blé noir, un demi hectare?
Oh à peine.
À peine.
Oui.
Oui mais alors tout ça, ça permettait quand même avec les résidus, vous deviez avoir des cochons.
Ah ben on élevait un cochon quand on pouvait, mais chez mes parents, on avait du mal à élever les cochons, ils attrapaient tous la maladie et la maladie du charbon.
Ah, oui oui.
Alors on les changeait, on les mettait dans le refuge à porcs et puis là souvent ils ne réussissaient pas, on avait, mes parents avaient installé un coin de la grange, et puis ils le mettaient dans la grange et c’était la même chose.
C’était des cochons avec des oreilles longues qui cachaient les yeux, tout ça.
Oui.
C’était le porc normand.
Oui.
Qu’était gras d’ailleurs.
Ben oui mais on avait du mal à réussir et c’était rare quand on pouvait réussir un cochon.
Mais euh, vous mangiez, vous fabriquiez aussi, cultiviez des, des pommes de terre.
Pommes de terre, un peu de pommes de terre.
Suffisamment pour vous?
Oui, oui les pommes de terre nous suffisaient.
Et puis le jardin.
Et le jardin.
Un grand jardin, vous faisiez quoi dans le jardin, des haricots?
Ben, des légumes, les haricots.
Les poireaux, les navets, les carottes, la salade, les radis non?
Ben un petit peu de tous les légumes pour la cuisine.
De ce temps là, les légumes qui existaient en ce temps là, vous ne faisiez pas de tomates?
Ah non ça n’existait pas.
Un peu de citrouille, des jottes?
Oui mais ils les mettaient sur un tas de fumier autant que possible.
Oui bien sûr, oui, ça chauffait.
Ça chauffait et là on avait de belles citrouilles, et comme on aimait ça, alors on mangeait de la soupe de citrouille.
Est ce que tu te souviens dans ta jeunesse avoir eu faim, voire manquer?
Ben, on n’a peut être pas manqué parce que notre mère nous faisait, quand elle chauffait le four, puisqu’elle boulangeait.
Vous faisiez votre pain?
Elle faisait son pain.
Tous les, tous les?
Ah tous les 10-12 jours.
Tous les 10-12 jours, oui.
Oui et bien elle nous faisait du riz, du riz au lait.
Ah.
Qu’elle nous mettait au four, elle nous faisait un bon plat de riz qui nous, nous nourrissait bien, au lait.
Oui.
Et puis au lait au sucre naturellement, des plats de pomme, un tas de trucs comme ça qui nous nourrissaient bien quand même.
Oui, vous mangiez de la galette, vous mangiez de.
Oui.
Des confitures?
Ah la confiture, à ce moment là on n’en faisait pas, c’était du pommé.
C’était du pommé, du pommé c’est de la confiture de pommes.
De pommes mais sans sucre.
Mais sans sucre, c’est pas mauvais.
Non mais c’est, c’est long à cuire, fallait cuire ça une journée.
Vous aviez de la volaille?
On avait un peu de volaille.
C’est-à-dire combien, de coqs et de poules?
Ah ben une vingtaine de poules quand même.
C’est les œufs, vous n’en vendiez pas?
Ben si parce que ça nous donnait de l’argent pour acheter de l’épicerie, on portait les œufs pour revenir avec ce qui nous fallait d’épicerie.
Le fromage, est ce que vous en mangiez?
Ah non, il n’était pas question de fromage.
Pas question de fromage.
Ah non, quand on dit qu’on achetait du café pour 7 sous de café.
Oui, ça durait?
Ça faisait pas beaucoup.
Est ce que vous achetiez de la viande au boucher?
Ah des fois, un petit bout de saucisse pour le dimanche.
Pour le dimanche.
Pour le dimanche.
Ce que vous mangiez le plus c’était du poulet, du lapin?
On mangeait du poulet, on mangeait du lapin, et de la poule, une poule bouillie des fois euh.
Des fois oui, vous alliez à la chasse?
Ah non, chez mes parents, quoique mon père était braconnier, il allait, il tendait des pièges.
Et puis il en ramenait de temps en temps, des lièvres?
Un lièvre de temps en temps, on était contents quand il avait ça.
Oui bien sûr, mais euh, vous vendiez quoi pour acheter, tu m’as dit que vous vendiez quelques œufs.
Et le beurre.
Et le beurre.
Et le beurre.
Ça valait combien le beurre en ce temps là?
Oh ben je ne me rappelle plus ...
À peu près?
Pas cher, oh pas cher 20 sous la livre.
20 sous la livre.
Ah oui.
À quelle époque c’était 20 sous la livre, avant la guerre de 14?
C’était avant la guerre de 14 euh...
Et vous alliez à l’école?
On allait à l’école.
À quel âge?
Ben moi j’ai été à 5 ans, maintenant mes sœurs, elles ont été un petit peu plus tard.
Et tu as été combien de temps à l’école?
Ah ben jusqu’à 11 ans.
Jusqu’à 11 ans, c’était une école libre, une école des sœurs?
Euh, oui euh jusqu’à 8 ans, j’ai été à l’école libre jusqu’à 8 ans.
Et puis après?
Après ce fut la séparation de l’église et de l’état, donc j’ai été à la, l’école laïque.
Tu te souviens de la loi de séparation de l’église et de l’état?
Ah dam oui.
Comment ça s’est passé?
Ah ben chez nous ça s’est assez bien passé, les gens se sont laissés faire et puis c’est tout.
La troupe a ouvert les églises et elle comptait, il n’y a pas eu de ...
Y a pas eu de bagarre, non.
Y a pas eu de bagarre?
Non.
Est ce que les gens étaient chrétiens beaucoup là bas?
Ben les églises étaient pleines tous les dimanches hein.
Oui mais par tradition ou parce que fallait y aller à cause de monsieur le maire ou de, du propriétaire, non ils y allaient.
Il n’était pas question de ...
Comment y s’appelle l’espèce de saint qu’est, qui habitait Saint Georges de Reintembault?
Le bienheureux Maunoir?
Oui.
Oui.
Ah tu en as entendu parler du père Maunoir?
Ah oh oui, ma mère c’était son ... elle n’allait jamais guère à St Georges sans aller faire une visite au bienheureux Maunoir.
Oui, qu’était mort en ce temps là, il vivait à quelle époque le père Maunoir?
C’est une chose...
Que tu ne sais pas, bon c’est beaucoup plus ancien, bon, il est enterré et il est enterré à Saint Georges de Reintembault.
Il est enterré à Saint Georges de Reintembault.
Alors quand vous alliez, vous alliez au catéchisme à quel âge?
7 ans.
7 ans.
7 ans.
Et vous faisiez la communion à quel âge?
À 10 ans.
À 10 ans.
Oui.
Et c’était une belle journée?
Ben oui.
Vous étiez habillées en blanc les filles?
Oui parce que...
Qui est ce qui faisait les frais de tout ça?
Parce que ma propriétaire, notre, la propriétaire de mes parents.
Oui.
Avait, y n’avaient qu’une fille.
Oui.
Elle avait, elle était riche.
Oui.
Elle avait un habit blanc.
Blanc.
Elle avait dit à ma mère et dit n’achetez pas d’habit puisque vous n’êtes pas capable, mais elle dit je vous passerai, puisque vous avez quatre filles, elle dit je vous passerai l’habit de Marie-Josèphe.
Oui et c’est comme ça que vous avez été quand même habillées.
Alors j’ai été habillée en blanc comme toutes les autres.
Qui c’est qui était ton parrain?
C’était le frère de ma mère.
Qui s’appelait?
Pierre Michon.
Qui faisait quoi lui?
Ah ben, il n’a jamais rien fait de sa vie de bien.
De bien, (rires) bon, et ta marraine?
Je ne l’ai jamais connue.
Tu ne l’as jamais connue.
Ça devait être la grand-mère, la mère de mon père ou...
Et ton père était né, te rappelles tu de la date de naissance de ton père?
Il était né au mois de novembre aussi mais dam ( 32 ans en 1898, puisque né en 1866).
À peu près?
J’ai 85 ans et mon père est marié à 27 ans, 28 ans, marié à 28 ans mais.
Et tu ne te rappelles pas, ni celle de ta mère.
Et bien, un an plus tard (31 ans en 1898 donc née en 1867).
Un an plus tard.
Oui.
Oui, ton père avait fait la guerre de 70?
Il n’avait pas été à la guerre parce qu’il ne pouvait pas tirer sur un fusil, il avait son pouce droit déformé, il avait donc été réformé.
Oui oui.
Il n’avait pas été à la guerre.
Ah oui, ton père à toi.
Même pas de service militaire.
Même pas de service militaire, est ce que tu souviens de ton grand-père Guenée?
Euh, non, j’ai été à son enterrement mais j’étais trop jeune.
T’étais trop jeune, t’avais quel âge à peu près?
Oh, 3 ans peut être.
3 ans, tu ne te souviens pas?
Je ne me souviens pas.
Mais tu ne te souviens pas de ce qu’on disait de ton grand-père?
Je sais qu’il était très dur.
Très dur.
Et il n’était pas bon à ma mère, à ma grand-mère d’abord, il l’envoyait couper de l’herbe dans des, dans des ravins dans des tas de l’eau rouillée... là dans des... choses qu’on n’enverrait pas des bêtes, c’est le moment de dire.
Ah oui.
Et fallait qu’elle aille couper de l’herbe là d’dans la pauvre grand-mère.
Et la grand-mère, ta grand-mère, tu t’en souviens?
Je ne me souviens pas de ma grand-mère non plus, elle était décédée avant.
Elle était décédée avant, alors du côté des Michon, tu avais un grand-père Michon, est ce que tu t’en souviens?
Euh, non, mais je me souviens de ma grand-mère.
La grand-mère Michon.
La grand-mère Michon, elle a, ils étaient sur une ferme.
Oui.
Ils ont élevé sept enfants aussi.
Oui.
Et puis, donc, ma mère qui était l’aînée.
Oui.
Et une autre sœur après.
Oui.
Après elle a eu cinq garçons.
Oui.
Dont, un qui a été prêtre.
Oui, qui était curé d’où d’ailleurs?
Il était curé de Condé, il a été longtemps à Condé sur Vire, 25 ans.
À Condé sur Vire.
À Condé sur Vire.
Et puis après?
Il s’était retiré quand il a vu qu’il baissait.
Oui.
Il s’est retiré dans une petite paroisse de quelques centaines d’habitants.
Oui.
À Fervaches.
À Fervaches.
Oui dans la Manche, et c’est là où il est décédé.
Il est décédé en quelle année, vers 40?
Ah, plus tard que çà.
Après la guerre de 40?
Ah dam oui.
Ah oui.
Il avait 84 ans, je crois qu’il est décédé, ah j’ai tout là, c’est dommage que je n’ai pas préparé, je, il est décédé dans les années 60.
Ah oui, 60, oui.
Oui.
Alors donc vous alliez au catéchisme, vous alliez à l’école, as-tu ton certificat d’études?
Non, j’étais dans les cours du certificat d’études l’année qu’a fallu que je reste parce que ma mère attendait un.
Un héritier.
Un héritier, alors donc elle n’en pouvait plus, elle n’avait un, d’un an.
Ah la la.
elle n’avait plusieurs autres puisque.
Donc il fallait que les filles restent à aider à faire.
Alors je suis restée.
Tu sais quand même bien lire et écrire, on a vu, oui.
J’avais core une bonne instruction et une bonne mémoire.
Oui, est ce que vous vous entendiez bien avec vos frères et sœur, oui?
Ben, plus ou moins bien parce qu’on ne vivait pas ensemble.
Ah, parce que?
On n’a pas été élevés ensemble.
Parce que la maison comportait combien de pièces?
Une seule, une maison seule sur la terre battue.
Une seule pièce?
Une seule pièce.
Qu’était grande comme quoi, 6 mètres sur 6?
Oh, je ne sais pas si elle faisait 6 mètres sur 6.
Et vous aviez chacun votre lit, non, vous couchiez 2 par 2?
Il y avait trois lits dans cette pièce là.
Les garçons couchaient ensemble?
Oui.
Oui mais alors vous n’étiez pas ensemble, ça veut dire que les garçons et les filles partaient vite vers l’âge de 11 ans, 12 ans?
Oh ben, j’ai ma sœur, la cadette qu’est partie à 8 ans, bonne, et elle revenait l’hiver un petit peu pour aller à l’école, et puis dès que (dépend?) et ben elle retournait.
Garder les vaches?
Elle retournait garder les vaches.
Garder les vaches et les enfants?
Oui.
Elle gagnait gros?
Oh euh pour.
La nourriture?
La nourriture et pas grand-chose bien sûr.
Pas grand-chose bien sûr, mais toi tu es restée à la maison plus longtemps ou quoi?
Ah ben, moi à l’âge de 8 ans.
Oui.
De 8 ans à 9 ans, c’est ça qui m’a fait me rappeler que c’était là que j’ai changé d’école, que j’ai changé de.
De l’école libre à l’école communale?
De l’école libre à l’école laïque
Oui.
Parce que de 8 à 9 ans, l’année de mes 8 ans, je suis allée avoir soin des bébés et garder les vaches aussi.
Où?
À Mellé.
À Mellé.
Aussi.
Et vous étiez bien vus les petits enfants comme ça, parce que vous étiez des gamins, et comment que vous considéraient les patrons?
Ah ben, oui, moi dans la place où j’ai été, j’ai été pas trop mal, alors euh, j’avais soin d’un petit et malheureusement, il m’est arrivé un pépin, il a mis, je le tenais à table, c’était moi qui le tenait à table.
À 8 ans, ouais, ouais et?
Et ben elle nous servait du café le midi, alors le gamin a mis sa main dans la.
Tasse.
Dans la tasse et s’est brûlé, ah, j’ai été, j’ai été disputée, mais disputée! Et c’est malheureux d’employer du monde comme ça et puis font attention à rien, euh, c’est tout de même une gamine hein !
Ah oui, 8 ans oui.
Mais enfin ça s’est atténué, ça s’est passé.
Ça s’est passé?
Oui.
Et tous les ans tu repartais pendant le temps des vacances?
Je ne suis pas repartie.
T’étais pas repartie.
Non.
Alors?
Et là, j’ai aidé tout cet été là pour un tablier, une blouse quoi, pour aller à l’école.
Oui, tu as travaillé tout ce temps là pour avoir un tablier et être propre pour aller à l’école.
Oui.
Ça commençait, ça commençait à quel, à quel moment l’école, au mois de septembre, début?
Oui sans doute, par là, dans les environs de septembre.
Dans les environs, mais quand tu es partie de, de chez tes parents, quand tu es partie de chez tes parents, tu avais quel âge?
Ah quand je suis partie définitivement j’avais 14 ans.
Et jusqu’à 14 ans tu as aidé à.
À ma mère à faire le, et à mon père.
Et à ce moment là vous étiez combien sur les sept enfants vivants, y en avait qui restaient combien là? Avec les trois lits, y avait que deux lits au fond.
Ah ben les jeunes.
Les jeunes, les autres?
Ceux d’après moi.
Oui, Joseph était déjà parti, Victor est plus jeune que toi?
Ah oui, Victor, y a 11 ans.
11 ans de moins que toi? Ben Joseph, y avait 10 ans?
De moins aussi.
De moins aussi.
Y en avait quatre en dessous de moi.
Ah oui.
Oui alors quand je suis partie y avait ma sœur Victorine qu’était, euh, qu’était 6 ans plus jeune que moi.
Oui.
Qui est restée à la maison, et qui y est restée tout le temps.
Oui.
Et c’est elle qu’a pris la ferme. Alexandre allait travailler de bonne heure aussi.
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