Épidémies du passéà Billé
liste d'épidémies indique, parmi les autres, celles qui ont sévi dans notre région et il n'y a aucune raison de penser que Billé ait pu rester à l'écart.
e tout temps, des épidémies ont frappé l'humanité provoquant le décès d'un grand nombre de personnes. Bien sûr, Billé n'a pas été épargné. Faute de données, il n'est pas possible de savoir ce qui s'est passé chez nous lors des grandes épidémies du Moyen Âge. UneCe n'est qu'à partir de 1660 que les décès furent enregistrés par les curés à Billé. À partir de ces enregistrements, en compilant le nombre de décès chaque année, il est facile d'observer des pics de mortalité et de situer ainsi quand eurent lieu d'éventuelles épidémies. Ces pics de mortalité sont d'ailleurs mentionnés dans les archives de la paroisse. Ces notes, au delà de la simple constatation n'apportent que très peu d'informations. À l'évidence, elles ont été rédigées a posteriori et basées aussi sur un simple comptage des décès. Pour en apprendre davantage, il faut relier les dates à des données épidémiques régionales ou nationales.
Fin du XVIIème siècle
Malheureusement, les données de sépultures ne sont disponibles à Billé qu'à partir de 1660. Avant la fin du siècle, deux épisodes épidémiques vont se produire. La moyenne du nombre de sépultures entre 1660 et 1700 est de 29 par année. Pendant les seuls mois d'octobre et de novembre 1669, il en sera enregistré 51 et 64 en août et septembre 1676. Il n'est pas possible de rapprocher ces deux années où la mortalité fut importante à des évènements rapportés en France ou en Bretagne. Tout au plus des sources mentionnent de fortes canicules et des hivers rigoureux lors de ces deux années. Deux prêtres de Billé furent emportés en 1669: Jean Bricet et Jean Auvray. En 1676 trois fillettes, enfants de Michel et Jeanne Boishy, âgées de 6 à 13 ans meurent entre le 21 et le 22 août.
Répartition par mois des 22 décès à Billé en 1798
XVIIIème siècle
Au cours de ce siècle, la mortalité annuelle de Billé excéda les 100 morts à cinq reprises, dépassant de plus de trois fois les moyennes habituelles des nombres de sépultures annuelles: en 1701, 1719, 1737, 1741 et 1756. De même que pour le siècle précédent, il est difficile de relier les surmortalités observées à des évènements épidémiques régionaux ou nationaux.
En 1886, les Annales de Bretagne de l'Université de Rennes publient un chapitre intitulé Les épidémies en Bretagne au XVIIIème siècle. Les évènements y sont relatés en même temps que des descriptions précises des maladies et de leurs effets. Ces derniers sont si dévastateurs qu'en quelques endroits on n'a pu faire la récolte de blé noir faute de monde.
En 1741, une épidémie de dysenterie, qui débuta en juillet dans les environs de Vitré, fit des dizaines de milliers morts en Bretagne et particulièrement dans le diocèse de Rennes. À Billé, furent enregistrés 160 décès dont 101 pendant les seuls mois de septembre et d'octobre.
C'est encore dans la région de Vitré qu'apparaît l'épidémie de 1756. 161 sépultures figurent dans le registre de Billé cette année-là et 123 personnes furent enterrées en septembre et octobre.
Pendant les vingt années précédant la Révolution de 1789, des dysenteries frappèrent sporadiquement la Haute-Bretagne. Au cours de cette période, le nombre des décès l'emporta sur celui des naissances alors que le reste de la France voyait sa population augmenter. Une étude parue en 1977 dans les Annales de Démographie Historique a traité largement le sujet. Cet article permet d'éclairer la mortalité observée à Billé en 1775. Il contient une série de cartes d'Ille-et-Vilaine qui décrit l'étendue de l'épidémie commune par commune. Le pic observé à Billé en 1775 est mentionné sur cette carte. Billé, colorié en vert, est au centre d'une zone particulièrement éprouvée. Dans une moindre mesure, Billé a aussi été concerné en 1771.
XIXème siècle
Une seule épidémie frappa de façon notable au XIXème siècle. Elle eut lieu en 1834 et provoqua plus de 50 décès dans la commune. Parmi les victimes, une trentaine avaient moins de 12 ans. Les archives paroissiales mentionnent une dysenterie. Il s'agissait vraisemblablement d'un épisode de la seconde pandémie de choléra du siècle qui sévit de 1826 à 1837. Elle fit de nombreuses victimes en France, notamment en région parisienne et dans le sud-est, de 1832 à 1834. Le choléra venait de ravager la Bretagne en 1832 après qu'un marin contaminé eut débarqué à Nantes au mois de mai.
XXème siècle
La pandémie grippale de 1918, dite grippe espagnole, est encore dans toutes les mémoires. Un très léger accroissement des décès à l'automne 1918 semble indiquer qu'elle fut présente à Billé. Aucun récit, ni écrit ni oral, ne permet de s'en faire une idée plus précise. De plus, la faiblesse des nombres ne permet pas de leur accorder une valeur statistique.
Une étude complémentaire permet de constater que la ville de Fougères fut durement touché par cette épidémie et dans une moindre mesure d'autres localités environnantes. La mortalité explosa à Fougères au cours des mois de septembre et octobre 1918. De là à penser que l'épidémie concerna davantage les villes que les campagnes, il n'y a qu'un pas.
Observations
Lors des épidémies, les plus grands nombres de décès apparaissaient généralement à la fin de l'été et au début de l'automne. L'année 1737 fut particulière: les 122 sépultures étaient réparties tout au long de l'année. Le mois le plus meurtrier de toutes ces années fut le mois de septembre 1719 avec 88 enterrements. Le 2 octobre 1741 ainsi que les 4 et 10 octobre 1756, il y eut neuf sépultures le même jour.
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Cet exposé permet de prendre la mesure de la gravité de l'impact des épidémies sur la vie de notre commune. Les Annales de Bretagne rapportent qu'en quelques endroits on n'a pu faire la récolte de blé noir faute de monde. C'est dire le cycle infernal auquel était soumis nos ancêtres. À travers les seuls chiffres, nous percevons le désarroi qui pouvait s'emparer d'eux. Il reste à examiner le démographie au cours de ces épidémies. L'impression générale est qu'elles emportaient beaucoup de jeunes vies.