La Révolution dans le canton de Billé
1789-1800
Le canton de Billé avant la Révolution
Le canton de Billé avant la Révolution
À la veille de la Révolution, rien ne permettait de penser que le petit pays Vendelais qui s'étend au sud de Fougères sur une douzaine de communes allait connaître tant de malheurs. Le futur canton de Billé était alors une région particulièrement calme. Il était peuplé d'environ 3 500 habitants qui vivaient tranquillement sous la houlette de leurs recteurs. La population était presque entièrement composée de paysans qui ne pratiquaient guère l'élevage et produisaient encore essentiellement du seigle et du sarrasin. En dehors de quelques familles de laboureurs aisés, les paysans étaient pauvres malgré l'assez bonne qualité des terres du pays. Ils n'étaient pas écrasés d'impôts, Billé par exemple, ne payait que 350 livres de fouages ordinaires et 474 livres de fouages extraordinaires en 1789, soit trois ou quatre livres en moyenne par contribuable. Mais à cet impôt traditionnel s'ajoutait le poids d'une fiscalité plus récente qui commençait à se faire sentir. Le montant de la capitation était alors de 1 214 livres et celui du vingtième de 1 802 livres. Le poids de l'impôt avait à peu prés quintuplé en un siècle. Les habitants de Billé devaient par ailleurs la corvée royale pour le grand chemin reliant Vitré à Fougères sur une longueur de de 2 009 toises commençant à une lieue du clocher.Fiscalité et corvée à la fin de l'ancien régime | ||||
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Billé | Vendel | Combourtillé | Chesné | |
Fouages ordinaires et taillon | 350 l. | 89 l. 9 s. 11 d. | 114 l. | 136 l. 13 s. |
Fouage extraordinaire | 474 l. | 139 l. 15 s. | 200 l. 7 s. | |
Vingtième | 1802 l. | 535 l. | 588 l. | 870 l. |
Capitation | 1214 l. | 300 l. 10 d. | 465 l. | 732 l. 17 s. |
Corvée | 2009 l. | 322 l. | 636 l. |
- La Chapelle-Saint-Aubert: 3 543 livres dont 400 à l'abbesse de Saint-Sulpice et le reste au recteur.
- Vendel: 1 490 livres dont le tiers à l'abbesse de Saint-Sulpice et le reste au recteur.
- Billé: 5 953 livres dont la totalité revenait au recteur.
- Combourtillé: 2 234 livres; le recteur était seul décimateur. La dîme pesait par conséquent de façon inégale sur chaque paroisse et cette situation méritait certainement d'être réformée. Billé et La Chapelle-Saint-Aubert étaient parmi les paroisses les plus chargées de la région de Fougères. Les paroisses devaient encore fournir quelques miliciens pour renforcer la force militaire. Mais cette charge était très légère. La Bretagne devait fournir 710 hommes chaque année, tous tirés au sort. Ils devaient servir pendant six ans mais en temps de paix, ils ne servaient que quinze jours pendant lesquels ils percevaient deux sous par jour de la paroisse. Ils étaient en outre exemptés de fouage pendant un an, deux ans s'ils étaient mariés, De 1781 à 1786, les paroisses du canton avaient fourni les miliciens suivants: Combourtillé, 0; Billé, 3; Vendel, 1; Chesné, 3. Sur le plan féodal, les paroisses étaient morcelées entre plusieurs seigneuries. Les terres de La Chapelle-Saint-Aubert relevaient de la baronnie de Fougères et des seigneuries de Boisnouault, Liniéres (en Saint-Hilaire-des-Landes, seigneurie appartenant à Mr de Kercadio), la Haye Saint-Hilaire (en Saint-Hilaire-des-Landes appartenait la famille de ce nom). Les terres de Vendel relevaient en bonne partie de,la baronnie de Vitré et pour le reste des seigneuries de Launay-Vendel (appartenant à Pauline de la Belinaye) et du Moulin Blot (appartenant à Charles de la Belinaye). . . Les terres de Billé relevaient essentiellement de la baronnie de Vitré. La paroisse était pour le reste composée de deux petites seigneuries, celle de la Ronce (appartenant à M. de Farcy de Mué) et celle des Mésauboin (appartenant à Pierre Martin de Montlige). Quelques terres relevaient de la seigneurie de Boislehoux (en Luitré, appartenant à la famille de la Belinaye), des Rouxiéres (en Châtillon-en-Vendelais) et de Malnoë (en Saint-Christophe-des-Bois, appartenant aux Farcy de Malnoë). Les terres de Saint-Georges-de-Chesné relevaient de la baronnie de Vitré, de la seigneurie de Saint-Georges(appartenant aux Farcy de la Ville du Bois), de la seigneurie de Gazon (en Pocé), du marquisat de la Dobiais (en Saint-Jean-sur-Couesnon appartenant à Armand de la Belinaye) et de la seigneurie de Boislehoux. Les terres de Combourtillé enfin relevaient de la baronnie de Vitré et des seigneuries de Combourtillé et de Malnoë (appartenant aux Farcy de Malnoë). Les principaux seigneurs du pays étaient donc le baron de Vitré et les familles de la Belinaye et de Farcy. Sur le plan judiciaire, la mosaïque féodale compliquait singulièrement les règles de compétence. Les seigneuries de Combourtillé, Mésauboin n'avaient que basse justice et les seigneuries de la Ronce, Saint-Georges, du Moulin-Blot n'avaient que moyenne justice, Les causes les plus importantes échappaient par conséquent à la compétence des officiers de ces seigneuries, Celles-ci relevaient toutes en arrière fief de la baronnie de Vitré, et les affaires les plus importantes étaient donc portées devant les juges de Vitré. Les autres seigneuries avaient haute justice et pratiquement plénitude de juridiction. Seuls les cas royaux en matière pénale ne pouvaient être jugés par les juridictions seigneuriales. Ils étaient jugés par les juridictions royales. La Chapelle-Saint-Aubert, Vendel et Chesné faisaient partie de la sénéchaussée royale de Saint-Aubin-du-Cormier, Billé et Combourtillé de la sénéchaussée royale de Fougères. Sur le plan administratif, Billé et Combourtillé relevaient également de la subdélégation de Fougères; Chesné, Vendel et La Chapelle-Saint-Aubert relevaient de la subdélégation de Saint-Aubin. Les paroisses étaient administrées depuis des siècles par leur général qui réunissait sans critère précis l'ensemble des personnes les plus notables assemblées en corps politique. À Billé le général était composé d'un nombre variable de vingt à quarante personnes, exclusivement des hommes Sur le plan politique enfin, on peut considérer dans une certaine mesure que les paysans étaient représentés par leurs seigneurs aux États de Bretagne. Rien ne semblait devoir troubler la vie paisible de cette paroisse que les soucis financiers du roi Louis XVI inquiétaient peu. Les Bretons savaient qu'ils pouvaient compter sur leurs États particuliers et leur Parlement pour freiner les appétits fiscaux du pouvoir royal. Et pourtant, la situation de l'État était devenue tellement préoccupante que le Roi, incapable d'imposer des réformes fiscales, avait dû se résigner le 27 décembre 1788 à convoquer les États Généraux qui n'avaient pas été réunis depuis 1614.
Les sociétés de pensée
Les sociétés de pensée
Le Roi avait ainsi commis l'erreur qui devait provoquer sa perte car il allait donner l'occasion aux partisans des Lumières de voir s'épanouir leurs idées déjà répandues jusque dans nos campagnes. Billé n'avait qu'une apparence de tranquillité car plusieurs habitants de la paroisse étaient déjà acquis aux idées nouvelles. Déjà en 1771 le recteur de Billé, Thé du Châtellier s'était affilié à la Société d'agriculture dont le but officiel était d'obtenir la liberté du commerce des grains et de favoriser les défrichements mais dont les membres étaient favorables aux idées des physiocrates partisans d'un absolutisme éclairé. Le recteur de Billé semble avoir eu une certaine influence sur les cultivateurs les plus riches de la commune. Certains vont se lancer dans l'aventure des afféagements à la fin du XVIIIème siècle. Les vicaires de Billé, les abbés Porée et Hubaudière, étaient, semble-t-il, acquis aux idées nouvelles. Ils seront les seuls vicaires du canton à prêter serment à la constitution civile du clergé. Mais l'homme qui semble avoir eu le plus d'influence à la veille de la Révolution reste sans aucun doute Maître François Delatouche, notaire et procureur fiscal de plusieurs juridictions seigneuriales. Les importantes fonctions publiques qu'il exerça dés le début et pendant toute la Révolution permettent de penser qu'il était affilié aux loges maçonniques implantées dans la région de Fougères. Ce notaire va d'ailleurs avoir un rôle au moment de la rédaction des cahiers de doléance de la région de Billé.La rédaction des cahiers de doléances
La rédaction des cahiers de doléances
On constate en effet que François Delatouche préside les assemblées électorales des paroisses de Montreuil-des-Landes, Combourtillé, Javené et Billé. Ces paroisses adoptent dans les grandes lignes les doléances de l'un des cahiers types mis au point par les sociétés de pensées: Les charges d'un bon citoyen de campagne. Dés le mois de janvier 1789, les membres des sociétés de pensée avaient répandu dans toutes les communes des cahiers de doléance type pour faire accroire que les gens des campagnes étaient acquis aux idées nouvelles et donner une impression de masse et de puissance au mouvement patriote décidé à arracher les réformes. Les personnes influentes affiliées aux sociétés de pensée devaient ensuite inciter les membres des assemblées communales à signer les cahiers types. Le cahier de Billé servira à son tour de modèle dans plusieurs paroisses voisines: La Chapelle-Saint-Aubert, Parcé (assemblée du 3 mars), Dompierre du Chemin (2 avril), Vendel (30 mars), Luitré (2 avril), La Selle-en-Luitré (5 avril), Saint-Georges-de-Chesné (5 avril). On est guère surpris dans ce conditions de voir Maître Delatouche accéder aux importantes fonctions publiques de procureur-syndic du District de Fougères. D'une façon générale presque toutes les assemblées du pays furent présidées et influencées par des hommes de loi: le procureur Sourdin à Mecé, le greffier Évrard à Dompierre et Luitré, le sénéchal Geslin à Parcé le procureur fiscal Boisard à Vendel. Seule fait exception Chesné où l'assemblée est présidée par son syndic en l'absence du sénéchal souffrant. La plupart des sénéchaux qui étaient pourtant les plus importants officiers seigneuriaux refusèrent de présider les assemblées. Le sénéchal de la petite juridiction de Mué, Geslin de la Rallerie, qui est le seul de la région à présider une assemblée précise avant de signer le procès-verbal qu'il n'est pas d'accord avec plusieurs des délibérations votées. Il ne faut cependant pas voir nécessairement dans ces dérobades la preuve d'un refus des idées nouvelles. Les officiers des seigneurs ne pouvaient pas accepter de mécontenter leurs maîtres en signant des cahiers qui allaient souvent à l'encontre des droits seigneuriaux. Le 29 mars 1789 l'assemblée électorale de Billé se réunit pour rédiger ses plaintes et doléances. Elle était composée d'au moins vingt-neuf hommes, la plupart laboureurs. Les paroissiens de Billé réclament avant tout la suppression des droits féodaux. Ils demandent la suppression des droits perçus sur les échanges, la suppression du droit de guet versé par treize paroisses au baron de Vitré pour son château de Châtillon alors qu'il est en ruine depuis des siècles, la suppression des corvées dues au seigneur et des banalités, la suppression des droits de franc fief, l'interdiction d'affermer les mouteaux. L'assemblée réclame encore l'égalité fiscale en matière de fouage et de capitation, l'obligation pour les seigneurs de participer à l'entretien des bâtards. Les paroissiens demandent également plus de respect et moins de mépris à l'égard du Tiers: un seul rôle d'imposition, la suppression des vexations en matière d'aveux, une meilleure représentation du Tiers aux États l'exemption du contrôle des délibérations de la paroisse. Les cahiers de doléance rejettent également l'emprise croissante du pouvoir royal. Ils réclament l'extinction absolue de la corvée, et des fouages et la modération de l'impôt, la réglementation des droits de contrôle et l'abolition du tirage. Cette dernière charge n'était pourtant pas lourde mais elle était très mal perçue par les paysans. On comprend que la levée en masse décrétée quelques mois plus tard ait déclenché la révolte. On perçoit déjà dans les cahiers des attaques contre le clergé et l'Église. On réclame en effet l'assujettissement du clergé au fouage et la suppression de la dîme qui permettait pourtant de soulager bien des misères. Les députés désignés par les assemblées du futur canton de Billé furent:- Billé: Joseph Duplessix et Joseph Anger, sieur de la Gasnerais.
- Combourtillé: Michel Martin (Buzardière) et Guillaume Chantrel (Fontenelles)
- Chienné: Jean Collin et Jean Simon.
- Vendel: Guy Lemonnier, sieur de Mésaubert et René Coquelin. Munis d'un petit pécule, les députés vont se rendre à Rennes et à Fougères aux sièges de leurs sénéchaussées pour désigner les députés qui siégeraient aux États Généraux. Les députés de Fougères se réunirent le 7 avril 1789 et élirent deux hommes de loi: Denis Lemoine de la Giraudais, avocat et Jean François Fournier de la Pommerais, procureur du Roi. Les électeurs de la sénéchaussée de Rennes députèrent Jacques Glezen, avocat à Rennes, Jean Denis Lanjuinais, avocat à Rennes, Étienne Huard, armateur à Saint-Malo et ancien avocat, Mathurin Hardy de la Largére, maire de Vitré, Isaac Le Chapelier, avocat à Rennes, Michel Gérard, cultivateur à Montgermont et Joseph Defermon, procureur au Parlement de Bretagne et ancien avocat. Au total les électeurs du Tiers-État de Bretagne envoyèrent quarante-quatre députés aux États Généraux. La Noblesse et le haut Clergé refusèrent de députer. Les vingt-deux députés du clergé furent donc choisis par les membres du bas Clergé. Deux cent sept recteurs se présentèrent à l'assemblée du clergé du 2 avril 1789 avec parmi eux le recteur de Billé, Julien Mathurin Hunault. Celui-ci avait la confiance de ses confrères et il fut chargé de la rédaction du cahier de doléances. Il est élu député aux États Généraux le 23 avril 1789. Le recteur de Billé va donc se rendre à Paris. Il n'y restera pas longtemps et donne sa démission après le serment du jeu de paume du 20 juin 1789. Il estimait, non sans raison, que l'assemblée dépassait son mandat et entrait dans une voie mauvaise. Il sera remplacé par son suppléant l'abbé Lancelot-Dubourg, recteur de Retiers. L'abbé Hunault rentre donc dans sa paroisse. Nous allons voir que sa démission n'affectera en rien sa popularité.
La nouvelle organisation
La nouvelle organisation
Dès le mois de février 1790, l'Assemblée Constituante avait voté des lois qui abolissaient les anciennes provinces et mettaient en place une nouvelle organisation administrative. La France était divisée en départements ne tenant aucun compte des réalités sociales, économiques et historiques. Ces départements étaient eux mêmes divisés en districts, cantons et communes. Le corps électoral était par ailleurs déterminé à partir de critères financiers. Le département d'Ille-et-Vilaine était composé de neuf districts. Le district de Fougères comprenait neuf cantons parmi lesquels le canton de Billé composé des paroisses de Billé (chef-lieu), Vendel, Combourtillé, Chesné, La Chapelle-Saint-Aubert. Pour pouvoir voter, il fallait être français, avoir 25 ans et payer des impôts équivalents à la valeur de trois journées de travail. Pour être éligible, il fallait payer une contribution de dix journées de travail. Dans le canton de Billé ce système ouvrait assez largement le corps électoral. La commune de Billé avait environ 250 citoyens actifs sur une population de 1 100 habitants environ. Mais le nombre des citoyens éligibles était déjà beaucoup plus restreint, à peu prés le tiers des citoyens actifs. Le principe d'égalité était loin d'être respecté. Les citoyens actifs, réunis en assemblées primaires par canton désignèrent le collège départemental qui serait chargé d'élire les administrateurs du département et des districts, les juges et les curés. Les élections eurent lieu au mois de mai. Les citoyens du canton de Billé devaient désigner cinq électeurs, un pour cent citoyens actifs. Les élus du canton de Billé furent Louis André Porée, prêtre et curé de Billé, Julien Sancier, laboureur de Billé, Boishy, notaire de Chesné, Delaunay des Fougerais, cultivateur de La Chapelle-Saint-Aubert et Jean Niveau, chirurgien à La Chapelle-Saint-Aubert et officier municipal. Les électeurs du canton de Billé se réunirent dans la chapelle du collège de Rennes entre le 1° et le 16 juin 1790 pour désigner avec leur collègues du département les premiers administrateurs d'Ille-et-Vilaine. Puis ils rejoignirent Fougères pour se réunir à l'hôtel de ville et élire le 21 juin les administrateurs du district de Fougères parmi lesquels on trouve François Delatouche, le notaire de Billé, dont nous avons déjà souligné le rôle influent. Il sera même élu procureur-syndic le 15 décembre 1792. Les électeurs procédèrent encore à l'élection des juges du Tribunal de District du 11 au 14 octobre 1790. L'assemblée primaire du canton de Billé désigna par ailleurs son juge de paix. Jean Hamon fut élu pour deux ans mais son mandat sera constamment renouvelé et on le retrouve encore en fonction en l'an IX. Pour être élu il fallait réunir les mêmes conditions que pour être électeur. Il était pas nécessaire d'avoir des compétences juridiques particulières. Jean Hamon avait pour assesseur Nicolas Bouëssel du Volandry, cultivateur, n'ayant pas de compétence juridique. Les fonctions de juge de paix étaient sensiblement les mêmes que celles du juge d'instance d'aujourd'hui. Les minutes du greffe de la justice de paix du canton de Bille font surtout état de tutelles, inventaires après décès, émancipation, apposition de scellés etc. Mais le juge de paix avait encore des fonctions en matière pénale. Avec ses deux assesseurs, il formait le Tribunal de Police correctionnelle et jugeait les délits commis dans le canton. Les simples contraventions étaient jugées par un Tribunal de Police municipal composé de trois juges pris au sein du Conseil Municipal. Le juge de paix avait encore des fonctions en matière criminelle. Il avait le rôle d'un juge d'instruction. Les crimes étaient ensuite examinés par un Tribunal criminel départemental composé de deux jurys qui examinaient successivement l'affaire: un jury d'accusation et un jury de jugement. Les membres du jury étaient élus. François Delatouche, notaire, Jean Jehanin, maire, Jean Monclair, chirurgien, Pierre Sancier officier municipal, Piron des Guibourgères, René Pihan, Jean Beaugendre, Pierre Tiolais, Jean Le Porcher, officier municipal, Julien Beaugendre, officier municipal de la commune de Combourtillé, Pierre Derennes, Joseph Beaudoin, cultivateur, et Pierre Delaunay, de la commune de Chesné furent élus pour la même période. Je n'ai trouvé personne pour les communes de Vendel et de La Chapelle-Saint-Aubert. Le secrétaire greffier de la juridiction de paix était Julien Jean Le Coq. Celui-ci deviendra commissaire en 1795, il sera alors remplacé dans ses fonctions de greffier par Guy Martin Le Monnier. En 1790, le traitement du juge de paix était de 600 livres par an et celui du greffier de 200 livres par an. Les assesseurs du juge de paix n'étaient pas rémunérés. L'élection des municipalités eut lieu dés le mois de février 1790. Pour les petites communes, chaque municipalité devait comprendre un bureau exécutif composé d'un maire et d'un procureur-syndic, sorte d'avocat des contribuables chargé de défendre les intérêts de la commune et faisant fonction d'accusateur devant le Tribunal de simple police. Le maire et le procureur remplaçaient en quelque sorte les deux trésoriers des paroisses de l'Ancien Régime. Les citoyens devaient par ailleurs élire le Corps municipal composé de trois membres dans les communes au dessous de 500 habitants (Vendel) et de six dans les communes ayant entre 500 et 3000 habitants (Billé, Combourtillé, Chesné, La Chapelle-Saint-Aubert). Les citoyens actifs nommaient en outre un nombre double de notables qui avec les deux tiers des officiers municipaux formaient le Conseil général de la commune. Officiers et notables étaient élus pour deux ans, ils étaient rééligibles une première fois mais ne pouvaient ensuite être réélus qu'après un intervalle de deux ans. Les administrateurs étaient renouvelés par moitié tous les ans. Le Conseil général réglait les affaires importantes (impôts, emprunts, travaux, actes de disposition...) et le Corps municipal expédiait les affaires courantes (gestion, voirie, perception...). Les premiers maires et procureurs des communes du canton furent:- Billé: Abbé Hunault, curé de la paroisse (maire) et François Delatouche, notaire (procureur).
- Chesné: Collin (maire)
- Vendel: Lemonnier (maire)
- La Chapelle-Saint-Aubert: Delamarche (maire et Jean Chevalier (procureur). Parmi les premiers officiers municipaux pour les années 1790 et 1791 je trouve:
- Billé: Joseph Anger, René Pihan, Jean Jehanin, Joseph Duplessix, Nicolas Bouëssel.
- Vendel: Jean Perigaut, René Coquelin, Pierre Demée.
- La Chapelle St Aubert: Jean Ermenier, Julien Boière, Julien
- Chesné: Pierrre Delaunay, Rocher, Anne Bazin, Jean Margil, Joseph Baudoin. Le maire et le procureur de Billé durent très rapidement être remplacés; le premier parce qu'il refusa de prêter serment à la constitution civile de clergé et qu'il ne pouvait plus de ce fait exercer un mandat électif, le second parce qu'il est appelé à exercer des fonctions plus importantes. Le maire de Billé fut remplacé par Jean Pihan. Le remplacement du procureur posa davantage de problème. Le 25 juillet 1790, il fut procédé à l'élection d'un autre procureur. Joseph Bouëssel, chirurgien de Billé, réunit la majorité des suffrages mais son élection fut contestée par le notaire Michel Boisard et deux autres citoyens, Beaugendre et Le Porcher. Boisard qui aurait aimé être élu au lieu et place de son confrère Delatouche fit parvenir une pétition au département pour obtenir l'annulation de l'élection. Il invoquait plusieurs arguments: il prétendait tout d'abord que l'abbé Hunault et son vicaire Hubaudière avaient été nommés respectivement président et secrétaire du bureau électoral par acclamation au lieu de l'avoir été régulièrement par élection; il affirmait que le père de Joseph Bouëssel qui avait été nommé scrutateur avait détourné les citoyens actifs qui s'adressaient à lui pour écrire leur billet; il faisait valoir que la loi ne permettait pas à deux personnes d'une même famille de faire partie d'une même municipalité, qu'il en avait fait la remarque auprès de l'abbé Hunault qui présidait les élections mais que celui-ci lui avait répondu d'un ton moqueur qu'il en répondait, il affirmait que Joseph Bouëssel n'avait jamais été capité et qu'il n'avait pas versé le don patriotique; il prétendait enfin que Joseph Bouëssel n'avait pas encore 25 ans. La réclamation fut transmise à la commune pour que la municipalité donne son avis. La municipalité répondit point par point à toutes ces critiques qui n'étaient pas fondées à l'exception de la difficulté posée par le lien de parenté et de la nomination du président et du secrétaire par acclamation. Le directoire du district était d'avis d'annuler l'élection. On peut penser que Delatouche qui était administrateur du district était favorable à la nomination de son confrère car on a vu que beaucoup de notaires de la région étaient membres actifs des sociétés de pensée locales. On peut également penser que Boisard, que l'on verra d'ailleurs assumer des fonctions administratives pendant les heures les plus sombres de la Révolution, était du même bord que Delatouche. L'élection du chirurgien Bouëssel était sans doute vue d'un mauvais œil et ce d'autant plus qu'il semble avoir eu le soutien de l'abbé Hunault qui avait démissionné de ses fonctions de député après le serment du jeu de paume, ce qui en faisait un adversaire de la Révolution. Finalement le directoire du département décida que l'un des deux élus devrait démissionner. Ce fut le père qui démissionna. Joseph Bouëssel resta donc procureur de la commune de Billé. Il sera d'ailleurs réélu à l'expiration de son mandat. Les administrateurs ainsi désignés purent vaquer à leurs fonctions qui restaient cependant assez limitées si l'on en juge par la modestie du budget de chaque commune. En 1791, les budgets étaient respectivement
- Billé: 2 621. 3s.1id.
- Chesné: 1 981. 7s.
- La-Chapelle-Saint-Aubert: 1 471.17s.
- Vendel: 1 471. Le budget de chaque commune était déterminé par le directoire du District au vu d'un budget prévisionnel dressé par les municipalités. En 1791, les postes budgétaires des communes comprenaient: l'entretien et la réparation du presbytère, le loyer du lieu ordinaire des séances de la municipalité, les frais du papier, bois et lumière, les appointements du secrétaire (40 l.). Il n'y avait encore aucun maître d'école.
Confiscation des biens du Clergé.
Confiscation des biens du Clergé.
Les premières attaques contre l'Église survinrent très rapidement. la dîme qui permettait à l'Église d'assumer de très nombreuses œuvres charitables fut supprimée dés le 11 août 1789. Les biens ecclésiastiques furent confisqués le 2 novembre 1789 à charge pour l'État de verser un traitement aux ministres du culte. Ces biens furent vendus comme biens nationaux. De nombreuses fermes du pays, qui avaient la plupart du temps été données l'Église à fin pieuse, furent vendues à des conditions avantageuses compte tenu du nombre de ventes proposées simultanément:La Chapelle-Saint-Aubert: Le Haut Mousset qui dépendait d'une chapellenie fut vendu le 29 décembre 1790 pour 10 500 livres.
Vendel:
- La Barberie appartenant aux Ursulines de Fougères fut vendue le 3 février pour 23 000 livres.
- La Jouardaye dépendant d'une chapellenie est vendue le 22juin 1791 pour 7 300 livres.
- La Maisonneuve appartenant aux Ursulines de Fougères est vendue le 1er février 1791 pour 6 300 livres.
- Les Prés appartenant également aux Ursulines sont vendus le 15 juin 1791 pour 18 100 livres.
- Le Petit Pré appartenant à la cure de Vendel est vendu le 1er février 1791 pour 10 100 livres.
Chesné:
- La Grande Bécaudière (70jx) appartenant à la cure de Saint Aubin du Cormier est vendue le 1er juin 1791 à Clairay et Dubourg curés assermentés de Chesné et Saint-Aubin pour la somme de 19 000 livres.
- Le Tertre appartenant aux Ursulines de Fougères est vendu 4 815 livres le 1er février 1791.
La constitution civile du Clergé
La constitution civile du Clergé
Les persécutions religieuses commencèrent clairement dès les 13 et 19 février 1790 avec la suppression des ordres religieux perpétuels. La constitution civile du clergé fut votée par la constituante le 12 juillet 1790 et fut promulguée par le Roi après bien des hésitations le 24 août 1790. L'obligation de prêter serment de fidélité à cette constitution fut votée le 27 novembre 1790. La prestation de serment fut prescrite le 23 janvier 1791 pour les environs de Fougères. Le Pape n'avait pas encore condamné la constitution civile du clergé et sa décision n'interviendra que les 10 et 13 avril 1791. Les prêtres disposèrent de quarante jours pour se rétracter. Après quoi, ils perdaient leurs pouvoirs. La rupture avec la Révolution était consommée, le Pape ne pouvait pas accepter que ses ministres soient désignés par de simples laïcs. était aussi la fin de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Dans le canton de Billé de nombreux prêtres refusèrent de prêter le serment.Billé:
- Hunault, recteur, refuse le serment
- Hubaudière, vicaire, refusera le serment dans un premier temps mais le prêtera ensuite
- Porée, vicaire, prête le serment.
Combourtillé
- Deshays, recteur, refuse le serment
- Jolif, vicaire, refuse le serment
Vendel:
- Claude Delatouche, recteur octogénaire, prêta serment en janvier 1791 puis se rétracta avant le 24 mai.
- Adrien Delatouche, son frère, également octogénaire et infirme, vicaire, refuse le serment.
- André Guyon, vicaire, refuse le serment
Chesné:
- Paul Clairay, recteur, prête le serment.
- René Potin, vicaire, refuse le serment
La Chapelle-Saint-Aubert:
- Raoul Bodin, recteur, refuse le serment
- Jacques Gilbert, vicaire, refuse le serment. Au total par conséquent, ce sont 75% des prêtres du canton qui refusèrent le serment. Leur influence fut capitale. Là où les prêtres refusèrent le serment, la population rejeta dans son ensemble la Révolution. L'abbé Hunault qui avait refusé le serment fut remplacé par son vicaire qui fut installé le 2 février 1791. Le recteur de Vendel fut également remplacé par un curé constitutionnel, Julien Tual. Le recteur de Chesné qui avait prêté serment resta en place. Les paroisses de Combourtillé et de la Chapelle St Aubert furent supprimées. Il n'y avait d'ailleurs pas assez de prêtres constitutionnels pour les desservir.
Les réactions à la constitution civile du Clergé.
Les curés intrus furent rejetés dans bon nombre de paroisses. Leurs messes étaient désertées et les paroissiens assistaient aux messes célébrées dans les chapelles privées ou dans la nature par les prêtres insermentés. Les factieux gouvernent la paroisse du fond de leur retraite. À Billé les anciens vicaires avaient accepté que leur ancien recteur réside au presbytère. Les administrateurs du district ne supportèrent pas cette situation et l'abbé Hunault dut comme bien d'autres rejoindre le lieu de sa naissance puis s'exiler. Les administrateurs du département ordonnèrent aux prêtres insermentés dans un premier temps de se retirer dans leur paroisse natale (arrêté du 16 juin 1791), espérant ainsi soustraire les paroissiens à l'influence de ces prêtres, Ils interdirent que l'on célèbre la messe dans les chapelles. Mais les paroissiens pouvaient encore trop facilement trouver des pasteurs insermentés, le départ des uns étant compensé par le retour des autres. Toutes ces mesures étaient fort impopulaires et les réactions furent vives. Les nouvelles élections furent par ailleurs beaucoup moins suivies que les premières.Les élections de 1791
Les élections de 1791
En vertu de la loi du 29 mai 1791, les assemblées primaires des cantons devaient être réunies pour le 19 juin à effet de désigner les électeurs qui nommaient les membres de la première législature. L'assemblée des citoyens actifs du canton de Billé ne se réunira que le 20juin 1791. Elle était composée de 496 citoyens actifs qui devaient désigner cinq électeurs:- Billé 159 citoyens actifs
- Combourtillé 75
- Chesné 119
- La Chapelle-Saint-Aubert 81
- Vendel 496
- TOTAL 496 Le procès verbal ne dit pas quel fut le nombre effectif de votants mais on sait que le nombre d'abstentions fut très important dans le pays à cause du serment civique. On ne voulait pas jurer fidélité à la loi que comprenait la loi schismatique. La procédure électorale était très lourde. Il fallait tout d'abord désigner le président et les scrutateurs. Pour ce faire un premier vote était. organisé et dépouillé par les doyens de l'assemblée: Étienne Pihan de Chesné présidera l'assemblée et les plus anciens d'âge furent invités à dépouiller le scrutin: Nicolas Bouëssel, Jean Hubert, Joseph Rochar. Le curé de Billé, Porée fut provisoirement désigné comme scrutateur. Le dépouillement du scrutin permit de nommer les deux prêtres constitutionnels de Billé, Porée et Hubaudière respectivement président et scrutateur. Ils durent ainsi que tous les membres de l'assemblée prêter le serment de maintenir la constitution du Royaume. On voit à travers cette élection quelle pouvait être l'influence de ces prêtres sur leurs paroissiens. Trois scrutateurs furent élus: Delatouche, Le Coq et Duverger. Ce n'est qu'ensuite que l'on put procéder à l'élection des électeurs. Seront élus:
- François Delatouche, notaire, administrateur du district de Fougères, demeurant au bourg de Billé.
- Jean Niveau, chirurgien et maire de La-~Chapelle-Saint-Aubert où il demeure au bourg
- Nicolas Bouëssel père, cultivateur, assesseur du juge de paix du canton de Billé, doyen d'âge des électeurs, demeurant dans le bourg de Billé.
- Baudoin, officier municipal de Chesné, y demeurant au lieu dit La Marre.
- Jean Sourdin, officier municipal de Combourtillé, y demeurant à la Maritière. Tous les électeurs se rendront à Rennes le 30 août 1791 pour l'assemblée électorale du département. Ils vont élire dix députés dont un seul était originaire du pays de Fougères: Roch Pierre François Lebreton, homme de loi à Fougères.
Les volontaires de 1791 et 1792
Les volontaires de 1791 et 1792
Cependant la république se sentait menacée. Par les décrets des 4 février, 20 avril et 12 juin 1791, la Constituante appela des volontaires pour défendre la patrie en danger. Cent mille auxiliaires appelés à compléter les régiments de ligne devaient être levés dont deux bataillons de 800 hommes pour le département d'Ille-et-Vilaine, Mais le Moloch républicain trouva rapidement cette levée insuffisante. Les lois des 25 janvier et 23 mai 1792 ordonnaient une nouvelle levée d'auxiliaires car le contingent souhaité n'avait pas été atteint à la suite de la première levée. Une liste de volontaires est dressée le 28 août 1792, an IV de la liberté. Les municipalités du district de Fougères enrôlèrent 189 volontaires, Deux seulement étaient originaires du canton de Billé: Guillaume Douillé et Michel Nory. La liste reste cependant assez importante mais i] faut tenir compte que beaucoup furent attirés par les promesses d'une solde régulière et l'assurance, qu'au moins dans un premier temps, ils ne quitteraient pas leur pays. Le district de Fougères a fourni le triple de son contingent pour voler au secours de la patrie mais deux cantons gangrenés et plusieurs paroisses dans lesquelles nous n'avons pu former de garde nationale n'ont fourni aucun homme, nous attendons le décret qui détermine le mode de les faire contribuer car il n'y aurait pas de justice à les laisser tranquilles spectateurs du dangereux sacrifice de leurs frères. La liste des volontaires qui suit cette déclaration révèle que la candidature des deux volontaires de Billé ne fut finalement pas retenue. Le district de Fougères avait manifestement épuisé ses ressources en volontaires patriotes car il ne pourra fournir que 19 nouveaux volontaires sur 485 lors de la levée complémentaire de 1792.Garde nationale du canton de Billé
Garde nationale du canton de Billé
Parallèlement il fallait organiser des troupes de volontaires à l'intérieur des terres pour assurer la sûreté des habitants dans un pays où l'on sentait se lever le vent de la révolte. II ne s'agit plus en réalité de véritables volontaires car tout citoyen actif voulant conserver ses droits civiques avait l'obligation de s'inscrire sur les rôles de la garde nationale. La loi du 14 octobre 1791 avait prescrit 'organisation des gardes nationales dans chaque canton. Chaque canton devait fournir un bataillon. Cela ne put cependant se faire partout. La garde nationale ne sera jamais constituée dans le canton de Parcé. Le 12 juillet 1792 le bataillon du canton de Billé était constitué. Très démocratiquement, les officiers et les sous-officiers avaient été élus. Les cadres étaient les suivants:, Commandant en chef: Jean Monclair, Commandant en second: Paul Clairay, Adjudant major: Jean Le Coq, Porte drapeau: Félix Bouëssel. Il comprenait 678 hommes répartis de la manière suivante: Billé 255, Combourtillé 122, Chesné 201, Vendel 100. Le bataillon comprenait une compagnie de grenadiers composée de 78 hommes choisis parmi les plus grands et six compagnies réparties de la manière suivante:Compagnie des grenadiers | ||
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78 hommes | ||
Capitaine: Jean Le Porcher | ||
Lieutenant: Pierre Derennes de Chesné | ||
Sous-lieutenant: Louis Maitry | ||
Sous-lieutenant: Joseph Sancier | ||
Sergent: Joseph Pichot | ||
Sergent: Maurice Herbert de Combourtillé | ||
Caporal: Julien Derennes de Chesné | ||
Caporal Herbert de Combourtillé | ||
Caporal: Pierre Chantrel de Combourtillé | ||
Première compagnie | Deuxième compagnie | Troisième compagnie |
Combourtillé, 107 hommes | Vendel, 85 hommes | Chesné, 112 hommes |
Capitaine: Jean Herbert | Capitaine: Pierre Simon fils | Capitaine: Jean Margrit |
Lieutenant: Michel Martin | Lieutenant: René Jehanin | Lieutenant: Guillaume Blanchard |
Sous-lieutenant: Gilles Sourdin | Sous-lieutenant: Jean Desrues | Sous-lieutenant: Louis Le Monnier |
Sous-lieutenant: Michel Sourdin | Sous-lieutenant: Jean Perrigault | Sous-lieutenant: Jean Michel |
Sergent: Pierre Herbert | Sergent: François Pichon | Sergent: Pierre Duval |
Sergent: Joseph Coquelin | Sergent: Jean Bermeux | Sergent: Pierre Delatouche |
Caporal: Nicolas Lourdais | Caporal: Joseph Delatouche | Caporal: François Georgeault |
Caporal: Guillaume Bazin | Caporal: François Fouquet | Caporal: Joseph Bouvel |
Caporal: Pierre Michel | Caporal: Michel Médard | Caporal: Louis Le Houx |
Caporal: Joseph Chardon | Caporal: Jean Royer | Caporal: Pierre Rocher |
Quatrième compagnie | Cinquième compagnie | Sixième compagnie |
Billé, 112 hommes | Billé, 120 hommes | Chesné, 87 hommes |
Capitaine: Jean Pichot | Capitaine: Michel Beaugendre | Capitaine: Jean Simon |
Lieutenant: Jean Jamelot | Lieutenant: Joseph Bricet | Lieutenant: Joseph Helleu |
Sous-lieutenant: Julien Panetier | Sous-lieutenant: Pierre Sancier | Sous-lieutenant: Julien Helleu |
Sous-lieutenant: Michel Barbot | Sous-lieutenant: Julien Garnier | Sous-lieutenant: Michel Pommereul |
Sergent: Pierre Chantrel | Sergent: François Garnier | Sergent: Gilles Daval |
Sergent: Jean Hamard | Caporal: François Garnier | Sergent: Jean Bouvet |
Caporal: Pierre Godin | Caporal: Joseph Pihan | Caporal: Joseph Veillerobe |
Caporal: Pierre Tropée | Caporal: François Pichot | Caporal: Joseph Pihan |
Caporal: Joseph Cottin | Caporal: Sébastien Boishy | Caporal: Pierre Pihan |
Caporal: Julien Pichot | Caporal: Jean Royer |
Même le curé de Billé, Porée, s'était enrôlé, il faisait partie de la cinquième compagnie. Les citoyens de la commune de La Chapelle-Saint-Aubert, au nombre de 77, ne formèrent pas de garde nationale. La liste des citoyens actifs de La Chapelle-Saint-Aubert est seulement donnée à la fin du procès verbal du 12 juillet 1792.
La chasse aux prêtres
La chasse aux prêtres
Cependant les administrateurs du district allaient donner des instructions pour tenter de réduire au silence les prêtres réfractaires. Après avoir enjoint aux prêtres réfractaires de rejoindre le lieu de leur naissance, les administrateurs du département d'Ille-et-Vilaine arrêtèrent les 12 et 20 août 1792 que les prêtres qui refuseraient de prêter serment seraient déportés ou reclus s'ils étaient infirmes. La mesure frappait beaucoup de prêtres du canton. Plusieurs essayèrent de résister en invoquant divers prétextes. Le plus courant était la production d'un certificat de chirurgien établissant qu'il était impossible au prêtre de voyager. C'est le stratagème qu'utilisera André Guyon, recteur de Vendel. Un certificat du chirurgien Jouet expose qu'en raison de son asthme, il n'a pu faire le voyage jusqu'à Rennes. Mais la situation deviendra rapidement intenable pour les prêtres et ils devront s'exiler ou se cacher. Julien Hunault sera exilé en Espagne, André Guyon prendra un passeport pour Jersey le 2 novembre 1792. Les supplications des paroissiens ne purent fléchir la volonté des révolutionnaires. La requête de François Gavard tendant à rester à cultiver sa petite propriété de Parcé est rejetée. C'est un de ceux qui méritent le plus d'être arrêté. François Gavard devra se cacher pour ne pas être arrêté et pouvoir poursuivre son ministère. Les administrateurs du district soulignaient sa grande influence. Tout le monde assistait aux offices célébrés par l'abbé Gavard alors que ceux du curé constitutionnel Guérin étaient totalement désertés. Le curé Guérin sera d'ailleurs bientôt découragé. Il adresse sa lettre de démission au district le 7 mai 1792 exposant qu'il est victime dune sainte haine que son ministère est devenu inutile et odieux et que ses paroissiens proclament que les portes du Paradis sont ouvertes à quiconque réprouve et maudit les prêtres qui se soumettent aux lois civiles. Le vicaire de Billé, Hubaudière, demanda à prendre sa suite et obtint l'accord provisoire du district. Les prêtres qui étaient cachés furent traqués sans relâche, Le 19 mai 1792, les abbés J.F. Saudrais, Daligaut et Huet sont découverts et conduits à la Trinité à Rennes pour y être reclus. Le 15 mai 1793 l'abbé Dufeu, ex-vicaire de Romagné, réfugié au village de Tancerais est également arrêté, Le 15 janvier 1793, l'église de La Chapelle-en-Luitré est fermée et le 17 une battue est organisée à Luitré avec cent gardes nationaux pour arrêter les ecclésiastiques cachés sous des déguisements. Les municipalités sont invitées à déclarer où se trouvent les prêtres réfractaires de leur commune. Le 10 février 1793, le rapport des municipalités donne l'état suivant:- Billé: Julien Hunault cy-devant doyen, la municipalité déclare ignorer où il se trouve, elle affirme qu'il n'y à pas d'autres ecclésiastiques assermentés.
- Combourtillé: M. Joly, vicaire est en réclusion à Rennes, le recteur Deshay a disparu et est dans la région.
- La Chapelle-Saint-Aubert: Bodin est en réclusion à Rennes, Gilbert a disparu, Le Saunier et Boyère, originaires de la paroisse sont reclus à Rennes. Les abbés Hunault (Billé), Potin (Chesné) et Deshays (Combourtillé) seront inscrits sur les listes d'émigrés le 25 thermidor an II.
Conspiration de la Rouërie
Conspiration de la Rouërie
Toutes ces exactions avaient exaspéré une partie de la population. Le marquis Tuffin de la Rouërie, héros de la guerre d'indépendance américaine (99) et qui avait acquis une solide expérience de la guerre de partisans, décida d'organiser la révolte. Il fit part de ses projets aux Princes émigrés et reçut leur approbation et les pleins pouvoirs. La Rouërie va donc tisser un réseau de partisans, futurs chefs de la révolte, dés le printemps 1792. Le comte Jean Baptiste Annibal de Farcy de Mué fit entrer dans la conjuration Louis Gavard, maire de Parcé. Gavard sera un recruteur de premier ordre. C'est lui qui présenta Jean Chouan au marquis de la Rouërie. Il habitait le village de Villeray qui touche le village de la Bulhourdiére de Billé et il était parvenu à rallier la quasi totalité du canton de Parcé et une partie de celui de Billé. En 1796, lors de la première pacification, les chouans du canton de Billé étaient au moins au nombre de 46 et ceux du canton de Parcé au nombre de 166. Les conjurés devaient se soulever en même temps que les émigrés et les coalisés envahiraient la France. En réalité le soulèvement fut hâté parla levée de 300 000 hommes.La levée de 300 000 hommes
La levée de 300 000 hommes
Jusqu'ici, la Révolution n'avait fait appel qu'a des volontaires pour assurer sa défense. Sa situation était cependant devenue critique et par les lois des 20 et 24 février 1793, elle ordonnait la levée de 300 000 hommes. Le contingent de chaque département était fixé en raison de la population et du nombre de volontaires déjà présents aux frontières. Le contingent de l'Ille-et-Vilaine était de 5 032 hommes dont 747 pour le district de Fougères. Les communes du canton de Billé devaient fournir les contingents suivants: Billé, 11; Chesné, 8; Combourtillé, 8; La Chapelle-Saint-Aubert, 9. Des commissaires avaient été nommés pour surveiller le tirage fixé du au 21 mars. À Billé, les commissaires étaient Le Métivier, administrateur du district et Hamon juge de paix. Le tocsin sonnait partout pour appeler aux armes. La Révolution rétablissait ainsi la milice de l'Ancien Régime, détestée et contre laquelle la plupart des cahiers de doléances avaient protesté. La coupe était pleine après les persécutions religieuses, il n'était pas question pour beaucoup d'aller se faire tuer pour défendre un régime honni.Révolte de la Saint-Joseph
Révolte de la Saint-Joseph
Dans plusieurs régions de l'Ouest la révolte va donc éclater. À Parcé le maire Duronceray désigné pour surveiller le tirage, est assassiné ainsi que son frère et un officier municipal de Dompierre, Rondeau. Le curé Hubaudière ne dut son salut qu'à la fuite et son presbytère fut pillé. Les responsables du canton de Billé eurent très peur que la révolte ne s'étende à leur canton et ils écrivirent au district pour demander du secours: sur l'avis que les paroisses de Châtillon-en-Vendelais Montreuil-des-Landes et Parcé se rallient pour se rendre dans nos cantons, nous vous prions instamment de nous envoyer au moins cinquante hommes des gardes nationaux et des munitions pour être casernés dans notre bourg jusqu'à ce que ces brigands soient repoussés. C'est au cours de cette révolte que Boisguy, âgé seulement de 17 ans fut invité à prendre la tête des insurgés de Landéan. Resté caché à la suite de la répression qui va suivre la révolte, il rejoindra quelques mois plus tard la grande armée vendéenne avec environ 260 hommes du pays.La répression
Cependant, après un moment de panique, les administrateurs du district firent appel aux gardes nationaux et au renfort des troupes issues de Normandie et du Maine. Les révoltés furent bientôt traqués et certains arrêtés. Le district de Fougères envoya un détachement de 400 hommes pour pacifier le pays et se porter dans les paroisses de la Celle, Luitré, Dompierre-du-Chemin, Parcé, Javené, arrêter les insurgés, faire la fouille des prêtres et prendre les armes. La garde nationale de Billé fut pri¢e de se joindre aux chasseurs de rebelles. Sur réquisition de Turoche, maire de Javené, un détachement de quinze volontaires de Billé et de quatre hommes de Parcé commandés par Jean Pichot battit la campagne et procéda à onze arrestations. Les prisonniers furent conduits à Billé le 2 avril puis aux prisons de Fougères avec quatre hommes de renfort supplémentaires. Une commission militaire sera instituée pour juger les rebelles et plusieurs furent guillotinés et fusillés. Les arrestations ne se firent pas sans mal. Un certain Tessier écrit à l'administrateur Delatouche qu'il a relevé trois cadavres à Parcé et qu'il a chez lui un garçon d'environ douze ans qui se présenta devant la garde nationale avec une pique à la main et fut criblé de coups de fusil. Pierre Gautier, menuisier, Pierre Liger, Jean Fournier, Jean Demonay et Joseph Souhard, tous habitants de Parcé sont atteints et convaincus d'être chefs d'attroupements, arrêtés armés d'un fusil, auteurs et complices de la mort des citoyens Duronceray-Montillon, maire de Parcé, Duronceray son frère et Rondeau.Pierre Frangeard et Jean Chapelet fils arrêtés armés chacun d'un fusil, atteints et convaincus d'être complices de la mort du citoyen Rondeau, tous deux habitants de la paroisse de Dompierre.
Joseph Férard atteint et convaincu d'avoir assassiné le citoyen maire de Parcé de deux coups de fusil, ledit Férard habitant la paroisse de Dompierre,
Jean Juguet le jeune, jardinier, atteint et convaincu d'avoir donné plusieurs coups de couteau à macre au citoyen maire de Parcé qui avait déjà reçu plusieurs coups de fusil et était expirant, ledit Juguet habitant la ville de Fougères...
Pour l'expiation desquels forfaits les dénommés ci-dessus seront livrés à l'exécuteur des jugements criminels et mis à mort et leurs biens confisqués au profit de la République. Les dix condamnés seront exécutés sur la petite douve à Fougères le 13 avril 1793 à l'aube. Vingt deux autres personnes seront renvoyées devant le Tribunal Criminel qui en condamnera à mort quatre parmi lesquelles Jean Brault fils de Parcé et Jeanne Delahaye du Haut-Bourg en Parcé. Neuf seront emprisonnées (parmi lesquelles François Le Gros de Parcé), les autres acquittées (notamment Jean Boyaux de Parcé, Jacques Derbrée, notaire de Parcé, et Jeanne Beaugendre, âgée de 15 ans). Parcé paya donc de cette première révolte par douze condamnations à mort venant s'ajouter aux victimes des arrestations.
Nouvelles levées et premières réquisitions
Nouvelles levées et premières réquisitions
À la levée de 300 000 hommes vont cependant succéder la même année trois autres levées d'hommes: la levée de 30 000 cavaliers (décret du 22 juillet 1793), la levée en masse encore appelée première réquisition (décret du 29 août 1793). La République menacée fait cette fois appel à l'ensemble des hommes du pays; dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les français sont en réquisition permanente pour le service des armées, les jeunes gens iront au combat, les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances, les femmes feront des tentes, des habits et serviront dans les hôpitaux, les enfants mettront le vieux linge en charpie, les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la République. Le recrutement concernait tous les hommes de 18 à 25 ans, célibataires ou veufs, sans charges de famille. Il y avait cependant de nombreuses exemptions pour défaut de taille, infirmité, raisons familiales ou professionnelles. Cette réquisition est une des deux seules de la Révolution et de l'Empire qui soit équitable dans la mesure où elle frappait également tous les hommes sans possibilité de remplacement. Mais cette réquisition est en même temps singulièrement injuste car elle n'est pas limitée dans le temps et les hommes qui seront levés et requis en 1793 ne seront pas relayés avant l'an VII. Combien reviendront après six ans de guerre? La levée en masse a pour but la création d'une armée de 750énbsp;000 hommes. Un tableau dressé le 14 frimaire an III (5 décembre 1794) nous donne une idée du poids de la réquisition dans le canton de Billé:- Billé Concernés par la loi: 73 Requis: 29
- Combourtillé 25 et 12
- Chesné 28 et 20
- La Chapelle-Saint-Aubert 20 et 9
- Vendel 32 et 11 Le nombre des exemptés est presque équivalent au nombre de recrues. À Billé on trouve 25 exemptés répartis de la manière suivante:
- Infirmes 12
- Défaut de taille 8
- Agriculture 5 Dés le 12 avril 1795 (21 germinal), au moment du départ, le nombre des déserteurs était considérable. Je n'ai retrouvé la liste des déserteurs que pour deux communes. À Vendel sur 11 hommes requis, six ont déserté. À La Chapelle-Saint-Aubert, on trouve huit déserteurs sur neuf requis. Une partie de ces déserteurs allait grossir les bandes de chouans qui sillonnaient le pays. Une partie des proscrits cachés depuis la révolte de la Saint-Joseph, avait cependant, dès le mois d'octobre 1793, rejoint les troupes de la Grande Armée Catholique et Royale qui avait franchi la Loire et se dirigeait vers Granville.
Les vendéens à Fougères
Les vendéens à Fougères
La nouvelle de l'arrivée de l'armée vendéenne provoqua une certaine panique et incita les contre révolutionnaires restés jusqu'ici cachés à se manifester. Hubaudière, curé de Parcé (ex-vicaire de Billé) demande des troupes au district de Fougères dès le 28 octobre 1793 à cause des chouans qui menacent le pays. Le général Brière, chargé d'organiser la défense de Fougères, demande à la garde nationale de Billé renforcée de 50 chasseurs d'établir un barrage provisoire sur la route de Vitré. Cependant les Vendéens conduisirent l'attaque par le chemin de la Chaudonnais à Izé et s'emparèrent de Fougères en moins de deux heures le 3 novembre 1793. La garde nationale de Billé ne semble pas être intervenue. Les Vendéens vont rester à Fougères jusqu'au 10 novembre 1793. Pendant leur séjour, ils dépêchèrent de petits détachements dans tout le pays pour lever des hommes, des chevaux et des armes. Le 6 novembre 1793, Jean Bertrand dit Fauveliére, laboureur de la Buharais en Billé conduit une patrouille de cinq Vendéens à la recherche de chevaux. Ils iront en prendre deux chez Marguerite Marcillé, veuve de Nicolas Delatouche à la Royandière. Ils se rendent ensuite chez Le Duby à la Basse Tollerais où ils vont manger. Puis Bertrand les dirige vers le clocher de l'église où ont été emmagasinées des piques fabriquées conformément à l'un des décrets de Assemblée Nationale. Bertrand et les Vendéens brisent toutes ces piques. Noël Lemonnier de Javené fournit également deux chevaux aux Vendéens. Jean Baptiste Niveau, officier de santé à Fougères, se fait également voler un cheval par un officier vendéen hébergé chez Joseph Lefeuvre à la Pirotais (La Chapelle-Saint-Aubert) sur les indications de Lefeuvre. Une bande de sept chouans de La Chapelle-Saint-Aubert et Combourtillé rallie l'armée catholique et royale. Début novembre 1793, elle se dirige chez René Coquelin, marchand tanneur, demeurant au bourg de Vendel. Il a le temps de s'enfuir par la fenêtre de sa chambre. Les chouans pillent sa maison excités semble-t-il par Marie Desrues fille de Julien et veuve de Joseph Lefeuvre de la Pirotais en La Chapelle-Saint-Aubert: Buvez et mangez chez Coquelin et mettez le feu à sa maison, allez mettre le feu au presbytère. Après le départ définitif des Vendéens vers Laval (23 novembre 1793) les administrateurs du district qui s'étaient réfugiés à Rennes rentrent à Fougères (3 décembre 1793). Pendant plus d'un mois le pays était resté sans administration. Le comité de surveillance de Fougères avait semble-t-il pris la situation en main. II sollicita cependant vainement l'intervention de la garde nationale de Billé pour maintenir l'ordre à Fougères. Celle-ci déclina l'invitation préférant attendre le retour des administrateurs de district.La répression
Le retour des administrateurs fut suivi de la mise en place de commissions militaires chargées de juger ceux qui de prés ou de loin avaient aidé les rebelles. Des listes de chouans furent dressées et des personnes furent arrêtées sur de vagues dénonciations. Les chouans de La Chapelle-Saint-Aubert furent convaincus d'avoir fait partie de l'infâme armée catholique et royale et participé au vol et pillages commis par les brigands chez plusieurs particuliers. Ils furent condamnés à mort le 17 pluviôse an 2 (8 février 1794) par la commission Frey Vaugeois et exécutés à l'exception de Claude Vallier qui est condamné à rester en prison jusqu'à l'âge de vingt ans c'est-à-dire pendant six ans, son âge ne lui ayant pas donné le discernement. Des membres de la municipalité de Combourtillé tentèrent d'intervenir en faveur de Julien Georgeault, apitoyés par les supplications de sa femme. Ils écrivirent une lettre et osèrent demander grâce pour lui. Mal leur en pris. Ils furent soupçonnés de complicité et traduits à leur tour devant la commission Brutus Magnier. Ils ne parvinrent à échapper à la condamnation qu'en écrivant une lettre de regret dans laquelle le maire assurait que jamais plus aucune famille ne l'emporterait sur les intérêts de la République. Rien n'est au-dessus de la grande famille que compose la République.... Noël Lemonnier et Jean Bertrand sont également condamnés à mort. arrêtés par Jean Monclair, commandant de la garde nationale de Bille, ils sont convaincus de complicité de brigandage avec l'armée catholique. Il faut souligner que les municipalités prirent des risques et firent souvent tout leur possible pour arracher ces gens à la mort en leur délivrant force certificats de civisme. Cela permettra sans doute à Marie Desrues jugée plus tardivement le 23 thermidor an 2 (15juillet 1794), de sauver sa tête malgré les charges qui l'accablaient. Les certificats de civisme qu'elle obtient tant des municipalités de La Chapelle-Saint-Aubert et Billé que du Comité révolutionnaire de Fougères la qualifient de bonne patriote, vraie républicaine, bonne citoyenne.L'acharnement contre la religion catholique
L'acharnement contre la religion catholique
Le culte schismatique fut bientôt interdit à son tour (décret du 7 novembre 1793) et remplacé par le culte à la déesse Raison et des mascarades sacrilèges. Même les prêtres assermentés durent choisir entre l'apostasie ou l'arrestation (arrêté du 13 avril 1794 du représentant du peuple Le Carpentier). Plusieurs prêtres se marièrent et renoncèrent au sacerdoce. En particulier Julien Tual, curé constitutionnel de Vendel et Hubaudière, curé constitutionnel de Billé qui déclare se renfermer dans les devoirs d'un bon républicain. Pour briser le rythme multiséculaire du calendrier grégorien et des fêtes liturgiques on instaura le calendrier républicain avec obligation de travailler le dimanche et obligation de chômer les décadis. Le nom même des vieux Saints était prohibé: la commune de La Chapelle-Saint-Aubert est désormais appelée Aubert. Les églises furent dépouillées de leurs cloches. Le 1er janvier 1794, le représentant Esnue-la-Vallée donne ordre de descendre les cloches des églises et de procéder à l'inventaire des mobiliers. Les municipalités vont essayer de faire échec à ces mesures. Le 28 janvier le représentant se rend en premier lieu au bourg de Billé où en présence du maire Jehanin il est procédé à l'enlèvement de l'une des deux cloches du poids de 1 000 à 1 100 livres. Le maire déclare qu'il n'y a pas de numéraire dans l'église et que tout a été enlevé par les brigands. Les cinq coffres de la sacristie qui contenaient le trésor de l'église ont été forcés et brisés les registres sont déchirés, Jean Jehanin déclare que Pierre Sancier l'un des municipaux a été chargé de conserver ce qui avait pu être soustrait aux brigands mais que curieusement il n'est plus là. On ne peut qu'être sceptique face à une telle déclaration car il ne semble pas avoir été dans les habitudes des Vendéens de piller les églises. On peut penser que la municipalité essayait tout simplement de sauver les ornements et les vases sacrés de la paroisse. Le maire refuse d'ailleurs curieusement de signer sa déposition. La troupe se rend ensuite à Combourtillé. Le maire Jean Herbert essaye de sauver une des deux cloches de la commune faisant valoir que la loi a prévu de laisser une cloche par commune. On lui répond qu'il n'y a plus de prêtres à Combourtillé et qu'il est par conséquent inutile d'en laisser une. Les deux cloches de 1 000 et 1 100 livres sont descendues. Tous les ornements et les vases sacrés sont empilés avec les cloches dans une charrette. La troupe se dirige ensuite sur Chesné le 1er février où elle s'empare des deux cloches de l'église (1 437 et 1 500 livres) aidée cette fois pour faire son inventaire par le ci-devant curé constitutionnel Clairay et en présence de Jean Baptiste Colin premier officier municipal faisant fonction de maire. Elle se. dirige ensuite vers la chapelle de Mésauboin où on ne trouve ni ornements ni métaux. Le 2 février la troupe se rend à Vendel où en présence de Coquelin, agent national, Jean Perrigaut maire, Pierre Jourdan et Pierre Simon, officiers municipaux, elle s'empare d'une cloche de 400 livres et des petites cloches des chapelles Saint-Yves du Moulin-Blot (12 livres) et Saint-Nicolas. Là encore on ne trouve aucun numéraire tout ayant été pris par les brigands. Le 5 février suivant la troupe se rend enfin à La Chapelle-Saint-Aubert où en présence de Jeanne Pichon épouse de Jean Niveau, officier public, il est procédé à l'enlèvement de la cloche de l'église d'un poids de 99 livres. La récolte fut sans doute importante. Dans une lettre du 15 floréal an III aux administrateurs du département d'Ille-et-Vilaine l'ancien comité révolutionnaire de Fougères chargé en application de la loi du 13 brumaire an II de faire le recouvrement des deniers et effets dépendant des églises et chapelles rend compte de son travail sacrilège en ces termes:1 les sommes ont été versées à la perception
2 l'argenterie (698 marcs 5 onces) a été envoyée à la Convention
3 le cuivre, fer, étain, plomb a été porté à l'arsenal de Rennes
4 les cloches également
5 les galons d'or et d'argent ont été envoyés à la Convention
6 les étoffes des ornements ont été vendues publiquement. Et de conclure: Vous voyez par les détails dans lesquels nous venons d'entrer que nous avons toujours cherché à nous mettre en règle. Tout cela se passe de commentaires... Les sacrilèges furent multipliés, des chapelles démolies, des croix renversées, des églises transformées en magasin.
Développement d'un régime policier
Développement d'un régime policier
Pour lutter contre les opposants, les révolutionnaires mirent en place toute une série de mesures. Ils procédèrent tout d'abord à des arrestations en masse. Tous les hommes de plusieurs communes furent incarcérés à Fougères par mesure de sûreté du 24 avril au 10 mai 1794. Les biens des émigrés furent confisqués et mis en vente. Cette mesure frappa notamment Jean Baptiste Annibal de Farcy de Mué, l'une de ses parentes Madame de Farcy, veuve Tuffin, et Charles de la Belinaye dont l'un des fils était officier à l'armée des Princes dans le régiment de Condé. Une partie de leurs biens fut vendue, le reste fut loué. À Billé, les moulins de la Loirie et de Guéret avaient été confisqués et les revenus de ces biens étaient affectés à l'hôpital de Fougères. La ferme de la Veillerie qui appartenait aux Farcy fut vendue nationalement le 27 octobre 1795 à Julie de Châteaubriand pour 379 000 livres ce qui révèle un taux d'inflation considérable depuis le début de la Révolution. Pour échapper aux sanctions prises contre les émigrés, il fallait annoncer par avance ses voyages ou ses absences en produisant des certificats de résidence en France. Les certificats de résidence devaient être signés par de nombreux témoins. La situation des chouans qui avaient quitté leur domicile ou des personnes qui se cachaient était donc précaire. Nous avons retrouvé l'un de ces certificats qui concerne un certain Sébastien Boishy:Nous soussigné maire, officiers municipaux et membre du Conseil Général de la commune de Billé, sur la demande de Sébastien Boishy, certifions sur l'attestation des citoyens Félix Bouëssel, Michel Beaugendre, François Beaugendre, Jean Le Coq, Jean Bricet, Jean Cervelle, Pierre Piel, Nicolas Le Broc, tous domiciliés dans le canton de Billé que Sébastien Boishy, 38 ans, cinq pieds, cheveux et sourcils blonds ardents, yeux bleus, nez gros... visage plein de santé demeure à la Chantellerais à Billé depuis six ans. Le 30 avril 1793. Suivent les signatures de Piel notable, François Angenard notable, Augustin Le Duby officier municipal, Pierre Sancier officier municipal, Pierre Tiollais notable, Julien Beaugendre officier municipal, Porée notable, Jean Barbot notable, Jean Delamarche officier municipal, Bouëssel procureur de la commune, Jean Jehanin, maire, Monclair et Félix Bouëssel. Mais les mesures policières ne concernaient pas seulement les absents et les émigrés, c'est bien en fait toute la population qui était surveillée. Des comités de surveillance furent mis en place dans toutes les communes. Le comité de surveillance de Billé était composé de: Boisard, Beaugendre, vice-président, Julien Sancier, Pierre Piel, Delatouche, Joseph Anger, Pierre Tiollais, Pierre Vannier. Celui de La Chapelle-Saint-Aubert comprenait: Sourdin, Jean Ermenier, Guerand, Charles Sorette, Joseph Bagot. Des cartes civiques étaient distribuées aux bons citoyens, Les maires du canton semblent toutefois avoir distribué ces cartes avec largesse si on en juge par le nombre de cartes demandées: Combourtillé 200, Billé 400, Chesné 250, La Chapelle-Saint-Aubert 220 et Vendel 140. Mais il y a plus, pour pouvoir voter; il fallait s'inscrire sur des registres civiques ce qui supposait une adhésion préalable à la République et à ses lois. Les habitants de La Chapelle-Saint-Aubert refusèrent en bloc de s'inscrire et ne purent participer a certaines élections. (cf. infra) Enfin, l'œil de la République, les commissaires de canton seront répandus partout et sont invités à rendre compte de l'opinion politique de tous les administrateurs, en indiquant leur conduite pendant la Révolution et leur civisme.
Nouvelles municipalités
Nouvelles municipalités
Les municipalités furent renouvelées par tiers normalement ainsi que la loi le prévoyait à la fin de l'année 1790 et de année 1791. Malheureusement les registres de délibération des communes du canton de Billé ont tous disparu. La plupart furent détruits par les chouans. De telle sorte que nous n'avons que les archives du district et du département pour avoir une idée de l'activité des administrateurs des communes et des compositions successives des municipalités. Les élections de 1792 furent anticipées. Les municipalités devaient être renouvelées avec l'avènement de la République (20 septembre 1792). Le résultat de ces élections ne dut pas plaire aux révolutionnaires car la Convention Nationale vota un décret le 19 octobre 1792 prescrivant le renouvellement de tout le corps administratif. Les municipalités devaient être renouvelées avant le 6 janvier 1793. Ces municipalités furent en partie renouvelées à la fin de l'année 1793. Cependant, à partir du mois d'août 1793, les comités de salut public et les comités de surveillance exigeaient un contrôle sur les municipalités et les administrateurs. Les comités de surveillance étaient composés de douze membres et six suppléants. Toutes les communes n'en ayant pas constitué, on décida de créer un comité de surveillance par canton. Le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), les procureurs des communes furent également remplacés par des agents nationaux. Ils dépendaient directement du comité de salut public à qui ils devaient adresser des rapports tous les dix jours. Mais les municipalités des campagnes ne paraissaient pas assez avancées. Le représentant Boursaut décida en conséquence par arrêté du 3 frimaire an III (23 novembre 1794) qu'elles seraient constituées d'office. Toutes les municipalités furent donc une nouvelle fois renouvelées et soigneusement choisies parmi les bons patriotes. Chaque municipalité était alors composée d'un maire, de cinq officiers municipaux, d'un agent national, d'un secrétaire général, d'un officier public et de quatre assesseurs du juge de paix. On comprend que de telles atteintes aux règles de la démocratie aient rapidement dégoûté les citoyens qui boudaient de plus en plus les élections et les postes d'élus. Le Directoire devra instituer des municipalités cantonales pour faire face à cette désertion civique. (cf. infra)La première chouannerie
Attaque de Billé
Attaque de Billé
Alors que Boisguy et sa petite troupe suivaient 'armée Vendéenne jusqu'au Mans, un groupe de chouans implanté sur les marches de Bretagne et du Maine commençait à se manifester. Le 8 décembre 1793 (18 frimaire an 2) alors que Fougères était occupée à fêter le retour de sa garde nationale et de ses administrateurs réfugiés à Rennes lors du passage des Vendéens, un habitant de Billé vint informer le district de ce qu'il avait entendu des coups de feu et des cris laissant présager quelques brigandages et meurtres. Le district s'empresse de dépêcher les gendarmes et son procureur-syndic Delatouche, originaire de Billé, pour rendre compte de ce qui se passait et évaluer la force des chouans. Les nouvelles rapportées étaient alarmantes pour le district. Une troupe de 2 à 300 chouans bien armés s'était portée sur Billé et avait tué en plein après-midi le curé intrus Porée et tenté de tuer le Maire, le juge de paix et le curé intrus de Parcé, Hubaudière réfugié chez son ancien collègue. Mais laissons parler Hubaudière qui raconte les incidents dans une lettre adressée au district le 9 décembre 1793: Citoyens, déjà depuis huit jours par deux fois le sol de votre territoire est ensanglanté, une horde de scélérats parcourt les campagnes, répand la terreur et l'épouvante; elle ne s‘en tient pas là, elle pille, elle massacre les citoyens, elle maltraite les femmes, elle casse et brise les meubles, elle enlève les comestibles. Deux fois depuis huit jours j'ai échappé à leur fureur. Il n'y a que quelques heures que les brigands ont massacré le citoyen Porée, curé de Billé: il m'avait offert l'hospitalité ayant appris que j'étais poursuivi par eux et que je ne pouvais être en sûreté dans mes foyers. Ils ont pillé et brûlé mes hardes et tout ce que j'avais d'effets. Ils ont poursuivi le maire de Billé, et le juge de paix en tirant sur eux, ils ont blessé une femme, ils ont blessé quelques autres citoyens. J'avais dressé un journal de leurs forfaits, depuis l'époque de l'arrivée de la grande armée des brigands à Fougères. J'attendais avec impatience votre retour pour vous le présenter parce qu'il contenait des renseignements utiles. Cette pièce a été brûlée avec mes effets; quoiqu'il en soit je crois devoir vous dire ce que je me rappelle d'essentiel, je le ferai succinctement. D'après ce que j'ai recueilli, il résulte que les brigands se sont portés au moins trois ou quatre fois chaque semaine sur la paroisse de Parcé, qu'ils y ont été surtout chez le procureur de la commune pour le massacrer, au presbytère pour y faire subir le même sort au curé, et à Montautour ou l'on disait que j'étais venu passer quelques jours; ils se sont portés à Vaulevieu en Luitré où ils ont pillé et maltraité le nommé Tournoux et sa femme; au Ray en Parcé, chez Haumaz, capitaine de la garde nationale, où ils ont maltraité sa femme; au village de l'Abbaye en Parcé où ils ont pillé le citoyen Legrand. En interrogeant ces citoyens, vous apprendrez le nom et la demeure de ces scélérats, vous apprendrez avec surprise que parmi eux il existe des propriétaires, des fermiers de Dompierre et de Parcé. On a reconnu parmi eux beaucoup de déserteurs ou fuyards du contingent du mois de mars. Le juge de paix Hamon confirmait les déclarations du curé constitutionnel: Citoyens, j'atteste que les faits ci-devant mentionnés sont véritables, et qu'à mon retour de prendre votre avis j'ai vu un détachement de sept brigands arriver au bourg de Billé en tirant après nous. Il en est arrivé au même instant une troupe de cent qui ont tué le citoyen curé de Billé et se proposent de venir à Chesné. Le juge de paix demande le concours des gardes nationaux qui s'étaient réunis à Saint-Georges-de-Chesné lors de l'attaque de Billé. C'étaient ceux de La Bouëxiére, Livré et Mecé. Pour assurer la défense de Billé, le district autorisa le juge de paix de Billé à retenir de cent à deux cents hommes des gardes nationaux qui se trouvaient à Chesné, les mieux armés et les plus en état de faire le service pour y maintenir la tranquillité, d'établir ces forces dans le bourg de Billé, de pourvoir à leur subsistance... et de prendre, le plus qu'il sera possible, les subsistances dans les paroisses insurgées. Delatouche apprit également au district que les chouans au nombre de 12 à 1500 menaçaient de se porter sur Fougères. Les chouans sonnaient le tocsin dans les communes prêtes à s'insurger. Deux escadrons commandés par le général Boulaud furent envoyés en toute hâte pour renforcer Fougères et Ernée. Dés le 11 décembre (21 frimaire an 2) les gardes nationaux des cantons de Livré, Dourdain, et La Bouëxiére se mirent en marche sur Dompierre et Parcé. Un assaut fut lancé sur le bourg de Dompierre mais la nuit qui survint les obligea de se replier sur Billé. Delatouche proposa aux districts de Vitré et d'Ernée un plan d'encerclement pour bloquer les insurgés et empêcher leur passage dans le bois de Misedon. Ce plan prévoyait que des troupes de Fougères, de Vitré et d'Ernée et les gardes nationaux cantonnés à Billé se porteraient en même temps sur les paroisses de Luitré, Dompierre-du-Chemin, Parcé, La Pellerine, Dompierre-des-Landes et Juvigné. Ce plan semble être resté sans lendemain.La battue de Beaufort (janvier et février 1794)
La battue de Beaufort (janvier et février 1794)
Cependant la grande armée Vendéenne avait été définitivement vaincue et Boisguy et ses compagnons étaient entrés dans la région (15 ou 16 décembre 1793). Il s'efforçait d'organiser les chouans dont les troupes grossirent encore avec la nouvelle levée de 30 000 hommes de cavalerie (31 janvier 1794). Les républicains réagirent. Le représentant du peuple Jeanbon Saint André fit venir des troupes importantes à Fougères, prés de 10 000 hommes au total dont 5 000 hommes de troupes régulières commandés par le général Beaufort. Pendant deux mois le pays fut quadrillé et sillonné de tous côtés pour arrêter les chouans et les débris de l'armée Vendéenne. Beaufort fit établir des garnisons dans plusieurs communes dont celle de Billé. Tous ces soldats se logeaient et se chauffaient aux frais de l'habitant ce qui n'était guère apprécié. Pendant toute cette période, les chouans ne purent tenir le pays et durent se contenter d'une guerre de harcèlement et d'embuscade. Les battues de Beaufort permirent d'arrêter de nombreuses personnes. On put croire un instant que la chouannerie avait été étouffée dans l'œuf. Les républicains allaient bientôt devoir déchanter. La Convention avait décidé de former une armée des Côtes de la Manche et dépouilla le général Beaufort de 4 000 hommes de troupes régulières. Les chouans allaient pouvoir reprendre leurs attaques.La mort de Monclair (mars 1794)
Nous avons vu que le général Beaufort avait établi un poste militaire à Billé. Au mois de mars 94, ce poste était occupé par la garde nationale de Saint-Marc-le-Blanc. Cette garde fut relevée vers le milieu du mois par cinquante hommes de la garde nationale du canton de Saint-Georges-de-Reintembault. Elle était placée sous les ordres de Jean Monclair, chirurgien à Billé, et commandant de la garde nationale du canton de Billé. Celui-ci protesta au moment de la relève qu'à tort on lui avait changer ses hommes puisqu'on exigeait de lui des sorties et qu'au lieu d'apprendre un succès de sa part et quelques sorties, on apprendrait la nouvelle de sa mort. Les hommes de Saint-Marc connaissaient sans doute mieux le pays que ceux de Saint-Georges plus éloignés. Monclair, ne croyait pas si bien dire. Le 26 mars il est informé de ce que les chouans se sont portés sur Parcé. Il s'y rend à la tête de son détachement et tombe dans une embuscade dans les champs de la Vibrais, prés de la Racinaye. La première décharge des chouans jette la panique dans les rangs des bleus qui se débandent. Monclair, intrépide, essaye de rassembler ses hommes et fonce en avant avec les plus courageux pour tenter de déloger les chouans. Il tombe avec quatre gardes nationaux. Son cadavre fut retrouvé dans le chemin qui conduit de la Martinière au Vivier de la Pierre. Son chien qui ne le quittait jamais avait été tué à ses côtés. Le soir même cent hommes du canton de Saint-Marc réquisitionnés par le commandant d'armes du district qui avait reconnu le bien fondé à la réclamation de Monclair arrivaient à Billé pour y prendre le cantonnement, mais il était trop tard.Les contre-chouans, les colonnes mobiles et les faux chouans
Les contre-chouans, les colonnes mobiles et les faux chouans
Les gardes nationaux étaient peu efficaces. Pour lutter contre les chouans, les républicains avaient donc décidé d'instituer des compagnies de gardes territoriaux ou contre-chouans (novembre-décembre 1794). Ils ne portaient pas d'uniforme et étaient recrutés parmi les patriotes des campagnes. Ils servaient d'indicateurs dans les paroisses rurales et étaient détestés par les chouans qui les surnommaient les cent sous parce qu'ils étaient payés 5 livres et 5 sous par jour pour leur travail. Pour être garde territorial il faut n'avoir rien dans son village qui vous fixe, il faut n'avoir point de femme ni enfants à défendre ni de moisson à recueillir au contraire, pour être bon garde national il faut être attaché par tous ces motifs. Parmi les chasseurs contre chouans on trouve le 5 frimaire an III (28 novembre 94) cinq hommes de Billé: Pierre Chauvin, Michel Bignon, Jean Souhard, Jean Pichot, et Jean Beaugendre. Plus tard, le premier ventôse an VI (22 février 1797), on créa les colonnes mobiles en exécution d'un arrêté du directoire du 17 floréal an IV (10 mai 96). Mais les républicains ne reculèrent pas devant des moyens odieux. Pour discréditer les chouans aux yeux de l'opinion publique, ils répandirent dans les campagnes des bandes de faux chouans portant cocarde blanche, composées de repris de justice et de galériens. L'institution des faux chouans remonte au moins à septembre 1794. Ceux-ci commettaient des pillages et des crimes et ils dénonçaient les vrais chouans et les royalistes abusés par leur traîtrise.Combats de Javené et de La Chapelle-Saint-Aubert (avril 1794)
Combats de Javené et de La Chapelle-Saint-Aubert (avril 1794)
Cependant les troupes de Boisguy avaient considérablement grossi et les engagements qui vont suivre furent beaucoup plus sérieux. Le 7 avril 1794, Boisguy se trouvait au bourg de Javené avec une troupe de cent vingt hommes lorsqu'il apprend qu'un bataillon de trois cents hommes de troupes de ligne se dirige vers lui. Il a le temps de s'embusquer derrière un épais fossé bordant la route de Fougères à Vitré. L'ennemi qui ne se doute de rien reçoit une décharge presque à bout portant. Les chouans se précipitent sur les bleus désemparés en hurlant des cris terribles. Les républicains sont en déroute complète et sont poursuivis jusqu'à Fougères. Ils laissent cent vingt morts sur le terrain. Quelques jours plus tard, Boisguy reçoit une lettre de Puisaye qui désirait lui proposer une expédition dans le Morbihan. Le rendez-vous était fixé à La Chapelle-Saint-Aubert. Puisaye n'y était pas. Sans doute avait-il été averti de ce qu'une troupe de cinq cents républicains s'approchait du village. Boisguy qui n'avait avec lui que trois cents hommes a juste le temps de les poster en embuscade aux abords du bourg. Les républicains sont une fois de plus accueillis par un feu meurtrier tiré à bout portant. Puis les chouans déployés profitent du désarroi qu'ils ont créé pour se précipiter sur leurs adversaires et les mettre en déroute. Ils laissaient cent vingt hommes sur le terrain. Boisguy les avait déjà poursuivis sur deux kilomètres lorsqu'il est averti par un paysan de ce qu'une troupe nombreuse de quinze cents hommes est sortie de Fougères pour aider les troupes en déroute. Boisguy a juste le temps de se replier vers La Chapelle-Saint-Aubert. Mais on lui indique cette fois que le bourg vient d'être occupé par un troupe de 400 hommes et il découvre une troupe de 120 grenadiers qui le menace sur son flanc. Boisguy est pratiquement encerclé mais avec la promptitude d'esprit qui le caractérise il demande à son fidèle garde chasse Decroix, excellent tireur, d'abattre le capitaine des grenadiers puis il profite du désarroi causé par la mort du chef pour charger les grenadiers qui, mis en déroute, se replient sur La Chapelle-Saint-Aubert et communiquent leur panique aux troupes qui étaient embusquées. Tous se replient alors sur Fougères et entraînent la colonne de quinze cents hommes dans la déroute. Avec un effectif de trois cents hommes, Boisguy était parvenu à mettre en fuite une troupe de deux mille hommes. La perte des républicains fut de trois cents hommes dont sept officiers, tandis que celle des chouans fut de douze tués et vingt deux blessés.La mort du curé constitutionnel Hubaudière (mai 1794)
La mort du curé constitutionnel Hubaudière (mai 1794)
Cependant, la nouvelle de ces défaites amena les républicains à réagir et à se renforcer. En avril, Kléber est envoyé à Vitré avec une troupe de 3 000 hommes. Le 22 mai (3 prairial) des troupes nombreuses arrivent à Fougères: 400 hommes sont casernés à la Retraite et la 17ème demi-brigade aux Urbanistes. Kléber qui a parfaitement compris le sens de la guerre qu'il doit mener préconise des mesures radicales: des cantonnements distribués avec art et intelligence, une force sans cesse agissante, des patrouilles fréquentes et nombreuses, un désarmement complet, des communications à établir, des perquisitions simultanées, des attaques dirigées avec un grand ensemble, sont celles que j'ai employées jusqu'ici avec succès et qui peuvent seules finir une malheureuse guerre. Face à ces mesures, les chouans doivent se contenter à nouveau d'une guerre de harcèlement. C'est au cours de l'un de ces coups de main que le curé constitutionnel de Parcé ex-vicaire de Billé, André Hubaudière est tué. Hubaudière s'était réfugié chez son frère à Beaucé. Le 13 mai, une troupe de chouans investit Beaucé et y tua plusieurs républicains dont Hubaudière et son frère Antoine.Combat de Javené (juin 1794)
Le 26 juin il y eut un petit combat entre chouans et républicains sur la commune de Javené. Six républicains furent encore tués. Tous ces petits combats firent réagir les républicains. Le général Humbert arriva à Fougéres avec 400 hommes. En juillet et août le pays était couvert de cantonnements. Pontbriand estime à 15 000 hommes les seules troupes qui furent envoyées de l'armée des Côtes de Cherbourg. Au total le pays était couvert par 28 000 républicains. Boisguy démobilisa alors ses troupes et défendit toutes hostilités. Ses soldats redevenus paysans et aidés par les républicains disséminés chez l'habitant firent tranquillement la moisson.Organisation des chouans
Organisation des chouans
C'est à cette époque que les chouans du pays de Fougères furent divisés par Boisguy en trois colonnes. Les hommes du canton de Billé furent affectés à la colonne du sud surnommée la brutale en raison de son audace et de son impétuosité. Elle était commandée par Gustave Hay de Bonteville qui avait pour lieutenant Tuffin de la Rouërie. Elle ne comprenait à cette époque qu'environ 400 hommes répartis par compagnies: deux compagnies d'élite, les grenadiers et chasseurs du Roi, et les compagnies de paroisse. Il n'est pas facile de connaître tous les noms des chouans du canton de Billé. On en connaît cependant une grande partie grâce aux listes de chouans rentrés dressées après chaque guerre en 1796 et 1800. Voici les noms qui figurent sur ces listes: Chouans rentrés en 1796: Billé: François Helleu lieutenant attaché à l'état-major, Jean Baptiste Baluais 26 ans, Pierre Bernard 26 ans natif de Saint-Étienne-en-Coglés, Vincent Briand 20 ans, Pierre Chemin 28 ans natif de Parcé, Jean Chevallier 28 ans, François Froc 21 ans, Pierre Hervault 30 ans Jean Jehanin 20 ans, Pierre Noël dit Sans Rémission capitaine de grenadiers, Joseph Noël dit la Volonté 20 ans, Pierre Piette 28 ans, Étienne Pihan 31 ans, René Sancier 27 ans, Julien Sourdin 27 ans, Chesné: Pierre Falaise lieutenant, Pierre Jourdan sous-lieutenant qui participa à la petite Vendée, Pierre Bazin 20 ans; Pierre Bourdon 19 ans, Pierre Ferron 20 ans, Joseph Gallais 16 ans, Julien Miton 19 ans, Julien Pelot 22 ans, Julien Pelé 18 ans, Jean Baptiste Vieillerobe 22 ans natif de Mellé. Vendel: Joseph Coutard 32 ans natif de Romazy, Pierre Rouillé 23 ans natif de Luitré blessé au combat de la Pellerine. Combourtillé: Jean Jouault 27 ans. La Chapelle-Saint-Aubert: Jacques Bodin 20 ans, Pierre Bouillard 29 ans, Jean Boyère 27 ans, Guillaume Depagne 18 ans, Joseph Lefeuvre 16 ans, Jacques Tison 24 ans, Pierre Venisse 17 ans, Pierre Yon 38 ans. Chouans rentrés. en 1800: Billé: Joseph Balluais 22 ans, Beaugendre 20 ans, Buisson 25 ans natif de Javené, Martin Buisson 25 ans natif de Javené, François Jourdan. La Chapelle-Saint-Aubert: Pierre Jumelet 19 ans, Jean Louvigné père de Julien Louvigné, Joseph Tual 30 ans lieutenant, Julien Tual 21 ans. Ces listes ne rendent évidemment pas compte de tous les chouans car il faut tenir compte des morts et de tous ceux qui ne désiraient pas être enregistrés. Les dossiers de pension des chouans indemnisés sous la Restauration donnent encore les noms suivants: Georges Hubert de Billé blessé au combat de Romagné, Pierre Rouleaux de La Chapelle-Saint-Aubert blessé, Pierre Blot blessé au bras le 20 juin 1795 dit Va de bon cœur capitaine de Chesné. Le canton de Billé fournira au moins 60 chouans dont on a conservé les noms, nombre important si l'on considère le chiffre total de la population.Reprise des hostilités (octobre 1794)
Reprise des hostilités (octobre 1794)
Au début du mois d'octobre, Boisguy ordonna la reprise des hostilités. Il n'y eut cependant que de petits engagements. Bonteville rassembla les 400 hommes de sa colonne à Dompierre. Il se porta sur Javené et de là sur Saint-Jean-sur-Couesnon pour repousser les gardes territoriaux de Saint-Marc-le Blanc-et Saint-Aubin-du-Cormier qui faisaient des courses sur les campagnes.Assassinats pillages et représailles (novembre 1793 à mars 1795)
À cette époque les campagnes étaient fort troublées. Les habitants des campagnes étaient régulièrement pillés et volés. Le maire de Vendel, Le Monnier, dresse le 20 pluviôse an III un état de ceux qui ont été pillés par les chouans dans sa commune:- le 4novembre 1793, René Coquelin, agent national et ses trois domestiques Jean Poulard, Augustin Touchard et Marie Georgeaux ont été volés.
- le même jour Jean Simon notable, Guy Lemonier, laboureur, et sa servante Perrine Collin, Jean Houdusse, laboureur ont également été volés.
- au mois de juin 1794, Guillaume Auffray, laboureur, a été volé.
- au mois de juillet 1794, Pierre Piton, laboureur, Jean Houdusse, laboureur et Pierre Coquelin, laboureur ont été volés.
- au mois de décembre 1794, François Pichon et Joseph Froc, laboureurs ont été volés. Les chouans ne se contentèrent pas de piller les républicains, ils semaient la terreur en tuant les chefs des républicains, les délateurs et ceux qui s'opposaient à eux. À Billé dans les registres de décès on relève les assassinats suivants: Jean Troné, 32 ans, du village de Launay, assassiné par les chouans le 13 pluviôse an III, Anne Saudrais veuve Garnier, du village de Boutigné, 74 ans, assassinée par les chouans le 13 prairial an III, Jean Béziel, âgé de 24 ans, du village de la Bordelière tué le 11 brumaire (1er novembre) pour avoir refusé de suivre les chouans, Joseph Anger, 40 ans, maire de la commune, tué par les chouans prés de la chapelle Saint-Julien de Javené le 16 frimaire an III (8 décembre 1794). À Vendel le maire que nous avons vu donner une liste des pillages des chouans poursuit ses doléances par une liste d'assassinats: Le 12 frimaire an III (4 décembre 1794) Pierre Blanchard âgé de 35 ans et Claude Simon de la Cotentinais sont tués, le 15 ventôse an III (12 mars 1795) René Coquelin 41 ans est tué en plein bourg de Vendel. À Chesné les registres de décès rendent également compte de plusieurs assassinats: le 2 germinal an III (24 mars 1795) Guy Barbé, laboureur 60 ans est tué à la Grange. Huit jours plus tard le 10 germinal, quatre autres personnes sont assassinées: Jacques Chevrel laboureur à Crolles 55 ans, François Dibon de Crolles 62 ans, Marie V..., et Pierre Simon menuisier du Mesnil, 64 ans. Pour essayer d'enrayer cette escalade, le représentant en mission Boursault avait promis une amnistie à tous les chouans qui rentreraient dans leur foyer. Sa proclamation resta à peu près sans résultat et les fléaux de la guerre continuèrent.
Terreur des municipalités
Terreur des municipalités
Face à une telle hécatombe les municipalités étaient terrorisées et restaient totalement inactives. Les chouans avaient interdit que l'on donne suite aux réquisitions et la consigne était semble-t-il rigoureusement respectée. Dans un rapport du 18 pluviôse an III, le capitaine qui commandait la troupe stationnée à Billé déclare que le pays est tranquille mais qu'il n'éprouve pas la même tranquillité de la part des municipaux de Billé: je ne sais quelle manie dirige leur esprit, je n'ai encore pu me fournir ni en paille, ni en bois, ni en lumière. Les officiers municipaux n'osent même pas semble-t-il sortir de chez eux. Le livre de consultation dans lequel Joseph Bouëssel, chirurgien de Billé, inscrit quotidiennement toutes ses prescriptions ne mentionne pratiquement aucune visite de novembre 1793 à octobre 1796. Les rapports sur l'esprit public des communes sont alarmants: Au début de la Révolution, le canton de Billé était considéré comme fort attaché à la Révolution et avait montré beaucoup d'énergie pour combattre les chouans à l'exception toutefois de la commune de La Chapelle-Saint-Aubert considérée dés le début de la Révolution comme fanatisée et intimidée par les chouans. Depuis les représailles des chouans et depuis les persécutions religieuses, les choses avaient changé, les rapports sur l'esprit public des communes devenaient alarmants pour les républicains: Billé: Il y a eu une garde nationale mais faute de secours, elle s'est dissoute depuis le massacre de son chef. Plusieurs habitants sont réfugiés à Fougères. Chesné: La commune a été désarmée par des chouans. Combourtillé: Bon esprit d'abord, aujourd'hui terrifié. Vendel: L'esprit qui était bon d'abord est aujourd'hui terrifié. Il y a plusieurs patriotes réfugiés à Fougères et à Saint-Aubin-du-Cormier. La Chapelle-Saint-Aubert: L'esprit est mauvais, la commune est occupée par les chouans.Épuration des municipalités (février - mars 1795)
Épuration des municipalités (février - mars 1795)
Le représentant Boursaut se rendit à Fougères du 20 au 24 pluviôse an III (8 au 12 février 1795). Pour tenter d'apaiser les esprits, il décida de destituer tous les administrateurs du district et des municipalités qui lui avaient été signalés comme terroristes ou jacobins et de les remplacer. Les administrateurs et l'agent national du directoire du district furent chargés par Boursaut d'épurer et d'organiser provisoirement les municipalités et les justices de paix. Un procès verbal du 13 ventôse an III (5 mars 1795) donne le nom des citoyens choisis pour rendre la justice dans le canton de Billé: Juge de paix: Jean Hamon Greffier: Julien Jean Le Coq Assesseurs :- Billé: Jean Jehanin, Jean Pihan, Pierre Sancier, Jean Delatouche
- Combourtillé: Jean Herbert, Michel Sourdin, Julien Bazin, Michel Martin
- Vendel: Julien Gautraye, Pierre Simon, Joseph Froc, Pierre Sourdin
-Chesné: Jean Simon, Pierre Derennes, Jean Marquerais, Anne Bazin
- La Chapelle-Saint-Aubert: Jean Boizard, Pierre Ori, Pierre Beaulieu, Charles Sorette. Les juges de paix désignés fournirent des listes de citoyens capables de remplir les fonctions municipales. Ceux-ci furent nommés sans qu'on leur demande leur avis et beaucoup s'empressèrent de démissionner en invoquant n'importe quel prétexte: Le citoyen Félix Bouëssel, agent national de la commune de Billé, écrit dés le 19 ventôse an III aux administrateurs du district pour donner sa démission: N'ayant point la capacité convenable pour remplir ma place et ayant besoin de prendre un état, j'engage l'administration à nommer un nouveau sujet à ma place.. Julien Sancier n'est pas plus enthousiaste. Il expose qu'il a été nommé officier de la commune de Billé injustement vu qu'il ne sait ni lire ni écrire, qu'il est d'un âge avancé, atteint de surdité, qu'il doit s'employer à la culture des terres et va bientôt habiter Chesné. Jean Cupif, cultivateur et troisième officier de Billé explique qu'il est à la tête d'une grande ferme, n'a qu'un domestique et que l'on doit nommer des gens instruits.
La trêve (avril - mai 1795)
La trêve (avril - mai 1795)
Cependant depuis le début de l'année 1794, des pourparlers de paix avaient été engagés. Ils aboutirent en Vendée au traité de la Jaunais signé avec Charette (17 février 1794) puis au traité de la Mabilais (20 avril 1794) signé avec plusieurs chefs bretons. Aux termes de ces traités, les insurgés reconnaissaient la République et cessaient les hostilités. Ils obtenaient notamment le libre exercice du culte, la levée du séquestre sur les biens des royalistes, recevaient des indemnités, étaient exemptés de la conscription. Il y eut également des clauses secrètes faites au nom du Comité de Salut Public par les représentants du peuple. Elles prévoyaient la mise en liberté de Louis XVII et même le rétablissement de la monarchie. Le baron de Cormatin qui représentait alors Puisaye poussait tous les chefs royalistes à signer ce traité. Boisguy refusa n'y voyant qu'un marché de dupes. II consentit tout au plus à signer une trêve le 17 germinal an III (27 mars 1795) avec le général Clinchamp qui commandait alors les forces du district de Fougères. La trêve fut dans ensemble respectée avec des débordements inévitables compte tenu du contexte général. On observera que la vague d'assassinats qui avait déferlé sur le canton de Billé depuis le mois de décembre 1794 cessa dés le début du mois d'avril 1795. Pour tenter de convaincre les insurgés de signer le traité refusé par Boisguy, Cormatin se rendit au bourg de Billé accompagné du général républicain Humbert. Il organisa le 21 floréal an III (10 mai 1795) une conférence dans le bourg de Billé où il rassembla les bandes locales et leurs chefs. Personne n'avait confiance en cet homme que l'on n'avait jamais vu combattre. II n'eut donc aucun succès. Il devait être arrêté quelques jours plus tard (25 mai) ainsi que plusieurs chefs royalistes ce qui provoqua la reprise des hostilités.Rétablissement du culte (12 avril au 6 septembre 1795)
Les projets de pacification permirent au moins le rétablissement du culte public pendant quelques mois. Plusieurs églises dont celle de La Chapelle-Saint-Aubert furent ouvertes (3 juin 1795). Cependant les habitants de Billé n'avaient plus ni curé ni vicaire: l'abbé Hunauit était exilé et ses deux vicaires étaient morts. Les habitants de l'est de la commune assistèrent nombreux aux offices de l'abbé Gavard ainsi qu'en témoigne le registre des baptêmes, mariages et sépultures tenu par ce prêtre resté fidèle à la religion catholique. Au mois d'avril, l'abbé Gavard procéda à 135 baptêmes et il baptisa encore 208 enfants jusqu'au mois de septembre. À partir du mois de septembre et jusqu'au 27 février 1797, le registre ne mentionne plus que 90 baptêmes ce qui montre la reprise des persécutions et du culte clandestin. Les lois de 1792 et 1793 qui proscrivaient tout culte religieux furent remises en vigueur les 3 et 4 brumaire an IV (25 et 26 octobre 1795).Reprise des hostilités — Seconde chouannerie
Combat de la Chêne et Romagné (31 mai 1795)
Combat de la Chêne et Romagné (31 mai 1795)
Le général Hoche tenta de faire arrêter Boisguy par surprise (25 mai 1795). Cela le décida à reprendre la lutte. Boisguy voulut rendre la monnaie de sa pièce au général Hoche et il lui tendit une embuscade avec 400 hommes au lieu dit le Chêne entre Saint-Jean et Romagné. Vers neuf heures du matin, il aperçoit un détachement de cavalerie composé de 25 hussards suivi d'une colonne d'infanterie. Croyant que le général Hoche était présent, il décida d'attaquer. À la première décharge les hussards furent tous mis hors de combat. L'infanterie prit la fuite vers le bourg de Romagné et un capitaine essaya de les rallier. Mais le bourg fut cerné et ceux qui le défendirent périrent ou furent faits prisonniers. Une centaine de fantassins républicains trouvèrent la mort dans cette affaire.Représailles et morts violentes
Une autre attaque est signalée le 11 prairial (2 juin) par le juge de paix et agent national de Saint-Aubin-du-Cormier. Après s'être rendus sur les communes de Livré et de Mecé, les brigands s'étaient repliés sur la commune de Chesné ou ils exercèrent de nouveau leur rage sur des laboureurs surpris dans leurs travaux. Plusieurs y ont été fusillés et massacrés, une malheureuse femme percée de trois balles a eu le bonheur de leur échapper et de se traîner ici. Ce n'est pas la seule qui ait été assassinée. Le citoyen Bazin fait encore un rapport au district le 15 messidor III (3 juillet 1795) dans lequel il révèle que le 4 messidor les chouans se transportèrent sur la commune de La Chapelle-Saint-Aubert où ils assassinèrent les nommés Jean Jamelot et Pierre Beaulieu parce qu'ils étaient patriotes. Le procureur-syndic du district dénonce également plusieurs assassinats le 18 octobre 1795: Les égorgements ont recommencé autour de nous. Les brigands ont massacré ces jours derniers deux hommes et deux femmes dans la commune de Billé, trois personnes dans celle de Vendel, et trois dans celle de Chesné sous prétexte que c'étaient des patriotes qui ne tenaient pas à leur parti. Ils ne souffrent plus d'indifférence. La mort est leur partage.. Les registres de décès des communes rendent compte à cette époque de nombreuses morts violentes: Chesné: Jean Douard, de Crolles, 50 ans, tué le 22 messidor an III; Étienne Pihan du Désert 76 ans, assassiné avec son fils Guillaume, 40 ans, le 23 messidor an III; Pierre Gaillard, laboureur, 68 ans, assassiné le 26 messidor an III; François Martinais et son fils François de la Pinsonnière sont tués le 4 vendémiaire an IV; Joseph, Étiennette et Perrine Chevrel, frère et sœurs, de Courpicart, sont tués le 6 vendémiaire an IV; Jean Dory, 25 ans, est tué prés du bourg le 1er fructidor an IV par une troupe d'hommes inconnus; les frères Julien et Joseph Le Bois sont assassinés par une troupe d'hommes inconnus le 16 fructidor an IV. Vendel: François Gautrais, 40 ans, le Désert, tué le 24 messidor an III; Nicolas Desrues, 58 ans, le Bourg, tué le 28 thermidor an III; Jean Lebon, tué le 8 vendémiaire an IV en Billé aux Guibourgères. La Chapelle-Saint-Aubert: Jean Jamelot, laboureur, 68 ans, est tué le 4 messidor an III par une horde de chouans dans sa maison de Villaume Martin. Billé: Anne Jeanne Aury [Ory], veuve Guenoux [Gaignoux], 75 ans, des Guybourgéres, est tuée par les chouans le 30 fructidor an III; Julienne Rosé, 32 ans, laboureuse, est assassinée par les chouans le 30 fructidor an III à Launay; Julien Masson, des Guybourgères, est tué d'un coup de fusil le 25 floréal an IV; Jean Jehanin, cultivateur au Chêne Zade est tué d'un coup de fusil le 25 floréal an IV ; Jean Troné, tué le 5 complémentaire an IV. Les registres mentionnent enfin un peu plus tard, le 22 pluviôse de l'an V, le décès de Julien Bignon, tué d'un coup de fusil au village du Loutre le 17 pluviôse an IV. Le juge de paix du canton, réfugié à Saint-Aubin-du-Cormier, et ému par cette situation, tenta d'obtenir du renfort. Il écrivit au district de Fougères pour demander un détachement de 100 hommes: Plusieurs bandes de voleurs et d'assassins, sous le nom de chouans, augmentent de jour en jour leur audace et leur férocité dans le canton de Billé. Ils y commettent les crimes les plus abominables surtout dans la commune de Chiené ont ils ont encore assassiné les jours derniers plusieurs personnes. Ils y ont trouvé un vieillard nommé Étienne Pihan, sa femme et deux de ses fils travaillaient à récolter leur foin. Ils les ont emmené dans leur maison et malgré qu'ils les eussent volé différentes fois, ils ont assassiné le père et l'un des fils et maltraité les deux autres, il ont voulu leur faire boire le sang des deux premiers. Ces deux scélérats furent ensuite dans un village voisin ou ils trouvèrent une femme, mère de six enfants en bas âge, travaillant également à récolter son foin. Un de ces enfants était à la mamelle de sa tendre mère et les cris pitoyables des cinq autres ne les empêchèrent point d'assassiner cette mère chérie. Ils assassinèrent encore hier un autre vieillard par lequel ils s‘étaient plusieurs fois fait avivander par la force. La municipalité de cette commune est restée dans l'inaction parce que les bandits lui ont défendu sous peine de mort de remplir aucune fonction publique. Elle refuse même de délivrer des passeports. Toutes ces atrocités ont répandu la terreur parmi une grande partie des habitants qui ont abandonné leurs récoltes et même leurs bestiaux pour éviter la rage de ces coquins dont ils craignent de rester les victimes. Un détachement de cent hommes auquel on pourra joindre quelques gardes nationales suffira et est absolument nécessaire dans le canton pour repousser les brigands et protéger les récoltes qui pourraient périr à défaut de prompts secours. Six habitants de la commune de Chesné signèrent également une lettre dans laquelle ils exposaient que plusieurs habitants avaient été obligés d'abandonner leur domicile, leur récolte, et même leurs bestiaux pour éviter d'être assassinés par les brigands: le temps des récoltes est proche et les cultivateurs n'osent y travailler s'il n'arrive de prompts secours. Tous ces assassinats étaient atroces mais du côté républicain la cruauté était au moins égale. Des têtes de condamnés furent piquées au sommet des clochers ou fichés sur les portes de la ville de Fougères; un général républicain collectionnait les oreilles des chouans qu'il fixait aux murs de sa chambre; des soldats mangèrent le cœur de l'abbé Gavard, etc.Fougères isolée
Fougères isolée
Les combats de la seconde chouannerie furent beaucoup plus importants qu'en 1794. On assiste à des batailles entre plusieurs milliers d'hommes. Les trois colonnes de la division de Fougères pouvaient alors rassembler prés de 4 000 hommes dont 1 200 pour la colonne brutale. La plupart des combats de la seconde chouannerie se déroulèrent au Nord de Fougères dans les régions de Saint-Georges-de-Reintembault, Saint-James, Tremblay. Boisguy voulait s'assurer le contréle de ce pays proche de la mer dans l'hypothèse d'un débarquement. Cette position permettait en outre des liaisons avec les chouans de Normandie. Les chouans de Fougères ne furent pas avertis du débarquement de Quiberon et ils ne purent par conséquent l'appuyer. L'une des grandes causes de l'échec militaire de la chouannerie fut d'ailleurs le manque de coordination et l'absence de chef. Il aurait fallu pour qu'elle triomphe que La Rouërie survive ou qu'un Prince ait le courage de prendre la tête des insurgés... Boisguy va s'efforcer d'isoler Fougères, interceptant les courriers, coupant les ponts, attaquant les convois, empêchant les réquisitions des villes de toutes sortes dont les campagnes étaient accablées. Fougères et Saint-Aubin-du-Cormier durent donc être rationnées. Le canton de Billé bordé à l'ouest par la route Rennes à Fougères et à l'est par la route Fougères à Vitré ne va pas être le théâtre de grandes batailles, celles-ci vont se dérouler sur ses limites et en particulier sur la route de Fougères à Rennes. Le canton va plutôt servir de point de rassemblement ou de base de départ pour lancer des opérations, en particulier le territoire de la commune de La Chapelle-Saint-Aubert acquise aux chouans. Ce territoire était bien situé puisqu'il était entre les secteurs de la colonne brutale et du centre. On apprend par exemple que Boisguy était à Javené le 6 juin avec cinq cents hommes et qu'il se rendit de là sur Saint-Christophe pour prêter main forte aux chouans de la division de Vitré aux prises avec les troupes du général Humbert. C'est encore à La Chapelle-Saint-Aubert (4 janvier 1796) que la troupe est rassemblée avant le quatrième combat de la Chêne (cf. infra). Et le 19 avril 1796 Boisguy qui est accompagné de Puisaye réunit toute sa division à La Chapelle-Saint-Aubert et à Vendel avant de se porter sur Saint-Christophe-de-Valains. Les républicains connaissaient d'ailleurs parfaitement cette situation.Destruction des ponts du Couesnon (juillet 1795)
Pour essayer d'interrompre toutes les communications avec Fougères, les chouans coupèrent les ponts à plusieurs reprises, en particulier ceux de Saint-Jean-sur-Couesnon. Dans son rapport du 15 messidor 1795 (3 juillet III), le citoyen Bazin expose que les chouans ont coupé les ponts de Saint-Jean la veille et se sont vantés d'aller couper celui de Billé. La municipalité de Saint Jean fit rétablir les deux ponts dés le lendemain. Mais la nuit suivante, les chouans au nombre de 200 réquisitionnèrent les habitants de Saint-Jean, Saint-Marc, Vendel et La Chapelle-Saint-Aubert pour procéder à une destruction complète des ponts. Cette destruction coupait Rennes de Fougères et de la Normandie et dès le 6 juillet les administrateurs durent fait rétablir des ponts provisoires. Un cantonnement avec une centaine d'hommes dut être mis en place à Saint-Jean pour assurer la surveillance des ponts.Deuxième combat de la Chêne (24 juillet 1795)
Deuxième combat de la Chêne (24 juillet 1795)
À la suite de l'échec du débarquement de Quiberon, le général Chérin qui commandait à Rennes crut pouvoir envoyer un renfort de cinq cents hommes à Fougères. Boisguy en fut averti. Il se trouvait alors au village de la Chêne en La Chapelle-Saint-Aubert mais n'avait avec lui que 300 hommes. Il hésitait à engager le combat compte tenu de son infériorité numérique lorsque ses soldats furent accrochés par l'avant garde du bataillon. Il dut donc soutenir le combat. Celui-ci durait depuis une heure lorsque Bonteville qui stationnait à deux lieux de la avec sa colonne forte de 600 hommes, entendit le bruit de la fusillade et se porta en renfort. Il attaqua les républicains sur le flanc et les mit en déroute. Les fuyards provoquèrent la panique d'une troupe de 800 hommes sortis de Fougères pour leur porter secours. Dans cette affaire les républicains perdirent 300 hommes, les royalistes une trentaine dont quinze morts.Troisième combat de la Chêne (18 août 1795).
Un nouveau combat devait avoir lieu un mois plus tard au même endroit, terrain de prédilection semble-t-il pour tendre une embuscade sur la route de Rennes à Fougères. Le bataillon des volontaires parisiens qui avait été engagé dans l'affaire de Quiberon et avait pris part aux massacres avait été envoyé en renfort sur Fougères. Boisguy en est averti et décide de leur tendre une embuscade. Les chouans s'étaient promis de ne pas faire de quartier: point de pitié pour ceux qui ont fusillé à Quiberon. Les républicains furent attaqués à la baïonnette de deux côtés à la fois. Le commandant républicain fut bientôt tué et son bataillon fut mis en pièces. très peu survécurent. Le général Lemoine fit le rapport suivant sur cette affaire: Vous m'avez demandé une liste des bons patriotes qui m'ont aidé dans les vengeances que j'ai exercées au nom de la Nation... J'ai le regret de vous annoncer que tous ont péri, assassinés par nos lâches ennemis, c'est à peine si les états de situation en présentent quelques uns sur les cadres.Quatrième combat de la Chêne (11 janvier 1796)
Le 11 janvier 1796, un convoi important avait été signalé. Il devait partir de Rennes avec une escorte de 1 800 hommes. Boisguy étant malade, le commandement des opérations avait été confié à Bonteville qui réunit toute la division de Fougères au village de la Chêne en avant de La Chapelle-Saint-Aubert. Chalus avait pris le commandement de la colonne brutale. La division se rassembla avec retard. La colonne républicaine avait déjà passé la Chêne. Bonteville décida malgré tout de l'attaquer. Mais il n'eut pas le temps de déployer ses troupes et les républicains purent finalement sans dommage atteindre le bourg de Romagné. Les royalistes donnèrent l'assaut et ils avaient déjà pris position dans le bourg lorsqu'ils furent avertis que de nouvelles troupes sortaient de Fougères pour venir en aide aux soldats républicains. Les royalistes ne purent pas empêcher le convoi de rejoindre Fougères sous la protection de ces nouvelles troupes. Les républicains perdirent soixante hommes dans cette affaire, les royalistes eurent huit morts et une trentaine de blessés.Réquisitions des chouans
Réquisitions des chouans
Pour faire la guerre et trouver des fonds, les chouans décidèrent de rançonner les républicains ou de faire payer des fermages aux acquéreurs de biens nationaux ou aux fermiers des émigrés. Leurs invitations à payer ne manquaient pas d'un certain cynisme: Vous savez que vous n'avez encore rien fourni aux chasseurs du Roi... qui tous les jours se battent pour la conservation de vos âmes... Il faut que tout le monde vive, nous aimons mieux recevoir que prendre.... Les personnes qui étaient contraintes de verser des sommes aux chouans recevaient une quittance en bonne forme ce qui devait leur permettre de se faire indemniser au moins en partie par la République.Nous soussignés commissaires percepteurs des biens royaux en vertu des ordres que nous avons reçus du conseil général de l'armée de l'arrondissement de Rennes et Fougères et approuvé du conseil de la division de du Boisguy et du canton de Fougères avons ordonné sous peine de mort à Michel Gautrais, fermier du lieu de la Joulière en Billé appartenant à Madame de la Belinaye veuve Tuffin émigrée, de verser entre nos mains 100 livres pour le terme de Noël dernier... le 27 décembre 1795, l'an IV du règne de Louis XVII.
Signé Préel fourrier et commissaire, J.L. de Chalus adjoint au commissaire; Boiton, capitaine des grenadiers, commissaire: vu par le commissaire de guerre Hemery.
Pillages des soldats républicains
Pillages des soldats républicains
De leur côté les soldats républicains procédaient à des pillages de nombreuses fois dénoncés. Le 27 vendémiaire an IV (18 octobre 1795), Michel Christophe Boisard, notaire public de Billé, expose à la municipalité que 40 soldats de Fougères commandés par le général Quantin sont entrés chez lui en son absence ont battu et maltraité son épouse, forcé ses armoires, pris une partie de ses minutes, volé des hardes. Le 28 pluviôse an IV (21 février 1796), la municipalité de la commune de Billé adresse une lettre de protestation au District et dénonce les exactions suivantes:- Le 22 fructidor an III (14 septembre 1795) la troupe enfonça le presbytère et la maison commune, prit les bulletins des lois et les registres.
- Le 23 pluviôse an IV (16 février 1796) un détachement de Fougères enfonça la maison commune, prit une partie du reste des décrets et bulletins des lois, proclamations et adresses du comité de salut public... Jean Prod'homme et la veuve Fouro en ont trouvé jusque dans les champs de la ferme du Houx.
- Le 27 ventôse (vendémiaire) an IV (20 octobre 1795) un autre détachement du général Quantin fit pareil enfondrement... Les soldats ont pris les clefs de la porte Saint-Louis de l'église de Billé dans une chambre du presbytère servant de maison commune... Ils ont pris chez Jean Bricet (ci-devant sacriste) demeurant à l'Épi d'Orge douze clefs de l'église... Aujourd'hui la municipalité est dépourvue de lois et décrets... Elle demande à être déchargée des réquisitions de bois, paille pour les troupes et demande qu'il soit fait défense à la troupe de piller... Signé Bouëssel, Sancier, Delamarche, Pierre Piel, Jean Jehanin, Pierre Tiolay, Delamarche notable, Duplessix notable, Jean Couerre notable, Jean Bricet. À Chesné le 25 frimaire an IV (18 décembre 1795), la municipalité dénonce également plusieurs pillages:
- Le 8 messidor an III (30 juin 1795), la maison commune a été enfoncée, les papiers et registres de baptêmes, mariages et sépultures de 1787 à 1793 ont été brûlés.
- Le 13 prairial an III (5 juin 1795) un détachement a culbuté la croix de taille, forcé la porte de l'église, brisé le tabernacle, enfoncé l'autel, cassé l'autel du Saint-Esprit et jeté à terre les statues de la Sainte Vierge, de Saint Pierre, Saint Paul, Saint Georges, Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste.
- La garde nationale, à la nuit suivante, brise les effets les regardant comme nuls et inutiles.
- Le 13 pluviôse (5 février 1795) les cloches, chandeliers, ornements, ciboire, calices, croix, encensoir, burettes le tout d'argent ont été enlevés. À La Chapelle-Saint-Aubert, le 11 messidor an III (3 juillet 1795), Jeanne Venisse dénonce un vol de vêtements commis par six militaires.
Fin de la seconde chouannerie
Les succès des chouans de Fougères ne purent cependant connaître de suite après la soumission de la Vendée. Stofflet était mort en février 1796, Charette en mars 1796. La Bretagne fut à nouveau inondée de troupe. Les chefs bretons déposèrent les armes les uns après les autres. Boisguy céda l'un des derniers le 21 juin 1796 et se retira dans son château à Parigné. Il fut arrêté sans motif dans la nuit du 17 au 18 mars 1797 pour être incarcéré à Saumur.Constitution de l'an III
Constitution de l'an III
La nouvelle constitution votée en août 1795 ne fut mise en place qu'au mois de novembre 1795. La constitution supprimait les districts et les municipalités communales qui étaient remplacées par des municipalités de canton au sein desquelles les communes étaient représentées par un agent et un adjoint élus par chaque commune. Les municipalités de canton étaient assistées par un commissaire du pouvoir exécutif nommé par le département. Ce commissaire devait, nous allons le voir, informer le département de tout ce qui se passait dans le canton. Ce système consacrait la centralisation mise en place pendant la Terreur. Le commissaire nommé pour le canton de Billé fut Jean Le Coq qui exerçait jusqu'ici les fonctions de greffier de paix. La nouvelle constitution fut soumise à l'approbation des assemblées primaires le 6 septembre 1795. Plusieurs assemblées primaires boycottèrent les élections. Les électeurs désignés par les citoyens du canton de Billé furent: Jean Herbert père laboureur officier public, demeurant au Clairay en Combourtillé; Pierre Delatouche laboureur, demeurant à la Royandière à Billé; René Pihan laboureur, demeurant au Bas-Monceau à Billé. Selon un procès verbal du 1er prairial an IV, la composition de la première municipalité du canton de Billé était la suivante: Jean Herbert père, président, Pierre Chevalier et Jean Couaire, agent et adjoint de Billé, Julien Cupif et Julien Theveu, agent et adjoint de Combourtillé, Jean Simon et Anne Bazin, agent et adjoint de Chesné, Guillaume Delatouche et Jean Ermenier, agent et adjoint de la Chapelle-Saint-Aubert, Pierre Sourdin et Pierre Deshays, agent et adjoint de Vendel, Julien Jean Le Coq, commissaire.La désertion civique
La désertion civique
Les municipalités de canton destinées à pallier l'inertie des municipalités communales avaient été souvent constituées laborieusement. Le 6 pluviôse an IV beaucoup de cantons ne sont pas encore organisés malgré la loi du 25 fructidor (14 août 1795). Au mois de floréal an IV on fut obligé de mettre en place une commission provisoire composée de huit administrateurs pour suppléer à la carence des administrations non organisées. Le 15 thermidor une lettre de rappel fut envoyée aux cantons dans lesquels les municipalités n'avaient pas encore été formées, notamment les cantons de Billé, Parcé, Fleurigné, Louvigné-du-Désert, Parigné et Mellé pour les pays de Fougères. Plusieurs communes dont la vôtre ont trompé notre attente et n'ont point encore nommé les agents ou adjoints, d'autres ont fait des nominations illusoires, les fonctionnaires nommés ne remplissent pas leurs fonctions. On notera que cette lettre fut envoyée au canton de Billé pourtant considéré comme assez républicain. Les administrateurs finalement désignés dans le canton de Billé ne faisaient rien. Dans une lettre du 20 germinal an VI (12 avril 1798), le commissaire Le Coq dénonce leur inertie. Dans un rapport du 4 fructidor an III (21 août 1795) il déclare que les agents municipaux ne voulant ou ne sachant rien faire n'ont pas procédé à la levée du trentième cheval. Les propriétaires de chevaux ne veulent rien payer et préfèrent que le nombre de chevaux qu'ils sont tenus de fournir soit pris sur les meilleurs du canton. Mais on ne trouve pas un cheval ayant les qualités requises. Le même commissaire se plaint le 15 messidor IV (3 juillet 1796) de ce que les gens se contentent volontiers des cérémonies faites par les ministres du culte. Par ailleurs, l'état civil n'est pas tenu, les troubles ont empêché que la plus grande partie des enregistrements des actes de naissance et décès soient faits dans plusieurs communes.Élections de l'an V (mars 1797) et coup d'état de fructidor
Élections de l'an V (mars 1797) et coup d'état de fructidor
Les élections législatives de l'an V donnèrent la majorité aux royalistes mais le directoire resté républicain fit un coup d'État le 18 fructidor an V (4 septembre 1797) pour se débarrasser des députés royalistes. Cinquante trois députés furent déportés. Toute les lois révolutionnaires abrogées furent rétablies. Le personnel administratif désigné en l'an V fut presque totalement renouvelé:- Billé: Jean Beaugendre, agent et François Vallet, adjoint
- Combourtillé: Michel Sourdin et Guillaume Budcoq
- Chesné: Jean Simon et Joseph Pihan
- Vendel: Jean Perrigault et Pierre Pitois
- La Chapelle-Saint-Aubert: Juline Louvigné et François Guenaud
- Secrétaire: Boisard
Reprise des arrestations
Reprise des arrestations
Après le coup d'État de fructidor, les jacobins reprirent avec rage leurs persécutions. Pour briser les contre révolutionnaires, la loi du 10 vendémiaire an VI (2 octobre 97) rendit des communes responsables de tous les désordres qui seraient commis sur leur territoire. Le directoire exécutif ordonna l'arrestation de tous les brigands. Le 7 décembre 1797 l'administration départementale fit faire une recherche de tous les agents principaux des mouvements qui cherchent à faire naître une nouvelle guerre civile de tous les émigrés, de tous les déportés rentrés, de tous les hommes influents qui existent dans le parti royaliste... Tous ces individus seront mis en arrestation pour être conduits dans les maisons d'arrêt de Rennes.... Cependant les perquisitions furent peu efficaces dans le canton de Billé. Le commissaire Le Coq rapporte le 30 frimaire an VI (22 décembre 1797) qu'étant parti avec une troupe de soldats auxiliaires de la garnison de Fougères et plusieurs braves républicains de Billé requis de marcher pour procéder au désarmement, il ne trouva qu'un chouan rentré, Jean Marie Dépine, après avoir sillonné Billé, Combourtillé et une partie de Chesné et Vendel. Furent cependant arrêtés dans le pays de Billé: un chef chouan nommé Courtempaille et Thérése Pichon de Javené institutrice qui malgré les défenses qui lui ont été faites continue de pénétrer les jeunes personnes des sentences perverses qui l'animent (5 juillet 98). Une partie des prisonniers parvint cependant à s'échapper. Le commissaire Le Coq, fidèle dénonciateur, mentionne: Gontier, L'Herbillon, Paris fils, Jouin et Martin.Première conscription
Première conscription
Les guerres de la République avaient tellement saigné les troupes levées en 1793 et la désertion était telle que la République dit avoir recours à de nouvelles levées d'hommes. Jusqu'ici les levées quoique massives avaient été exceptionnelles et elles n'étaient faites que pour la durée de la guerre. La loi Jourdan (19 fructidor an VI) allait instituer la conscription. Elle proclame l'obligation du service militaire pour tous les français âgés de 20 à 25 ans au 1er vendémiaire de chaque année. La durée maximale du service est fixée à cinq ans. La classe la plus jeunes est appelée la première. Après 25 ans on ne peut plus être appelé. La proportion des appelés variait donc d'une année à l'autre. Le service militaire pesait normalement sur tous mais dés l'an VIII il fut possible de payer des remplaçants et l'impôt du sang ne pesa plus que sur les pauvres.Suite des persécutions religieuses
Suite des persécutions religieuses
On a vu qu'en dehors d'une accalmie de quelques mois après la signature du traité de la Mabilais (avril 1795), les persécutions religieuses avaient repris dès le mois de septembre 1795. Le 20 septembre les églises ouvertes en avril avaient été fermées. Un décret du 20 fructidor an III (6 septembre 1795) prescrivit le bannissement des prêtres déportés rentrés puis les 3 et 4 brumaire an IV (25-26 octobre 1795) les lois de proscription de 1792 et 1793 furent remises en vigueur et les prêtres insermentés durent rejoindre leurs caches. Le 14 frimaire an V (4 décembre 1796) les lois des 3 et 4 brumaire furent rapportées et les prêtres détenus furent libérés. Les églises furent à nouveau ouvertes. Cependant la loi du 14 frimaire était ambiguë. Pour certains petits tyrans locaux elle ne rapportait que les lois de proscription émises contre les curés constitutionnels. Les prêtres réfractaires continuaient donc à être arrêtés. L'abbé Pierre Guyon, vicaire de Vendel, fut arrêté sur les ordres de Loysel, commissaire du directoire exécutif de Fougères, et envoyé à la maison d'arrêt de Rennes. Le général La Barolière qui interprétait la loi plus libéralement le fit relâcher et lui remit un écu de six francs au grand regret de Loysel. Mais le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) provoqua une nouvelle Terreur. Dénonciations et perquisitions reprirent. Le commissaire Le Coq fit son sale travail de dénonciateur. Le 18 frimaire an VI (10 décembre 1797) il donne la liste des prêtres présumés cachés dans son canton: ces individus ont obtenu de l'administration de Billé des certificats de résidence le 24 fructidor (16 septembre). Je me suis procuré le nom des quatre derniers sur le registre de l'administration. Les plus turbulents sont Guyon et Gilbert. Je vous dénoncerai ceux qui se seront fait connaître:- Julien Hunault (63 ans) déporté et rentré a été pendant le mois de fructidor dans la commune, doit être retourné dans sa famille à Gennes.
- René Pottin (46 ans) ex-vicaire de Chesné y a toujours été caché suivant son certificat de civisme.
- André Guyon (40 ans) ex-vicaire de Vendel y a été caché.
- Jacques Gilbert (40 ans) ex vicaire de La Chapelle-Saint-Aubert y a été caché.
- Jacques Daligault (30 ans) abbé de La Chapelle-Saint-Aubert nouvellement prêtrisé y a toujours été caché. Ces persécutions se perpétuèrent au moins jusqu'au consulat (1799). Le courageux abbé Gavard que nous avons vu accueillir les paroissiens de Billé dans la petite chapelle de Mué en 1795 fut arrêté le 4 prairial an VII (3 mai 1799) chez son cousin qui habitait la Rue en Parcé. Il avait été dénoncé. Conduit à Rennes le 25 mai 1799, il fut fusillé par son escorte prés de Châteaubourg. On lui arracha le cœur que des monstres osèrent manger.
Élections de l'an VI (22 mars 1798)
Élections de l'an VI (22 mars 1798)
Pour éviter l'élection de royalistes comme en l'an V, le Directoire avait pris ses précautions. Furent rayés des listes de votants: les individus ayant rempli des fonctions civiles et militaires parmi les rebelles, les pères des chouans, les parents et alliés des émigrés. Il fallait par ailleurs s'inscrire sur les registres civiques pour être électeur. Tous les habitants de La Chapelle-Saint-Aubert furent exclus du droit de vote pour défaut d'inscription sur le registre. Dans ces conditions le commissaire Le Coq pouvait se féliciter: tous ceux qui ont été promus sont bons républicains. . Le 28 ventôse an VI le registre civique inspecté par Loysel, commissaire du directoire exécutif prés de l'administration municipale de Fougères, faisait apparaître les inscriptions suivantes:- Billé 116
- Combourtillé 88
- Vendel 82
- Chesné 140
- La Chapelle-Saint-Aubert 0
Score plutôt maigre pour un canton considéré comme d'assez bon esprit républicain. À la suite des élections Jean Jehanin et Claude Lemonnier de Vendel furent nommés électeurs. Jean Jehanin fut élu président de administration de canton. les autres membres de l'administration de canton furent: Chesné: Noël Le Grand, Anne Bazin, Joseph Derennes, Joseph Greffier. Vendel: Julien Gautrais, Joseph Venisse, Pierre Sourdin, Pierre Pitois. Combourtilié: Jean Sourdin, François Oger, Gilles Sourdin, Jean Herbert père. Billé: Charles Fouro, Pierre Sancier, Pierre Chevalier, Jean Cupif. La Chapelle-Saint-Aubert: Jean Chevalier, Michel Georgeault, Julien Boyère, René Delamarche.
Inertie des nouveaux administrateurs
Inertie des nouveaux administrateurs
Les administrateurs élus en l'an VI ne furent pas plus actifs que les administrateurs élus en l'an V. Le commissaire Le Coq écrit le 17 brumaire an VI que l'administration n'est composée que du président Jean Herbert et du secrétaire Boisard, notaire. Le 17 brumaire an VI (8 novembre 1797) Le Coq déclare qu'il a été impossible de lever les impôts fonciers et la contribution mobilière faute d'administrateurs. Pour tenter de remédier à cette inertie, l'administration du département dut nommer d'office de nouveaux administrateurs à partir d'une listre vraisemblablement proposée par le commissaire Le Coq. Les dix personnes désignées furent: Jean Beaugendre (La Ronce) et Jean Garnier (Boutigné) pour Billé, Michel Sourdin (Maritière) et Jean Cochet (Les Fontenelles) pour Combourtillé, Joseph Pihan (Le Désert) et Pierre Derennes (Le Bourg), pour Chesné, Julien Dupont et Jean Chevalier (Le Fresne), pour La Chapelle-Saint-Aubert, Jean Perrigault (La Jouardais) et Jean Desrues (Le Bourg), pour Vendel. Il semble que plusieurs des personnes nommées refusèrent d'exercer leurs fonctions car dés le 28 ventôse an VI (20 mars 1798) les noms de certains agents avaient déjà changé.Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VI
Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VI
Le 18 fructidor an VI (10 décembre 1797), le commissaire Le Coq rend compte de la situation de plusieurs conscrits présumés déserteurs:- Joseph Blot, grenadier, a été arrêté
- Pierre Panetier, volontaire, est malade
- Joseph Cottin, grenadier est en congé
- Louis Lehoux, volontaire de Billé attend les ordres. Le 10 nivôse an VI (2janvier 1798) le commissaire Le Coq signale quelques pillages qu'il attribue aux chouans: pillage au Moulin Blot, à la Mottaye, et au moulin de la Loirie. En ce dernier endroit les voleurs ont été désarmés par le meunier. L'un d'eux se nomme Roquet chouan rentré et meunier de profession. Il a été conduit en prison par une patrouille de volontaires du cantonnement de Billé. Le commissaire Le Coq signale que les chouans se retrouvent dans les endroits isolés où il y a des cabarets. C'est dans ces lieux qu'on pourra trouver quelques coquins rassemblés .
Élections de l'an VII
Élections de l'an VII
Le 1er germinal an VII (22 mars 1799) les électeurs du canton se réunirent à nouveau pour désigner leurs deux électeurs. L'assemblée était présidée par Jean Herbert, assesseur du juge de paix et le plus âgé des électeurs. Sur 450 votants potentiels il n'y avait que 32 électeurs présents. L'assemblée procéda à un premier vote pour désigner un président et un secrétaire définitif. Ceux-ci prêtèrent ensuite le serment de haine à la royauté et à la monarchie et d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III. L'assemblée pu enfin élire ses électeurs. Elle désigna Charles Fouro, officier de santé et secrétaire de l'administration et Jean Beaugendre, cultivateur. En réalité cette élection n'était guère significative si on considère le très grand nombre d'abstentions. Le commissaire Le Coq dut d'ailleurs, une fois de plus, dénoncer l'inertie des nouveaux administrateurs de canton de Billé dés le 20 germinal an VI (11 avril 1798). Cette inertie pour ne pas dire plus était pourtant considérée comme l'une des principales causes de l'audace des brigands.Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VII
Extraits des rapports du commissaire Le Coq de l'an VII
La présence d'une troupe cantonnée à Billé au printemps 1789 avait redonné quelque courage aux Républicains de Billé. Le 2 prairial an VII (24 mai 1799), le commissaire Le Coq a la joie d'annoncer à ses maîtres que les habitants ont repris courage et se montrent aux fêtes publiques. Quelques jeunes gens (cinq de Chesné et quatre de Billé) ont même fait le service avec le cantonnement de Billé. Quatre jeunes gens se sont enrôlés. La présence de la force armée avait aussi permis de reprendre la chasse aux prêtres et aux chouans. L'abbé Guyon vicaire de Vendel, et l'abbé Gilbert, vicaire de La Chapelle-Saint-Aubert, furent arrêtés. Le commissaire Le Coq affirme cependant que l'abbé Hunault et l'abbé Jacques Daligaut de La Chapelle-Saint-Aubert restaient encore cachés dans la région. Le 20 brumaire an VII (12 novembre 1798), Le Coq révèle qu'une vingtaine de prêtres réfractaires se sont réunis à Parcé pour s'organiser. Et Le Coq continue son travail de dénonciateur en rendant compte de tous les faits et gestes de quelques bandes de chouans qui accompagnent les prêtres et que l'on signale à Vendel au village du Chemin (30 vendémiaire), au bourg de Billé (15 brumaire). Roussel, ex-chouan, dit Belle-Isle, retiré à Billé depuis un an est arrêté (2 prairial an VII). Au début de l'année 1798, François Angenard dit Francœur est également arrêté par les colonnes mobiles. Il sera remis en liberté moyennant une caution de 5 000 francs. Il sera cependant à nouveau arrêté quelques jours plus tard grâce aux renseignements fournis par un traître, Joseph Boismartel dit Joli Cœur, et sera fusillé avec un autre chouan du nom de Pierre Martine.Troisième chouannerie
Troisième chouannerie
À partir de la fin du mois d'août 1799, le pays donna les signes d'un nouveau soulèvement. Le commissaire du canton de Parcé, Pacturel, annonce dans un de ses rapports qu'il est enlevé de dessus les communes beaucoup de cy-devant chouans. Dés le 14 fructidor VII (5 septembre 1799), il déclare qu'il a dit se réfugier à Fougères et, mort de peur, il décide. de donner sa démission. Dans le canton de Billé, le commissaire Le Coq n'était pas plus rassuré. Le 20 fructidor an VII (11 septembre 1799), il écrit qu'il ne peut plus voyager depuis un mois ni aller à Fougères sans exposer sa vie. Il déplore l'absence de force armée dans la commune de Billé où il n'y a plus que huit à neuf hommes qui se réunissent la nuit pour se défendre en cas d'attaque. À plusieurs reprises Le Coq écrit que les habitants sont terrifiés et n'osent plus rien dire touchant la marche et les manœuvres des brigands qui infestent les environs de ce canton. On peut penser que les habitants qualifient de crainte ce qui n'était que la volonté de favoriser l'action des chouans. Le commissaire multipliait les dénonciations relatives aux chouans. On apprend que quatre brigands se sont emparés d'un fusil à Combourtillé. Le 11 fructidor (3 septembre), une bande de soixante chouans venant de Luitré et Parcé se rendent dans l'après-midi au bourg de Billé. Tous les habitants prennent la fuite en dehors de quelques personnes. Les chouans ne firent cependant aucun pillage et se contentèrent de menacer les patriotes du canton qui étaient connus pour avoir des armes. Ils couchèrent dans les fermes de Billé puis se retirèrent sur Saint-Sauveur, craignant que les patauds de Billé soient allés avertir les bleus de leur présence. Le commissaire Le Coq dénonce deux des chouans qui furent reconnus: Saint Roch et Pierre Blot dit Va de Bon Cœur de la commune de Chesné, ex-chouan réfugié à Rennes depuis quelques temps. Les chouans étaient parvenus à retrouver des armes et leur force grossissait de jour en jour, les bourgs patriotes étaient menacés. Le commissaire de Saint-Aubin-du-Cormier, Coutard, ancien prêtre assermenté, prévenait dans un rapport du 1er octobre que les chouans augmentaient leur nombre dans son secteur et que leur repaire était fréquent sur la commune de Vendel. Effectivement le 5 octobre, la commune de Saint-Aubin-du-Cormier fut attaquée par les chouans commandés par le chevalier de la Nougaréde. L'attaque échoua et les chouans se replièrent sur Vendel et sur le Rocher de Malnoë. Les chouans enterrèrent leurs morts en terre de Billé. Le 13 brumaire (5 novembre 1799), 200 républicains marchèrent sur les communes de Chesné, Vendel et Saint-Jean-sur-Couesnon pour tenter de surprendre les chouans. Voici le récit du commissaire Coutard sur cette attaque: Environ les six heures du matin, un espion du général Michaud ayant fait, m'a-t-on dit partie des chouans, s'est présenté chez le citoyen Aubrée, commandant de la place... Il a donné connaissance où étaient les chouans... D'après ces renseignements, le citoyen Aubrée a fait une sortie avec environ deux cents hommes. Une colonne a fait rencontre de l'ennemi qui a pris la déroute. La troupe a fait une contre marche. L'ennemi a encore été rencontré et mis en déroute, sur les trois ou quatre heures du soir. Une colonne de nos hommes au nombre de quarante, séparée sans ordre du commandant, s'est trouvée mêlée parmi les chouans. Nous ne savons pas malheureusement le nombre des morts. Nous avons un blessé qu'on va conduire à Rennes. Il nous manque trente hommes et des armes. Ces hommes appartiennent tant à la partie militaire qu'à la compagnie franche et à la garde nationale ce qui donne l'alarme aux familles. Ce récit peu clair de Coutard masquait en réalité la déroute des républicains. Coutard doit reconnaître quelques jours plus tard que les républicains avaient perdu dix neuf militaires de la 13ème compagnie, deux de la 82ème, cinq de la compagnie franche, un garde national, un guide et deux blessés. Les chouans avaient fait vingt-quatre prisonniers. Ils en renvoyèrent sept dont deux militaires, trois gardes nationaux et deux de la compagnie franche. Coutard indique que les autres furent fusillés le 14 au matin au lieu de Mésauboin en Billé. Lemas sans indiquer ses sources affirme que les prisonniers furent fusillés dans les Champs Picard. Le fermier de Mésauboin, Cupif, creusa une fosse avec ses domestiques où il mit seize morts, l'un des fusillés vivait encore et n'expira que trois jours plus tard. C'était un homme de Mecé qui servait de guide aux républicains. Avant de mourir il put rendre compte aux gardes nationaux de Billé de la fusillade et sauver Cupif de la vengeance des républicains qui voulaient le fusiller et brûler ses fermes. La troisième chouannerie ne verra pas de grandes batailles sur le territoire du canton de Billé. Les engagements les plus importants eurent lieu au nord de Fougères. La guerre civile apporta cependant une fois de plus son cortège de morts et d'incidents. Un individu est retrouvé tué d'un coup de fusil le 18 vendémiaire an VIII, au Pont Gasnier près de Billé. Il avait été pris par des brigands assemblés à Javené et qui par la haine qu'ils ont pour la majeure partie des habitants de Billé l'on conduit là pour l'assassiner. Les registres de Billé signalent encore la mort par arme à feu de Lécotay, maître d'école, âgé de 60 ans, faisant lire les enfants de village en village, trouvé dans le cimetière le 29 fructidor an VIII (21 septembre 1800). Les chouans ne purent résister longtemps aux importantes forces déployées par le Consulat. Les chouans de Fougères signèrent la paix les 11 et 13 février 1800.Suppression des administrations de canton
Les municipalités de canton furent supprimées le 28 mai 1800. Le maire et ses adjoints furent désormais nommés par le préfet pour les communes de moins de 5 000 habitants et par le premier Consul pour les autres. Le canton n'était plus qu'une circonscription judiciaire.Conclusion: le Consulat et l'Empire
Conclusion: le Consulat et l'Empire
Le sacrifice et le combat des chouans ne fut pas inutile. Pour obtenir la paix intérieure, Bonaparte décida de rétablir la liberté religieuse en signant un concordat avec l'Église (15 juillet 1801). L'abbé Hunault fut réinstallé à Billé en 1803 comme simple desservant, Billé avait perdu son doyenné, mais il continuait à signer doyen de Billé. Il sera nommé curé-doyen de Saint-Étienne de Rennes en 1804 et c‘est l'abbé René Julien Gavard, frère de celui qui était tué par les républicains qui prit sa suite le 1er juin 1804. Il décéda malheureusement la même année. La Révolution avait tellement tué de prêtres que la paroisse resta sans desservant de 1804 à 1820.Le visage de la Révolution dans ce canton de Billé est finalement assez hideux. Une jeunesse sacrifiée, une population déchirée, des chrétiens persécutés, Finalement l'inverse de la liberté de l'égalité et de la fraternité... Que de misères la Révolution n'a-t-elle pas semé dans ce petit pays tranquille! Reprenant mes notes, je ne compte pas moins de 39 personnes mortes de mort violente pendant ces années et je ne tiens pas compte des malheureux, morts au cours des nombreux combats et de ceux qui furent tués dans les armées de la République. Le Moloch républicain continua d'ailleurs de détruire des milliers de jeunes hommes pendant quinze ans encore. Les statistiques sur la population de Billé dans ce canton montre que la population a diminué de 1793 à 1798.
La centralisation mise en place par la Convention et poursuivie parle Directoire avec la suppression des municipalités au profit des municipalités de canton dirigées en fait par les commissaires aux ordres de l'administration centrale ne fit qu'augmenter sous le Consulat et l'Empire. Tout cela avait contribué à faire détester la République et son cortège d'illusions. La désertion électorale était devenue presque totale sous le Consulat. Lors du plébiscite sur le Consulat en nivôse (13 décembre 1799) il n'y eut que cinq électeurs à voter dans le canton de Billé. Le plébiscite sur le consulat à vie (4 août 1802) ne réunit guère plus d'électeurs, 142 pour le canton de Billé et le plébiscite sur l'hérédité impériale (18 mai 1804) fut un vrai désastre pour l'empereur dans le canton ou il ne réunit que 50 votants. Finalement dans leur séance du 6 mai 1814, le maire et le Conseil Municipal de Billé déclaraient donner leur adhésion pleine et entière aux actes du Sénat et du gouvernement provisoire pour le rappel de l'auguste dynastie des Bourbons sur le trône du Royaume de France.Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine
tome XCI (1989), pages 139-212, ISSN 0750-1412