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La Révolution dans le canton de Billé (1789-1800)

La Révolution dans le canton de Billé
1789-1800

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Le canton de Billé avant la Révolution

À la veille de la Révolution, rien ne permettait de penser que le petit pays Vendelais qui s'étend au sud de Fougères sur une douzaine de communes allait connaître tant de malheurs.

Le futur canton de Billé était alors une région particulièrement calme. Il était peuplé d'environ 3 500 habitants qui vivaient tranquillement sous la houlette de leurs recteurs.

La population était presque entièrement composée de paysans qui ne pratiquaient guère l'élevage et produisaient encore essentiellement du seigle et du sarrasinnote 1. En dehors de quelques familles de laboureurs aisés, les paysans étaient pauvres malgré l'assez bonne qualité des terres du pays.

Ils n'étaient pas écrasés d'impôtsnote 2, Billé par exemple, ne payait que 350 livres de fouages ordinaires et 474 livres de fouages extraordinaires en 1789note 3, soit trois ou quatre livres en moyenne par contribuablenote 4. Mais à cet impôt traditionnel s'ajoutait le poids d'une fiscalité plus récente qui commençait à se faire sentir. Le montant de la capitation était alors de 1 214 livresnote 5 et celui du vingtième de 1 802 livresnote 6. Le poids de l'impôt avait à peu prés quintuplé en un siècle.

Les habitants de Billé devaient par ailleurs la corvée royale pour le grand chemin reliant Vitré à Fougères sur une longueur de de 2 009 toisesnote 7 commençant à une lieue du clochernote 8.

Fiscalité et corvée à la fin de l'ancien régime
BilléVendelCombourtilléChesné
Fouages ordinaires et taillon350 l.89 l. 9 s. 11 d.114 l.136 l. 13 s.
Fouage extraordinaire474 l.139 l. 15 s.200 l. 7 s.
Vingtième1802 l.535 l.588 l.870 l.
Capitation 1214 l.300 l. 10 d.465 l.732 l. 17 s.
Corvée 2009 l.322 l.636 l.

À ces charges fiscales s'ajoutait le poids de la dîme qui permettait l'entretien des prêtresnote 9 et le financement de nombreuses œuvres sociales (établissements scolaires, hôpitaux, hospices...).

En 1790, la dîme produisait les revenus suivantsnote 10:
- La Chapelle-Saint-Aubert: 3 543 livres dont 400 à l'abbesse de Saint-Sulpice et le reste au recteur.
- Vendel: 1 490 livres dont le tiers à l'abbesse de Saint-Sulpice et le reste au recteur.
- Billé: 5 953 livres dont la totalité revenait au recteur.
- Combourtillé: 2 234 livres; le recteur était seul décimateur.

La dîme pesait par conséquent de façon inégale sur chaque paroisse et cette situation méritait certainement d'être réformée. Billé et La Chapelle-Saint-Aubert étaient parmi les paroisses les plus chargées de la région de Fougèresnote 11.

Les paroisses devaient encore fournir quelques miliciens pour renforcer la force militaire. Mais cette charge était très légère. La Bretagne devait fournir 710 hommes chaque année, tous tirés au sort. Ils devaient servir pendant six ans mais en temps de paix, ils ne servaient que quinze jours pendant lesquels ils percevaient deux sous par jour de la paroisse. Ils étaient en outre exemptés de fouage pendant un an, deux ans s'ils étaient mariés,

De 1781 à 1786, les paroisses du canton avaient fourni les miliciens suivants: Combourtillé, 0; Billé, 3; Vendel, 1; Chesné, 3. Sur le plan féodal, les paroisses étaient morcelées entre plusieurs seigneuries.

Les terres de La Chapelle-Saint-Aubert relevaient de la baronnie de Fougères et des seigneuries de Boisnouault, Liniéres (en Saint-Hilaire-des-Landes, seigneurie appartenant à Mr de Kercadio), la Haye Saint-Hilaire (en Saint-Hilaire-des-Landes appartenait la famille de ce nom).

Les terres de Vendel relevaient en bonne partie de,la baronnie de Vitré et pour le reste des seigneuries de Launay-Vendel (appartenant à Pauline de la Belinaye) et du Moulin Blot (appartenant à Charles de la Belinaye). . .

Les terres de Billé relevaient essentiellement de la baronnie de Vitré. La paroisse était pour le reste composée de deux petites seigneuries, celle de la Ronce (appartenant à M. de Farcy de Mué) et celle des Mésauboin (appartenant à Pierre Martin de Montlige). Quelques terres relevaient de la seigneurie de Boislehoux (en Luitré, appartenant à la famille de la Belinaye), des Rouxiéres (en Châtillon-en-Vendelais) et de Malnoë (en Saint-Christophe-des-Bois, appartenant aux Farcy de Malnoë).

Les terres de Saint-Georges-de-Chesné relevaient de la baronnie de Vitré, de la seigneurie de Saint-Georges(appartenant aux Farcy de la Ville du Bois), de la seigneurie de Gazon (en Pocé), du marquisat de la Dobiais (en Saint-Jean-sur-Couesnon appartenant à Armand de la Belinaye) et de la seigneurie de Boislehoux.

Les terres de Combourtillé enfin relevaient de la baronnie de Vitré et des seigneuries de Combourtillé et de Malnoë (appartenant aux Farcy de Malnoë).

Les principaux seigneurs du pays étaient donc le baron de Vitré et les familles de la Belinaye et de Farcy.

Sur le plan judiciaire, la mosaïque féodale compliquait singulièrement les règles de compétence. Les seigneuries de Combourtillé, Mésauboin n'avaient que basse justice et les seigneuries de la Ronce, Saint-Georges, du Moulin-Blot n'avaient que moyenne justice, Les causes les plus importantes échappaient par conséquent à la compétence des officiers de ces seigneuries, Celles-ci relevaient toutes en arrière fief de la baronnie de Vitré, et les affaires les plus importantes étaient donc portées devant les juges de Vitré.

Les autres seigneuries avaient haute justice et pratiquement plénitude de juridiction. Seuls les cas royaux en matière pénale ne pouvaient être jugés par les juridictions seigneuriales. Ils étaient jugés par les juridictions royales. La Chapelle-Saint-Aubert, Vendel et Chesné faisaient partie de la sénéchaussée royale de Saint-Aubin-du-Cormier, Billé et Combourtillé de la sénéchaussée royale de Fougères.

Sur le plan administratif, Billé et Combourtillé relevaient également de la subdélégation de Fougères; Chesné, Vendel et La Chapelle-Saint-Aubert relevaient de la subdélégation de Saint-Aubin.

Les paroisses étaient administrées depuis des siècles par leur général qui réunissait sans critère précis l'ensemble des personnes les plus notables assemblées en corps politique. À Billé le général était composé d'un nombre variable de vingt à quarante personnes, exclusivement des hommesnote 12

Sur le plan politique enfin, on peut considérer dans une certaine mesure que les paysans étaient représentés par leurs seigneurs aux États de Bretagnenote 13.

Rien ne semblait devoir troubler la vie paisible de cette paroisse que les soucis financiers du roi Louis XVI inquiétaient peu. Les Bretons savaient qu'ils pouvaient compter sur leurs États particuliers et leur Parlement pour freiner les appétits fiscaux du pouvoir royal.

Et pourtant, la situation de l'État était devenue tellement préoccupante que le Roi, incapable d'imposer des réformes fiscales, avait dû se résigner le 27 décembre 1788 à convoquer les États Généraux qui n'avaient pas été réunis depuis 1614.

Les sociétés de pensée

La rédaction des cahiers de doléances

La nouvelle organisation

Confiscation des biens du Clergé.

La constitution civile du Clergé

Les élections de 1791

Les volontaires de 1791 et 1792

Garde nationale du canton de Billé

La chasse aux prêtres

Conspiration de la Rouërie

La levée de 300 000 hommes

Révolte de la Saint-Joseph

Nouvelles levées et premières réquisitions

Les vendéens à Fougères

L'acharnement contre la religion catholique

Développement d'un régime policier

Nouvelles municipalités

La première chouannerie

Attaque de Billé

La battue de Beaufort (janvier et février 1794)

Les contre-chouans, les colonnes mobiles et les faux chouans

Combats de Javené et de La Chapelle-Saint-Aubert (avril 1794)

La mort du curé constitutionnel Hubaudière (mai 1794)

Organisation des chouans

Reprise des hostilités (octobre 1794)

Terreur des municipalités

Épuration des municipalités (février - mars 1795)

La trêve (avril - mai 1795)

Reprise des hostilités — Seconde chouannerie

Combat de la Chêne et Romagné (31 mai 1795)

Fougères isolée

Deuxième combat de la Chêne (24 juillet 1795)

Réquisitions des chouans

Pillages des soldats républicains

Constitution de l'an III

La désertion civique

Élections de l'an V (mars 1797) et coup d'état de fructidor

Reprise des arrestations

Première conscription

Suite des persécutions religieuses

Élections de l'an VI (22 mars 1798)

Inertie des nouveaux administrateurs

Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VI

Élections de l'an VII

Élections de l'an VII

Le 1er germinal an VII (22 mars 1799) les électeurs du canton se réunirent à nouveau pour désigner leurs deux électeurs. L'assemblée était présidée par Jean Herbert, assesseur du juge de paix et le plus âgé des électeurs. Sur 450 votants potentiels il n'y avait que 32 électeurs présentsnote 286.

L'assemblée procéda à un premier vote pour désigner un président et un secrétaire définitifnote 287. Ceux-ci prêtèrent ensuite le serment de haine à la royauté et à la monarchie et d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III. L'assemblée pu enfin élire ses électeurs. Elle désigna Charles Fouro, officier de santé et secrétaire de l'administration et Jean Beaugendre, cultivateur.

En réalité cette élection n'était guère significative si on considère le très grand nombre d'abstentions. Le commissaire Le Coq dut d'ailleurs, une fois de plus, dénoncer l'inertie des nouveaux administrateurs de canton de Billé dés le 20 germinal an VI (11 avril 1798)note 288. Cette inertie pour ne pas dire plus était pourtant considérée comme l'une des principales causes de l'audace des brigandsnote 289.

Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VII

Troisième chouannerie

Conclusion: le Consulat et l'Empire

Jean Bouëssel du Bourg
Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine
tome XCI (1989), pages 139-212, ISSN 0750-1412
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dernière mise à jour de cette page le 28/05/2023 à 16:23:06