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Alexandrine Guenée

Alexandrine Guenée-Brard (1898-1991)
Bonne à Billé

Départ de Mellé en 1912 pour Coutances, Lécousse en 1913 - 1916

enregistrement octobre 1983
  • Quand t’es partie de la maison à 14 ans, tu es partie pour aller où?
  • Et ben, bonne, j’ai été d’abord à Coutances.
  • À Coutances.
  • Mon oncle, le curé, m’avait trouvé une place à Coutances chez des bourgeois, euh mais oui mais.
  • C’était loin?
  • C’est loin et puis, euh, y s’était trouvé une petite histoire avec l’autre bonne et qu’on ne s’entendait qu’à moitié, et puis dame, euh, le patron a dit ah ben je vais vous ramener chez vos parents, qu’est ce que vous voulez, il a balancé l’autre aussi et puis moi euh.
  • En même temps, oui, ça n’a pas duré longtemps à Coutances alors?
  • 7 mois.
  • 7 mois, et tu faisais quoi à Coutances?
  • Ben, les chambres, comme femme de chambre, mais à 14 ans, dit, élevée sur de la terre battue, euh, je ne savais pas faire grand-chose hein, de ça, et bien après j’ai, dans les jours que je suis revenue, y a une voisine qui a su que j’étais là et qui venait de perdre son frère.
  • Umm mm.
  • Et sa belle sœur y avait dit, si je trouvais donc une petite jeune fille pour venir avec moi, est dit, est dit, je ne resterai pas toute seule et puis j’ai dit je ne veux pas coucher toute seule, je veux quelqu’un avec moi. On vient me demander, on, y z’avaient une enterrement au Châtellier, ces gens là, je viens avec la, la jeune fille de la maison à l’enterrement au Châtellier. Là on rencontre la tante et puis elle nous amène à sa petite ferme qui est auprès de la Queue du Chat où que était Jean Brillet, si tu te rappelles de...
  • Attends, Jean Brillet, c’était celui qui était en haut de la côte de la Queue du Chat.
  • De, euh, la petite ferme retirée un petit peu derrière chez eux, là.
  • Oui.
  • Alors, euh, j’ai eu, faut croire que j’ai plu à la, à la dame, à la veuve.
  • Oui oui.
  • Si bien qu’elle m’a embauchée, et je suis venue les jours.
  • Et c’était en quelle année ça?
  • Enfin j’ai été, je me suis mariée en 41, je cherche parce que, en en 29 je veux dire, j’ai été 13 ans et demi chez tes parents, donc ça faisait que 13 ans.
  • 16.
  • En 16 chez tes parents, alors, donc, j’ai été 3 ans.
  • Chez Brillet.
  • Chez, là bas.
  • Là bas, oui.
  • Ça faisait en 13.
  • Ça faisait en 13, donc tu es arrivée en 13 là.
  • En 13 à Lécousse.
  • À Lécousse, alors cette ferme là était importante, y avait combien?
  • Ah non, y avait 6 ou 7 hectares, c’était tout.
  • C’était tout oui, et y avait que les femmes alors?
  • Y avait un commis.
  • Y avait un commis.
  • Mais il est parti à la guerre.
  • Il est parti à la guerre.
  • Alors nous sommes restées que toutes les deux, là, la patronne et moi et qu’elle m’envoyait partout.
  • Oui, et tu gagnais combien à ce moment là?
  • 150 francs par an.
  • 150 francs par an.
  • Oui.
  • C’était bien, et puis alors comment alors, je sais maintenant, vous étiez proches de la Queue du Chat où était ma mère et vous vous connaissiez alors?
  • Ben on travaillait ensemble, là on travaillait ensemble et si, ils coupaient du blé à la Queue du Chat on allait les aider.
  • Les aider.
  • Et vice versa, y revenaient.
  • Y rendaient.
  • Y revenaient.
  • Y rendaient.
  • Oui.
  • Les deux fermes étaient à peu près pareilles, de même valeur?
  • Ah y avait plus grand à la Queue du Chat, mais enfin.
  • Mais la Queue du Chat aussi y avait pas d’hommes.
  • Y avait pas d’hommes non plus, y avait que des femmes.
  • Le grand-père était mort.
  • Le grand-père était décédé y avait pas tellement longtemps.
  • 1909 je crois, c’est ça?
  • En?
  • 1909.
  • Peut être, oui.
  • Alors ils étaient restés, la mère Angélique, qu’elle s’appelait, elle était restée avec ses trois filles.
  • Avec ses trois filles.
  • Dont l’aînée était?
  • Était Henriette.
  • Ah, c’est Henriette qu’est l’ainée.
  • Oui et Angélique la deuxième et ta mère la...
  • La dernière.
  • La dernière.
  • Mais Angélique était, euh, la deuxième fille était un petit peu bossue je crois.
  • Oui oui, elle était bossue et puis naturellement ça la faisait la...
  • Elle était bossue pourquoi, pourquoi qu’est ce qui lui était arrivé?
  • Elle était très très forte.
  • Oui.
  • Étant jeune.
  • Oui.
  • Et ben elle.
  • Elle est tombée.
  • Elle n’est pas, non.
  • Elle s’est mal développée?
  • Elle, elle a manqué de, de, soit de vitamines.
  • D’os, de formation des os et personne ne s’en est aperçu.
  • Et personne ne s’en est aperçu.
  • On m’a dit que ça lui avait aigri le caractère.
  • Ah... elle était très autoritaire.
  • Très autoritaire.
  • C’était elle la.
  • La patronne?
  • Et quand elle ne voulait pas faire une chose, personne ne l’aurait commandée, ne l’aurait fait faire.
  • Ah oui.
  • Très intelligente.
  • Mais elle avait pu aller à l’école quand même et faire tout ce qui fallait.
  • Ah oui elle avait été à l’école je ne sais pas si elle avait son certificat d’études, je ne sais pas, mais enfin je sais que, elle a été à l’école et puis elle était très bien, très intelligente, elle pouvait discuter avec n’importe qui.
  • Alors, la mère, la mère Angélique, elle était donc restée chef de famille à la mort, euh, on m’a dit que, euh, le père, le grand-père, euh, Morel, euh, s’était marié sur le tard.
  • Oui assez âgé je crois.
  • Une trentaine d’années c’est ça?
  • Je ne sais pas exactement mais enfin il...
  • Il était originaire d’où lui?
  • De là je crois, oui de là où y sont de la Queue du Chat.
  • Ah, il était de la Queue du Chat ce qui veut dire que la mère Angélique, elle était née Angélique Rigault.
  • Rigault.
  • Et elle venait de?
  • Saint Marc le Blanc ou de Chauvigné ou par là.
  • Ah de Chauvigné, oui parce qu’il y a encore beaucoup de Rigault encore par là.
  • Oui.
  • Ils s’étaient trouvés, ils s’étaient mariés et donc ils avaient eu ... tu as entendu parler de, de ce grand-père Morel, il paraîtrait qu’il était de bonne humeur.
  • Il était de bonne humeur, mais c’était un, un petit homme beurdin euh.
  • Oui.
  • Ce qui veut dire qu’il n’était pas avantageux au travail, il travaillait bien mais.
  • Il n’avançait pas.
  • Il n’avançait pas.
  • Il ne savait peut être pas s’y prendre.
  • C’était un homme, comme quand il faisait les barges de paille, c’était toujours lui qui restait le dernier à faire...
  • Peigner?
  • Faire l’enfaîture et peigner et tout ça.
  • C’était du boulot bien fait.
  • Avoir fini le travail.
  • Oui.
  • C’est de là qu’il est tombé et que ça a été la, la cause de sa mort, je ne sais pas s’il est mort subitement ou s’il est mort.
  • De contusions, je ne sais pas.
  • De cet accident là toujours.
  • Mais la mère Angélique, donc, elle avait, euh, peut être par opposition au, disons, au défaut de son, de son mari, elle avait peut être pris un peu de pouvoir.
  • Oui et puis, elle était travailleuse et capable.
  • Oui.
  • Comme était ta mère, quoi, c’était deux, deux femmes euh, euh ...
  • Ma mère, euh, ma mère, la Marie, euh, était plus du côté de sa mère.
  • Oui, pour le travail, pour être énergique.
  • Oui.
  • Au boulot, c’est vrai que, ils avaient travaillé toujours toutes les deux, Henriette, elle restait plutôt à la maison.
  • Oui.
  • Avec Angélique.
  • Oui.
  • Alors euh.
  • Henriette aurait tenu plus du père.
  • Oui pour être nunu, pour être pas avantageuse.
  • Oui, oui.
  • Elle avait toujours le temps, elle voyait, pas la nécessité de, de faire vite quoi.
  • Oui.
  • Mais elle avait toujours son entretien tout de même, de tout, de lait, c’est elle qui s’occupait de, de toute la...
  • De, de toute la maison, la laiterie, le...
  • Oui et de ses vaches et tout ça, c’est elle qui s’en occupait.
  • Ah oui.
  • Tandis que ta mère, elle s’occupait du, du cheval.
  • Ah parce qu’ils avaient un cheval eux?
  • Oui, eux avaient un cheval.
  • C’était, c’était un progrès ou parce qu’ils avaient les moyens ou parce que l’habitude.
  • Ah ben parce que la ferme était même assez grande pour euh...
  • Pour tenir euh...
  • Pour avoir un cheval.
  • Pour avoir un cheval.
  • Mais à la ferme où j’étais, aussi, il y avait un cheval aussi.
  • Ah oui, chez Brillet, là.
  • Oui.
  • C’était important d’avoir un cheval, c’était, ça classait euh... le niveau de vie ou...
  • Ah puis tout de même, ils avaient tout de même le cheval pour faire tout le travail hein.
  • Tout le travail.
  • Oui oui et des fois, ça ne suffisait pas, et parce que ma patronne elle avait son beau-frère en bas, alors ils crochetaient ensemble.
  • Euh ils n’attelaient pas des vaches à ce moment là?
  • J’ai pas vu des vaches attelées.
  • De vaches attelées.
  • Non.
  • La terre, la terre était facile à labourer?
  • Oui, oui.
  • Plus facile qu’à Mellé?
  • Oui plus facile qu’à Mellé.
  • Plus à plat, plus à plat.
  • Oui, oui, quoique à Mellé, c’était assez plat aussi, à part les, les prairies mais enfin...
  • Qui c’était qui était propriétaire à la Queue du Chat?
  • Une demoiselle Pautrel.
  • Ah, c’était la demoiselle Pautrel, mais j’ai connu, j’ai connu le, Monsieur Pautrel qui s’est occupé de la ville de Fougères au point de vue archéologie, tout ça, c’est de cette famille là.
  • C’est de cette famille là.
  • Ah c’est de cette famille là, alors ils ont vendu finalement, la ferme a été vendue à Henriette, à quelle époque alors?
  • Ah.
  • Après la guerre.
  • Ah oui.
  • Après la guerre, une ferme comme ça était louée combien à l’hectare.
  • Je ne sais pas, parce que je ne sais pas combien qu’elle payait la Henriette, mais elle ne payait pas tellement cher.
  • Pas tellement cher.
  • Non, et elle ne l’a pas achetée cher non plus.
  • Non plus, oui.
  • C’est la jeune Henriette, ce n’est pas sa mère hein.
  • Oui, oui.
  • Qui a acheté.
  • Oui, oui, c’est la jeune Henriette, ma cousine.
  • Oui, c’est ta cousine qui a acheté la ferme.
  • Qui a acheté la ferme.
  • Oui et je crois que c’est dans les cinq millions, elle est venue l’autre dimanche, mais enfin on en parlait.
  • Ah bon, oui.
  • On en parlait, elle était venue à ce moment là me demander de l’argent, moi je n’avais pas d’argent disponible, et je regrettais beaucoup parce que j’y en aurai prêté, parce que j’étais sûre que.
  • Qu’elle aurait pu te rendre. Qu’est ce que vous fabriquiez dans une ferme là bas chez ... ton patron, madame, elle s’appelait comment?
  • Madame Monthorin.
  • Ah, c’était madame Monthorin.
  • Oui.
  • Bon, parce que les Monthorin sont connus par là bas, hein.
  • Oui.
  • Très connus.
  • Oui, c’est la tante à Gustave que tu as entendu parler, et qui est décédé il n’y a pas longtemps.
  • Oui, vous, vous faisiez du blé, du blé barbu parce que j’en ai vu, moi.
  • Oui, du blé barbu, y n’avaient qui faisaient du moussu aussi, du blé sans, sans.
  • Sans barbe.
  • Oui.
  • Et puis vous faisiez du blé noir.
  • Et du blé noir.
  • Pas d’avoine pour le cheval, si?
  • Ben, peut être que chez la mère Morel, il en faisait.
  • Mais vous faisiez de la tremaine?
  • Ah oui, y avait un champ d’herbe, toujours un grand champ d’herbe.
  • Et vous ne saviez pas ce que c’était que de la luzerne?
  • Il n’était pas question de luzerne à ce moment là.
  • Ouais, tu sais où j’ai vu la luzerne la première fois de ma vie? c’était en 1940, pendant que les boches étaient entrain de me faire prisonnier dans l’est, on a tourné notre voiture à quatre dans un champ, je dis, qu’est que c’est qui pousse là, et les autres, y m’on dit, comment, tu es cultivateur et tu ne sais pas ce que c’est que de la luzerne, je dis ben non, je n’en avais jamais vu, hein, de la luzerne, on n’en avait pas, bon alors vous, vous faisiez donc tout ça, des pommes de terre?
  • Oui.
  • Autant que je me rappelle, les pommes de terre de Lécousse étaient bonnes.
  • Oui, oui, ça dépend de la...
  • C’était de la rose?
  • De la, hein, elles étaient rose, oui.
  • Oui elles étaient rose.
  • Oui.
  • Mais pas d’avoine? ... tu ne sais plus.
  • Ou pas grand donc.
  • Pas grand.
  • Oui un petit coin d’avoine peut être qu’ils faisaient.
  • Mais eux, ils battaient différemment, il y avait déjà à ce moment là euh, des batteuses?
  • Y avait déjà des batteuses, déjà oui, c’était déjà plus loin de chez mes parents, alors y avait.
  • Quand tu dis plus loin, entre Lécousse et Mellé, il y a combien de kilomètres, 10, 15?
  • Ah, y a 20 kilomètres.
  • Ah 20 kilomètres et c’est si important que ça 20 kilomètres euh?
  • Ben oui parce que, dans les petites fermes hein, on n’allait pas faire venir une grosse machine.
  • Oui.
  • Fallait la charroyer, c’est t’était pas, fallait passer par les champs.
  • Oui.
  • Chez nous.
  • Ah oui.
  • Y avait un chemin creux.
  • Creux qui descendait, vous étiez à fond de cale.
  • Oui, alors!
  • C’était des machines qui étaient lourdes quand même.
  • Oui, on ne pouvait pas passer ces machines là, alors c’est pour ça que c’était une machine à tambour qui.
  • Qui est, comment on va dire ça, une trépigneuse?
  • Oui.
  • Ça séparait simplement le grain de la paille et puis après il fallait le secouer, fallait le vanner?
  • Oui.
  • Fallait le vanner après.
  • Oui, il n’était pas question de...
  • De livrer tel que hein.
  • Non.
  • Mais, euh, qui c’est qui battait en 14, qui c’est qui battait dans le coin de Lécousse, c’est y des, le, toujours monsieur, qui est resté maire si longtemps, là.
  • Oui, y avait Guste Berthelot, et puis y avait Froc aussi.
  • Froc aussi.
  • Oui.
  • Parce que moi je me rappelle avoir vu Guste Berthelot, euh, battre, euh, là bas avec sa locomobile.
  • Oui, c’était la gugus qu’ils l’appelaient.
  • C’était la gugus (rires), petite machine à vapeur.
  • Oui.
  • Hein, ah, ça n’allait pas vite, mais enfin, on y passait l’après midi quand même.
  • Ah ben, bien sûr.
  • (rires) De la grand-mère, de la grand-mère euh, Angélique, qui était quand même une maîtresse femme.
  • Oui, oui, mais malheureusement, c’était une femme qui se nourrissait de trop.
  • Ah.
  • Et, elle buvait ben son ecuellée de cidre, son bol de cidre, et puis, finalement, elle.
  • Elle a grossi, elle a forci.
  • Elle ne se surveillait pas.
  • Ah.
  • Et, elle est restée paralysée.
  • Oui.
  • Elle est restée paralysée, euh, le, le petit Jean, qu’est le grand Jean maintenant, conseiller, à Fougères.
  • Oui.
  • Et bien, il avait 2 ans peut être, 18 mois, 2 ans.
  • Oui.
  • Et elle le tenait avec une main, sa main qui n’était pas paralysée, elle le tenait sur son genou, dessus ses genoux tout de même, mais si elle s’était surveillée, ça ne serait pas arrivé.
  • Ça ne serait pas arrivé ça, elle était trop sanguine.
  • Elle était trop sanguine, c’était, d’ailleurs très sanguine, euh, ta mère était comme ça aussi, sanguine.
  • Oui, oui oui.
  • Mais je te dirai que la Henriette en ce moment.
  • Oui.
  • Et ben, elle est comme ça.
  • Elle a pris du volume?
  • Elle pesait 100 kilos je n’en serai pas surprise.
  • Ah ah (rires), elle a ben profité. Ils avaient des vaches, beaucoup?
  • Ils avaient plus de vaches que nous, ah, quoique, nous, on avait cinq vaches mais peut être qui z’en avaient six ou sept eux.
  • Et alors, ils vivaient de quoi, c’est-à-dire ils vendaient quoi pour vivre?
  • Ah ben, le beurre, la grand-mère, ta grand-mère Angélique là, elle allait vendre le beurre tous les samedis au marché, tant qu’elle a été valide.
  • À Fougères.
  • À Fougères.
  • Elle prenait la voiture, la carriole?
  • Elle allait à pied souvent.
  • À pied.
  • Oh oui.
  • Ça faisait combien de kilomètres?
  • Ah, y a pas tellement loin, 2 kilomètres et demi.
  • Pour aller à Fougères.
  • Ah, peut être 3 quand même.
  • Pour aller à la, où elle allait le vendre, à la Pinterie, ou à la ri...
  • Ah ben dans le haut de, non sur la place euh.
  • Du commissariat là?
  • Oui, sur la petite place, euh, place d’Armes.
  • Oh, ça fait plus de 2 kilomètres, ça fait au moins 4.
  • Oh, s’il y a 3 kilomètres, c’est tout de même tout.
  • Ah c’est tout de même tout.
  • Ouais.
  • Alors ils vendaient donc le, le beurre, des œufs.
  • Oui.
  • Et puis quoi après, ils ne vendaient pas de salade, ni de haricots ni rien du tout, est ce qu’ils vendaient des cochons?
  • Peut être eux, des fois ils n’élevaient deux et y n’en vendaient un.
  • Ils en vendaient un, et les veaux?
  • Ah ben il y avait les veaux à vendre, oui.
  • Il y avait les veaux à vendre.
  • Oui.
  • Et puis les veaux à vendre et puis des vaches de temps en temps, quoi, de...
  • Ben oui.
  • Est ce qu’ils étaient aisés?
  • Ils étaient plus aisés, ils étaient aisés eux.
  • Ils étaient aisés.
  • Parce qu’ils avaient déjà plus grand de ferme.
  • Oui, donc y avait des revenus un peu meilleurs, donc ils vendaient du beurre, des œufs.
  • Ils mettaient tout le beurre en petites mottes de une livre, un kilo, et tout, alors, donc ils le vendaient plus cher que s’ils l’avaient tout mis dans la même motte.
  • Ah oui, il faisait du détail.
  • Ils faisaient du détail.
  • Et des pommes de terre, ils en vendaient?
  • Non, peut être pas beaucoup.
  • Des carottes non?
  • Oh non.
  • Et ils vivaient avec ça, c’était l’argent nécessaire pour faire la trésorerie.
  • Fallait.
  • Il fallait, mais pourtant, euh, le grand-père, j’ai hérité à ma communion de la montre d’argent gousset de mon grand-père, euh, gousset qui datait de 1885 et qu’évidemment mes enfants ont joué avec et qui ne marche plus, on disait qu’elle avait 7 ou 11 rubis et qu’elle avait coûté le prix d‘un veau, ce qui était énorme.
  • Oui.
  • Tout le monde avait des montres en ce temps là?
  • Mon père avait sa montre mais c’est tout.
  • C’est tout, les hommes avaient des montres, mais pas les femmes, non, alors je disais les maisons, euh, puisqu’ils possédaient des maisons, les maisons venaient d’où, du côté des Morel ou du côté des Rigault?
  • Moi, pour moi, c’est l’argent qui y avait à la maison quand le père Morel est décédé, que le tuteur a dit, et ben on va placer cet argent là, puisqu’elle revient aux filles, on va la placer dans des maisons et c’est son étude.
  • Et ils en avaient chacune une?
  • C’est-à-dire que c’était de vieilles maisons, je ne sais pas de trop si elles en avaient chacune une ou comment c’était puisque, en somme ils n’étaient plus restées qu’à deux.
  • Ils n’étaient plus restés qu’à deux, oui.
  • Henriette, euh, Angélique est décédée en 14 ou 15.
  • 14 ou 15, oui.
  • Oui, j’étais, j’étais à Lécousse, alors euh.
  • Vous aviez à peu près le même âge par rapport à ma mère, ma mère est, ah non, elle était plus vieille.
  • Elle était plus âgée.
  • Plus âgée.
  • Ah oui (7 ans de plus).
  • Elle était considérée comme bonne fille là bas?
  • Oh dame bien sûr et sérieuse hein, ah c’était une brave fille ta mère, seulement, fière, très fière.
  • Elle était très grande hein?
  • Elle était très grande, elle portait bien la toilette, alors quand elle montait la côte, quand elle avait, elle était en grande tenue comme on dit hein, et bien.
  • Elle jetait du feu !.
  • Ah oui, mais la pauvre Henriette qui courait par derrière pour la rattraper, elle n’avait jamais fini, elle, elle avait toujours sa baratte à laver avant de partir, et puis tout ça, elle n’avait jamais fini, Marie elle disait, et elle, elle se pressait et puis euh, elle disait, c’est tout de même aujourd’hui fête, on s’habille et y faut qu’on parte de bonne heure, mais Henriette n’avait jamais fini.
  • (rires) n’avait jamais fini.
  • Il y avait toujours le dessus de sa baratte, elle ne le lavait jamais de la semaine, elle lavait le dedans, l’intérieur mais jamais le dessus.
  • Y paraît qu’elle faisait le, la, ma mère faisait le boulot d’un homme, qu’elle était très forte et qu’elle avait [pas peur?] des chevaux, ni de conduire, ni de labourer, ni rien du tout.
  • Ah dame non, elle allait, dame bien sûr, elle labourait avec la charrue, comme heu...
  • Et alors, heu, donc, heu, elle est née en quelle époque ma mère, euh, elle était née vers 88, le père est né en 87, et non elle avait 4 ans de plus jeune.
  • Je crois qu’elle est...
  • Elle n’est pas née en 92? ça c’est pas grave, je vais vérifier.

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