Joseph Serrand
Correspondance
Joseph Serrand à son frère Louis ainsi qu'à sa belle-soeur Anne-Marie Brault, l'épouse de ce dernier. Nous en joignons aussi une autre écrite par sa femme Rose Galodé au même Louis pour sa fête. Placées ci-dessous chronologiquement, elle permettent de situer où Joseph se trouvait à différents moments du conflit.
es correspondances rapportées ici sont des cartes postales adressées parCarte postale de Joseph Serrand à son frère Louis
À la fin de l'année 1914, Joseph s'était trouvé engagé dans la course à la mer et la bataille de l'Yser. C'était là, dans la région de Poperinge, que tant de soldats trouvèrent la mort dans cette guerre qui n'en était qu'à son début. Un Historique du 24ème régiment de dragons, au sein duquel servait Joseph, permet de se rendre compte de ce que les hommes ont pu vivre. La commune de Billé y perdit à elle seule cinq hommes (voir la carte). Son frère Pierre fut aussi une victime de ces combats. Blessé, fin avril dans la même région, il finit ses jours en août à Vitré suite à ses blessures.
De cette région et à cette époque, nous avons deux lettres de François Serrand indiquant que ses frères Joseph et Pierre étaient présents non loin de lui. Un an après, Joseph était, à vingt kilomètres près, toujours au même endroit. Il envoie une carte de Vleteren, en Belgique,
10 novembre 1915
Mon cher Louis
Que deviens-tu? Tu vois cette église... Eh bien l'abbé [Francois Serrand, son frère] y va dire sa messe tous les matins. Aux pieds de cette église repose le corps de plusieurs de nos compatriotes, entre autre, celui de Emmanuel Triquet. L'abbé va s'en aller sous peu en permission. Il ira rendre visite à nos femmes et à maman et les consoler. Il s'attend à ce que Monseigneur Dubourg va passer cardinal sous peu. Nous voilà encore arrivés une fois dans la mauvaise saison. Je ne sais pas comment il fait où tu te trouves mais je t'assure que en Belgique il y fait bien mauvais. Je crains que les pauvres territoriaux, surtout ceux qui ont fait l'hiver il y a un an, n'y restent tous. chez nous tout va bien pour le moment. Isidore, le cœur bien gros, est reparti rejoindre le dépôt. Pierre Galodé [son beau-frère] va aller sous peu en convalescence. Je te souhaite bonne chance et vivement la fin.
Ton frère.
Jh Serrand
Carte postale écrite par Rose Galodé femme de Joseph à son beau-frère Louis Serrand
Dans sa lettre elle mentionne que Joseph pense à "rentrer au dépôt". De fait, nous l'y retrouvons lorsqu'il écrit à sa belle-sœur Anne Marie Brault pour le nouvel an dans la carte suivante. Elle ne mentionne pas que son mari a té promu au grade d'adjudant le 20 juillet 1916.
[Billé le] mercredi le 23 août 1916
Bien cher frère
C'est à l'occasion de ta fête que je t'écris ces quelques mots aujourd'hui, donc je t'envoie mes souhaits les plus sincères, je demande au bon Dieu qu'Il te soutienne dans ce malheureux temps où nous souffrons tous depuis si longtemps. Qu'Il te donne le courage et la force de supporter jusqu'au bout toutes ces misères. On s'attendtait d'avoir le bonheur de fêter en famille la St Louis. Mais non! Il a fallu retourner au tranchées. Quelle misère! Je ne sais pas comment vous pouvez résister. enfin on espère toujours te voir bientôt. Quelle joie pour ta femme et les enfants ainsi que pour toute la famille. Joseph m'a écrit qu'il devait rentrer au dépôt sous peu. Je le souhaite d'un grand cœur. Au moins, il pourrait venir faire un tour à la maison de temps en temps et ce serait bien utile.
En attendant l'heureux jour de te voir, je t'envoie mon affection et t'embrasse.
Rose
Carte postale écrite par Joseph Serrand à sa belle-sœur Anne Marie Brault, épouse de Louis
Joseph était revenu à Dinan où il oubliait la mort quotidienne et jouissait de la relative proximité de sa famille. Il tenait alors sur cette carte de vœux des propos bien optimistes, sans se douter de la tournure qu'allaient prendre les évènements.
[Dinan le] 29 décembre 1916
Ma chère Anne-Marie
Dimanche, je trouvais qu'il était un peu tôt pour vous offrir mes vœux. J'attendais d'être rentré à Dinan pour vous les envoyer. Je vous dis donc, à vous, à votre petite famille bonne année et bonne santé. Je vous souhaite que Louis rentre bientôt sain et sauf de cette terrible guerre et cela pour ne plus retourner; car je pense bien que cette nouvelle année nous apportera la paix. Si, après la guerre, il y a des luttes entre nous ce ne sera pas terrible. On s'arrangera à bon compte sans faire appel aux crapouillots, appel peut-être à la bolée, oui et tout de suite la paix sera signée. J'irai voir Louis quand il s'en viendra.
Je vous embrasse avec vos chers petits.
Jh Serrand
Carte postale de Joseph Serrand à son frère Louis
À partir du 22 juillet 1918 Joseph n'est plus au front. Mais il est passé le 19 mars précédent au 17ème régiment de dragons qui est basé en Bourgogne d'où il envoie cette carte.
Dijon le 4 juin 1918
Mon cher Louis
Je viens d'apprendre que tu es en permission. J'en suis très heureux. Je craignais bien pour toi car je ne doutais pas qu'elles soient encore supprimées. Tu as rencontré l'abbé et Amand chez toi, tout le monde est bien. Tu étais attendu impatiemment. Le séjour que tu vas passer au milieu d'eux va passer trop vite. Quelle triste vie! J'espère que tu iras faire un tour à la Cosvinière. Tu embrasseras Rose [Galodé, son épouse] et les petites pour moi. Je ne sais quand je pourrai m'en aller puisque les permissions sont supprimées. Allons bonne permission! Bien des choses pour moi à Anne-Marie, chez maman et chez Amand.
Ton frère qui pense toujours à toi.
Jh