Alexandrine Guenée-Brard (1898-1991)
Bonne à Billé
Arrivée à la ferme de Lepeluet à Billé en avril 1916
La guerre, naissance des enfants Pichot
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Alors, Maman est restée là, donc toute seule, le 1er août arrive et le père est mobilisé, elle a dû pleurer parce qu’elle pleurait facilement.
Oui, oh oui.
Elle est restée là toute seule?
Elle est restée là toute seule, elle a eu une cousine heu, qui est allée, la femme à, au, au François Couasnon.
Oui, alors, elle est restée là toute seule mais la grand-mère Pichot, la, je ne sais plus comment elle s’appelle, Joséphine?
Elle était bonne, elle venait aider?
Le grand-père m’a paru complètement déphasé.
Ah le grand-père était mal.
Le grand-père Théophile.
Oui, il était malade à ce moment là et il n’a pas survécu.
Il n’a pas survécu, non, mais la, la Joséphine était heu.
Ah ben, elle était de bonne humeur, elle aurait donné de l’ambiance hein.
Ah oui oui.
Oui.
Elle a aidé heu, les jeunes?
Ah et ben elle venait les aider à travailler.
Elle habitait le Chesnot à ce moment là, non?
Oui, oui.
Elle habitait déjà le Chesnot.
Elle a déjà, elle a toujours habité le Chesnot depuis, elle n’est pas restée du tout à Lepeluet.
À Lepeluet, oui, mais ça a dû être dur pour maman quand la guerre est venue, qu’elle s’est trouvée là toute seule.
Bien sûr.
Alors qui c’est qu’est venu lui aider là, les voisins?
Les voisins, elle avait chez le père Cantin que tait gentil là.
Le père Cantin oui oui.
Et le père et la mère Lebreton donc.
Lebreton, oui, ils étaient, le père et la mère Lebreton ils étaient, ils tenaient la ferme de Ruffin (en patois, Lebreton se disait Beurton).
Oui.
Bon, alors je vais te dire, là, que j’ai rencontré, il y a une quinzaine de jours, l’Aster, qu’à 100 ans.
Oui.
C’est la fille de mon parrain, le père Lebreton.
Oui.
Et nous sommes allés chez eux, heu, elle a une fille qui s’appelle je ne sais plus comment, madame heu, là, son mari est sourd comme un pot, ils ont une très très belle propriété à Angers et on a beaucoup parlé, la, la pauvre Esther avait les larmes aux yeux de revoir, elle s’est mise longtemps heu à, alors le père Lebreton était très bon?
Oui, il était bon, faut pas, faut pas dire bien sûr des fois on disait tout de même il sait que c’est à faire, y devrait venir parce qu’il avait une faucheuse et puis nous, on n’avait pas au moment des récoltes, et bien, si bien que le dimanche que tu es né le samedi... [on saura pas ce qu’Alexandrine aurait voulu dire...]
Je suis né un samedi.
Oui.
À quelle heure, 3 heures?
Je ne sais pas du tout, ça va peut être me revenir mais enfin.
Oui mais toi, tu es arrivée à Lepeluet quand?
En 1916, au mois d’avril 16.
Ah, maman t’avait demandé de venir?
Oui, parce que ma patronne ne voulait pas me raugmenter, moi je prenais tout de même de la force et j’étais assez travailleuse, je, je, je ne savais pas quoi faire.
Y parait qu’à 16 ans tu montais un sac de 100 kilos heu, au grenier.
Ah dame je l’ai monté de, de bonne heure.
De bonne heure.
Alors je, je, ma patronne ne voulait pas me raugmenter, j’étais toujours restée, j’ai été 3 ans chez elle à 150 francs.
Oui.
Elle me disait je ne te paierai pas 200 francs ni...
Et alors la mère Pichot elle t’a offert plus alors?
Ah ben, c’est par la grand-mère euh, Morel.
Morel.
Qui me dit heu, elle dit écoutes, il faut une bonne à, à Marie, il y faut quelqu’un absolument, elle dit, puisque ta patronne ne veut, tu ne veux pas rester chez ta patronne puisqu’elle ne veut pas te payer davantage, elle dit si tu veux aller chez Marie, elle dit ça me heu, ça nous arrangerait, elle dit sans t’enlever, elle n’a parlé à la patronne à la madame Monthorin et puis tout, elle dit on ne l’enlève pas de chez vous, elle dit si c’est que vous ne vous arrangez pas de prix et puis c’est tout, alors.
Et t’es venue à quelle époque en 16?
Ben au mois d’avril.
Ah oui, c’est à la Saint Georges?
À la Saint Georges, le 23 avril.
Qu’est ce que maman avait pu faire pendant 14, 15 et 16, qui c’est qui l’aidait?
Ah ben dam elle avait des.
Des commis?
Les uns les autres comme ça qui l’aidaient.
Les voisins, la Moutelais, non?
Ah non, pas la Moutelais, ben dame, le père Jean Delaunay était parti à la guerre aussi, tout ça, il ne devait pas avoir grand monde, il n’y avait plus que le Louis de...
Oui, alors, mais elle avait tenu, elle avait tenu toute seule euh, la, la ferme, toute seule c’est incroyable.
Ah toute seule.
Le père, le père Pichot ne, n’était pas revenu en permission?
Ah il a été longtemps sans revenir toujours.
Il est revenu que pour me fabriquer la première fois.
Peut être bien.
Quand il est revenu en, en 16?
En 15.
Non, je suis né en 17.
Ah, t’es né en 17 oui.
Donc il est venu après Verdun, Verdun 16, mais la pauvre mère elle était toute seule, une jeune mariée, une jeune femme comme ça sur le bord de la route...
Elle avait eu des, ah ben oui, mais à ce moment là hein, y avait rien, c’est pas comme maintenant qu’y a que des bandits partout, heu, c’est vrai hein.
Elle n’avait pas peur de toutes façons.
Elle n’avait pas peur.
Mais elle avait, elle avait des chevaux, non?
Elle avait des chevaux.
J’ai encore vu des bœufs moi, c’est t’y vrai?
Oui, ah ben je n’ai dressé des bœufs moi, tiens à la ferme.
Il me semble avoir vu des bœufs là bas, hein.
Elle avait, elle a eu le Jean Ferron tout petit.
Ah, Jean Ferron tout petit, il est venu à 9 ans.
Et qui vit toujours.
Qui vit toujours, je l’ai vu, ah oui, Jean Ferron est venu comme petit patou.
Oui.
Mais, enfin, il fallait aller, elle avait bien dix vaches?
Oh dame, euh, peut être pas.
Peut être pas?
Non.
Elle allait, elle.
sept ou huit vaches c’est tout ce qu’elle avait quand je suis venue moi.
Oui, alors il fallait qu’elle aille couper de l’herbe, qu’elle fasse les clôtures, qu’elle fasse son feu, qu’elle fasse à manger, la grand-mère Angélique ne venait pas toujours, elle avait sa ferme là bas aussi.
Oui, oui, oh elle ne venait pas souvent, ben la mère Pichot que bouque de reusse? elle venait de temps en temps.
Oui.
Et puis.
Elles s’entendaient bien?
Oui, oui.
Elle n’était pas facile la mère Pichot?
Si, elle était tout à fait gentille, mais fallait pas la contrarier.
Ah ah, si on faisait comme elle (rires).
Il fallait lui payer un petit mic de temps en temps, et puis tout allait bien.
Avec un mic ça allait bien, euh, pas un mic tout seul?
Ah ben sûrement pas, accompagné.
Ah oui.
Jamais j’ai, et même que j’étais seule, je ne la laissai jamais partir sans y payer son petit mic.
Ah ouais.
Ah ben et puis elle ne serait pas revenue.
Ah (rires) elle ne serait pas revenue (rires) mais alors tous les oncles étaient partis à la guerre, se faire tuer d’ailleurs, on raconte que le jour de mon baptême, euh, qui c’est qu’était là, c’était Jean?
Jean.
Jean, mais est ce qu’il était marié à la Henriette avant, a, avant mon père?
Ah non, il s’est marié après.
Mais à quelle époque s’est il marié?
Quelques mois, deux mois peut être après.
Mais c’était juste au départ de la guerre.
Il venait de se marier.
Il venait de se marier quelques jours avant.
Quelques jours avant.
Alors il était là le jour de mon baptême et on m’a raconté que, il était tellement de bonne humeur qu’il a voulu sonner les cloches.
Il a sonné les cloches.
Tant qu’il a pu.
Oui.
Content.
Ah il était de bonne humeur pauvre Jean, je le vois core, hein.
Ouais et puis.
Et puis dame il est...
Il a, il avait mauvais moral en partant, il paraît qu’il s’est mis à pleurer.
Je ne sais pas, pas, pas de chez nous, pas de Lepeluet, je ne l’ai pas vu pleurer.
Heu, il heu, il était sûr de ne pas revenir, il a dû dire heu, voilà, euh, je pars mais je ne reviendrai pas, je vais.
Il était tout de même marié peut être du, core un certain temps avant parce que il avait été aider à vider le lavoir là où on allait laver.
Hum.
À la métairie.
Hum.
Et puis il y avait heu, Angélique qui dit, oui, il ne s’en revient pas, ils vont ben rire de lui euh, parce que elle était comme ça, hein.
Hum hum.
Ils vont le saouler et ils vont bé rire du Jean Pichot, euh, tout ça, elle avait fait tout un plat, tout un discours, mais Henriette, elle ne s’affolait pas comme ça elle, mais dit, il va s’en revenir, ne te tracasse point, ne t’inquiète pas, et la mère non plus, la mère s’inquiétait pas non plus.
Hum hum.
Angélique euh, elle avait dramatisé, elle avait mis ça tout, et en fait il n’avait pas bu ni rien.
Ni rien?
Non.
Oui, mais il est mort donc peu de temps après ma naissance, en septembre et Théophile l’autre garçon est mort aussi à cette époque là.
Oui, oui.
C’était très triste hein.
Tous les deux.
Vous ne deviez pas, heu, vous receviez des lettres du père Pichot heu, tous les combien, tous les mois?
Ah, plus souvent que ça.
Plus souvent que ça.
Oui et ta mère me les lisait toutes alors j’étais au courant.
T’étais au courant oui.
On était, on était comme deux sœurs.
Et vous ne deviez pas être folles avec le gamin?
On se le tirait des bras, ah, faudrait pas, je ne pourrai pas le faire maintenant.
(rires).
Ah si on était core ... et je te portais sur mon dos à, aux vêpres à, à Billé hein, sur mon dos, ah alors je t’emmenais et puis heu, un jour y n’avait un qui pleurait et puis, il y a la tante à la Marie Boutros qui dit, oui la bonne de Lepeluet, elle, elle était avec, avec son gamin, elle dit, parce que faut toujours qu’elle le traîne partout, et dit, il pleurait, elle n’a même pas sorti. Ah oui, mais j’té bé sûre que ce n’était pas moi, et le gamin qu’avait pleuré moi, c’était le petit Alexandre Harel, je ne sais pas quoi qui pleurait, et ben je dis, le mien n’a pas pleuré bien sûr, mais il ne pleurait pas.
(rires).
Ah mais, la maîtresse d’école ...
Oui, la maîtresse d’école.
De heu, de, de Billé, que, un jour, elle dit à ta mère, ai dit comme si c’était à votre bonne d’amener les gosses aux, aux processions, elle dit c’est à vous, qu’elle dit comme ça tout de même, elle vous enlève vos droits.
(rires, hum hum).
Et ta mère a dit, si elle n’y allait pas et bien les enfants n’iraient pas, parce que elle dit, moi, comme elle avait souvent heu, le, le gros ventre, elle disait moi je n’y irai pas, je n’irai pas me faire voir à tout le monde, dans ce temps là heu.
Oui, on se cachait.
On se cachait plus que maintenant hein !.
Ouais.
Et alors elle dit si, si elle n’y allait pas et ben les enfants n’iraient pas aux processions non plus, et comme je suis contente qu’elle les emmène.
Ouais.
Mais ta mère m’a redit ça hein, si bien qu’un bon jour, la grande Thérèse ...Courtoux, tu sais bien.
Oui, du bourg, oui, la copine à Marie hein!
Oui.
(rires).
Et bien, elle était au Croissant.
Oui.
Et puis il paraît qu’elle m’a dit bonjour et que je n’ai pas répondu.
Ah (silence).
J’étais rancunieuse aussi moi parce que, mais je disais de quoi qu’elle s’occupe, j’ai dit si, si je vais, c’est que ça fait plaisir à la mère que j’emmène les enfants.
Une bonne sœur qui s’appelle Thérèse Courtoux, là, et ben, heu, ça l’avait vexée (rires) elle n’était pas facile.
Oh, elle fut vexée et si bien ...? elle dit j’ai vu Alexandrine elle ne m’a même pas dit, je lui ai dit bonjour elle ne m’a pas répondu, heu, elle ne se souvenait peut être pas mais moi je l’avais au cœur, et moi si je la punis une fois heu, je ne la punirai peut être pas deux, mais je dois au moins que je la punisse.
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Marie qui a écouté le truc, elle m’a posé 2 ou 3 questions là, euh, tu es venue à, je sais maintenant comment tu es venue à Lepeluet parce que tu connaissais ma mère.
Oui.
Étant jeune fille parce que tu travaillais dans la ferme à côté.
Oui.
Bon, mais tu es venue à quelle époque à Billé?
En 1916, au mois d’avril 1916.
Et bien alors comment ça se fait que ma mère a pu tenir le coup depuis son mariage qui était le mois de juin 1914?
Le 5 mai.
Le 5 mai 1914.
Oui.
Bon, euh, bon, elle n’était pas du canton et puis y a une grosse différence de vie entre Lécousse et puis Billé, hein.
Ben oui, mais elle avait des bonnes qu’elle prenait comme ça.
Ah bon.
Elle avait eu une cousine, la femme à François Couasnon que lui y travaillait à la ville.
Oui, mais le, le, la grand-mère Pichot qui s’appelait Joséphine.
Joséphine.
J’ai connue, est ce qu’elle venait lui aider?
Oui.
Elle était bonne?
Ah, elle était gentille la mère Pichot.
Ah bon, elle était gentille, elle était efficace, elle aidait beaucoup, oui?
Ah elle aidait beaucoup, elle faisait tout ce qu’elle pouvait la pauvre grand-mère.
Et la pauvre, parce quel âge qu’elle avait à ce moment là?
Ah ben elle avait 70 ou (en réalité elle avait 62 ans, elle était née le 19 décembre 1853 à la Moutelais en Javené, mais très proche de Lepeluet).
Le père Pichot était le combien de la famille, il avait combien, il avait des frères et sœurs?
Oui.
Quel était l’aîné?
Y avait Théophile.
L’aîné, parce que.
Ou Marie ah je ne sais plus, je ne me rappelle plus.
Non Marie c’est la dernière.
Oui et.
C’est Théophile qui portait le nom de son père comme d’habitude, bon.
Euh, Joséphine.
Oui.
Euh, Jean.
Jean, oui.
Amand.
Oui.
Et, et Marie.
Et Marie oui, là tout de suite on arrête, on dit que le frère Jean avait épousé la sœur de maman?
Oui.
Ah donc et il était resté à la Queue du Chat à Lécousse?
Oui.
Bon, mais le mariage de Jean s’est fait à quelle époque?
Ah, bé, pas longtemps après le mariage de, de tes parents.
Ah bon euh, aussitôt après?
Ah, un mois ou deux après.
Avant la guerre, avant la déclaration de guerre?
Mais oui, avant la déclaration de guerre.
Juste avant la déclaration de guerre.
Oui.
Finalement, maman est restée toute seule, donc, à partir le père a été mobilisé vers le 1er août, 2 août?
Oh oui, les premiers jours de, de la guerre.
Toi, tu n’étais pas là à ce moment là, alors comment que la, la, ma mère a-t-elle été aidée? les voisins sont venus.
Oui, y avait ton parrain, le père.
Lebreton?
Le père Lebreton.
Qui était cultivateur à.
À côté.
À Ruffin.
À Ruffin, oui.
Et qui devint maire pendant ce temps là.
Euh, non, il y avait été avant mais il n’était plus maire.
Ah bon, il y avait été avant, mais il n’était plus maire, ah je croyais qu’il était resté maire pendant la guerre.
Non, non.
Et à la Buffardière, qu’est ce qui avait?
Ben le grand-père Vacher.
Ah le grand-père Vacher heu, ils s’entraidaient aussi les Vacher?
Euh, oui, mais moins que le père Lebreton.
Et euh, à la Moutelais, les Delaunay ils, ils aidaient un peu, parce que maman était quand même une fille toute seule, quoi, elle était un peu perdue.
Oui, mais non, la maison ne s’entraidait guère que les dernières années qu’on allait.
Oui.
Euh, des fois quand ils étaient pris.
Mais, heu, à ce moment là, tous les hommes étaient partis, et qui c’est qui conduisait les chevaux, il y avait combien de chevaux à Billé à ce moment là?
À Lepeluet, il y avait deux, deux chevaux.
Il y avait encore des bœufs, non?
Il y avait des bœufs.
Il y avait des bœufs que, je me souviens en avoir vu, moi.
Ah oui.
Je me souviens en avoir vu, hein.
Il y avait des bœufs qu’il fallait dresser.
Alors quand maman a pu, a pu te, te retenir, tu es venue de là bas puis vous étiez, bon, ben vous vous connaissiez comme deux bonnes amies, ça vous a aidé heu?
Oui, oui.
Et vous n’aviez pas peur de vivre comme ça à Lepeluet, toutes seules, là?
Pas du tout, il n’était, et à ce moment là, tout était calme, tout était bien quoi, y a pas.
Y a pas de vol, y avait pas de crime, y avait rien du tout, on ne touchait à rien.
Non, non.
Alors, euh, je pense que pendant toute la guerre, heu, vous avez beaucoup travaillé, beaucoup, beaucoup beaucoup, heu, là, heu, c’est écrit, faudrait que tu nous expliques comment le père Pichot, le père Amand Pichot est revenu de la guerre, il n’était pas costaud?
Euh non, pas de trop, il n’était pas costaud, il était fatigué comme un...
Comme un ancien combattant.
Oui, oui.
Et il ne pesait pas lourd.
Il ne pesait pas lourd et puis il n’avait pas de résistance.
Oui.
Il n’était pas.
Parce qu’on m’avait dit que, il faisait heu, 60 kilos tout habillé.
C’est possible.
Parce qu’il était grand, il faisait quand même 1 mètre 74, hein.
C’est possible, oui.
Bon, alors, heu, vous l’avez remis de, d’aplomb heu, en lui faisant quoi, quelque chose à manger?
Ah, ce qu’il mangeait beaucoup, c’était des œufs crus.
Des œufs crus?
Oui.
Mais crus comme ça?
Battus, battus avec du pain.
Avec du lait?
Du pain et du beurre.
Comme ça, oui.
Oui, il mangeait beaucoup ça, parce que en campagne, dam, heu, tu sais bien, heu, il n’était pas question d’aller à la viande, ni à la boucherie.
Il y avait des poulets, des lapins et du cochon?
Oui, oui.
Mais, heu, oui évidemment, heu, mais ça n’a pas fait drôle au père Pichot d’arriver comme ça, dans sa ferme et de voir sa femme qu’il n’avait tout de même peu connue pendant, heu, hein, deux trois mois, mai, juin, juin, juillet, oui trois mois et puis de trouver la ferme en état, parce que je sais que ma mère travaillait bien et puis tout de même aménagée heu, à l’aise, parce qu’ils n’étaient pas à l’aise au début du mariage, j’ai vu, j’ai vu les contrats de cession, c’était pas heu, bon.
Ton père n’avait rien, si mademoiselle Costard ne y avait pas donner 100 francs, y n’avait pas de quoi payer sa messe de noces !.
Et ben.
Alors c’était bien mieux.
Alors, donc, il y a pas, il n’a pas trop souffert de voir des femmes lui prendre son boulot, les hommes en ce temps là étaient tels que, etc ça n’a.
Il était assez, et, je ne sais pas, ça ne le gênait pas, mais on aurait dit tout de même.
Il était humilié?
Qu’il était humilié.
Qu’il n’avait pas sa place, quoi?
Et puis euh, ta mère ayant l’habitude de heu.
Commander.
De commander, et de, de faire son, son travail.
Oui, sa gouverne.
Elle n’avait gardé un petit peu la, ah.
La main mise?
Oui.
La direction?
Oui.
Alors heu, y a une question aussi, heu, il faudrait que tu fasses, je ne l’ai pas su ça, un peu de la jalousie de papa envers moi, heu, à ma naissance, non, mais pourquoi il a été jaloux, il n’était pas heureux, moi on m’a dit que, il était tellement heureux qu’il m’avait donné son fusil, je ne l’ai jamais eu d’ailleurs.
Non.
Hein, on m’avait dit ça qu’il m’aurait donné son fusil.
Heu, je ne sais pas mais la seule chose que je sais que, quand heu, ils ont eu Jean.
Oui.
Et bien toi tu étais plutôt resté, parce que déjà quand il est venu, revenu, tu avais déjà 2 ans.
2 ans oui.
Oui, et ben Jean est venu dans l’année que heu.
Il l’a vu arriver, lui.
Il l’a vu arriver et il l’a suivi, heu, petit comme heu.
Oui, oui, tandis que là, et ben il, heu, il était pourtant là à ma naissance, il était là à ma naissance, il y avait d’ailleurs d’autres oncles qui étaient là à ma naissance, il y avait Jean je crois?
Il y avait Jean qui a, a sonné ton baptême heu.
Terrible.
Oui.
Terrible et il avait mauvais moral.
Oui.
Il savait que, il a dit que, heu, il repartait mais qu’il ne reviendrait plus, et un mois après il n’était tué, hein.
Oui.
Bon, Théophile n’était pas là?
Théophile n’était pas là.
Théophile n’était pas là.
Non.
Bon, les sœurs sont venues, la Marie peut être, oui et puis la Joséphine, à propos, quand est ce que le grand-père Pichot, Théophile est mort? à quel moment?
Ah ben, dans l’année 14.
Ah dans l’année 14.
Oui, il n’a pas été longtemps.
Oui, c’était déjà un vieillard d’après la photo que j’ai vue.
Oh oui, oui.
C’est ça, bon, elle a fait une fausse couche là, maman avait fait plusieurs fausses couches.
Euh, elle en a fait une euh, par contre, heu, de presque 6 mois, 5 mois et demi, 6 mois.
Entre quel âge, à quel moment?
Entre Jean et Maurice.
Entre Jean et Maurice?
Et c’est une peur qu’elle avait eu, ils revenaient, oh, à la croix des Cinq Chemins, ils devaient revenir de, d’une route.
Oui.
Et puis, ton père s’était pas aperçu que heu, il arrivait à la grande route.
Oui.
Il a tourné d’un seul coup et elle a eu peur.
Oui.
Et elle s’est figurée que c’était ça.
Oui, mais y avait eu des chocs avant, du trop de travail, de la fatigue et puis les femmes n’étaient pas suivies comme maintenant, malheureusement.
Non, non.
Heu, Marie, heu, mmm, la naissance de Bernard, ça s’est passé comme ça, je m’en souviens parce que j’étais son parrain, mais la naissance de Marie, heu, qu’était attendue parce que c’était la première fille.
Oui.
Hein.
Oui.
C’était la première, les autres euh, elles sont mortes après, oui.
Oui, la petite Madeleine est morte après.
dernière mise à jour de cette page le 05/08/2023 à 15:33:06