Fêtes religieuses à Billé
ans une paroisse où tous les habitants, ou peu s'en faut, étaient pratiquants, les fêtes religieuses revêtaient une importance capitale. La tradition, le goût du grandiose, la ferveur populaire, tout concourait à la magnificence de ces fêtes. Si les moments les plus forts de la liturgie de l'Église, Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption de la Vierge, Toussaint donnaient lieu tous les ans à de grandes cérémonies, d'autres avaient par leur aspect festif la faveur des paroissiens. Les Fêtes-Dieu avec leurs fastes, les communions impliquant les jeunes et leurs familles, les confirmations marquées par la venue de l'évêque et les missions plus espacées dans le temps sont les moments qui ont laissé le plus de souvenirs.
Nous avons la chance de pouvoir rappeler quelques-unes de ces fêtes paroissiales grâce à des photographies. Charles Gouin, recteur de la paroisse de 1949 à 1957, a laissé beaucoup de tirages de ces années et nous allons vous en faire profiter. Certains s'y reconnaîtront, d'autres y découvriront des parents ou des grands-parents.
Fêtes-Dieu à Billé
peutâques, moines, roses...
a Fête-Dieu ou Fête du Très-Saint-Sacrement est une fête liturgique qui a lieu le deuxième jeudi après la Pentecôte. Jusque dans les années soixante-dix, cette fête était marquée par des processions solennelles le dimanche précédent et le dimanche suivant. Les rues du Bourg étaient alors pavoisées et des reposoirs étaient dressés en plusieurs endroits. Les habitants du Bourg décoraient les rues près de leur domicile et de nombreuses personnes des hameaux se joignaient à eux. Les bords des rues étaient ornés de branchages, le milieu de la chaussée était recouvert d'une bande de motifs dessinés au cordeau et au pochoir avec de la sciure de bois préalablement colorée et complétée de rameaux de buis et de fleurs fraîches qui abondaient en cette saison dans la campagne et les jardins:La procession s'ébranlait après la grand-messe de la matinée le premier dimanche de la Fête-Dieu. Lors du second, elle se déroulait à la fin des vêpres de l'après-midi. Elle s'ordonnait de façon parfaitement réglée. En tête venait la plus belle croix de la paroisse, portée par un homme. De chaque côté, marchait un enfant de chœur portant un cierge. Ce petit groupe était suivi de la grande bannière, portée par un homme et flanquée de deux autres hommes qui en tenaient les cordons. Venaient ensuite les enfants de la communion, les garçons d'abord, avec le brassard ou l'aube, selon les époques, les filles ensuite. Chacun des deux groupes était précédé de sa croix et de sa bannière portées de la même façon que leurs aînés. Derrière eux, les quelques enfants qui n'avaient pas d'emploi puis les femmes. Les deux groupes des angelottes et des angelots arrivaient ensuite précédant Saint Jean-Baptiste et Jésus enfant qui marchaient juste devant les enfants de chœur. Ceux-ci précédaient le dais doré porté par quatre hommes et quatre autres en tenaient les cordons. Le prêtre en chape dorée présentait l'ostensoir qui contenait le Saint-Sacrement. Les autres prêtres suivaient, précédant les anciens combattants de la Grande Guerre et les prisonniers de celle de 1939-1945 avec leurs drapeaux respectifs. Derrière eux, venaient les hommes qui fermaient la marche.
Le grand ostensoir de l'église utilisé lors des grandes cérémonies et aux processions de Fête-Dieu pour exposer le Saint-Sacrement.
Les angelots étaient habillés d'une robe rose longue recouverte d'un surplis brodé blanc serré à la taille par une large ceinture. Les petites filles étaient vêtues de robes blanches agrémentées de dentelles. Tous portaient de petites corbeilles de fleurs maintenues autour du cou par des rubans roses ou bleus. Les angelottes avaient la tête ceinte d'une couronne de fleurs. Deux enfants avaient été choisis pour tenir le rôle de Jésus enfant et de Saint Jean-Baptiste. Le premier était vêtu d'une longue robe rouge et d’une couronne d’épines... sans les épines. Il portait sur l’épaule une petite croix de bois. Jean-Baptiste avait une peau de mouton et une couronne de fleurs. Il portait une banderole où figuraient les mots "ECCE AGNUS DEI".
Les photographies de Fêtes-Dieu à Billé sont rares et nous comptons sur les internautes pour nous en fournir. Nous empruntons, ci-contre, une très belle photo à nos voisins de Combourtillé.
Tout au long du parcours le Bourg retentissait des hymnes et des cantiques, souvent en latin, qui étaient repris par la foule. Les angelots s'arrêtaient de temps en temps et s'écartaient pour laisser passer le dais et lancer dans sa direction les fleurs contenues dans leurs corbeilles. Tous ces gestes étaient commandés à l'aide du claquoir qui en synchronisait le déroulement. Quand les corbeilles étaient vides des jeunes y répartissaient le contenu de reustes de fleurs disposées sur le bord du chemin par les gens du voisinage. À chaque reposoir, le cortège s'arrêtait, le prêtre gravissait les marches de l'autel et l'assistance chantait un "Tantum Ergo" avant de recevoir la bénédiction du Saint-Sacrement. La procession s'achevait à l'église où était chanté un dernier psaume avant de se séparer.
Les Fêtes-Dieu étaient célébrées dans toutes les paroisses et étaient même encore plus grandioses dans les villes. Sur le site des Sœurs de Rillé, Marcel Hodebert retrace très bien ses souvenirs des processions de la Fête-Dieu à Fougères.