Allo Billé!
u XXIème siècle, personne ne pense plus à ce qu'a pu être l'arrivée du téléphone à Billé. Il n'y a guère qu'un siècle pourtant qu'il a fait sa première apparition. Il est vrai que de nos jours les débats portent plutôt sur le débit du réseau de l'internet et sur la couverture du territoire pour la téléphonie mobile. Pour mesurer le chemin parcouru, il faut réaliser que dans les années 1950, il n'y avait que quatre postes téléphoniques disponibles dans le bourg: Celui de la cabine, celui de la mairie et deux autres chez des commerçants.
C'est le 28 juillet 1912 qu'il est question pour la première fois de réseau téléphonique. Jean Bazin, maire, expose au conseil municipal que les commerçants et les cultivateurs de Billé demandent l'établissemnt du téléphone dans la commune. Le conseil, après délibération, rend un avis favorable considérant que [cela] rendrait des services, non seulement à la population, mais encore aux nombreux voyageurs qui traversent le bourg journellement, que son utilité est incontestable et que dans un avenir prochain l'usage en sera tout à fait généralisé. Demande en est donc faite et la commune s'engage à verser une somme de 70 francs la première année.
Une circulaire préfectorale du 10 septembre 1913 pose les conditions qui permettront à la commune d'obtenir l'installation du service téléphonique et éventuellement du service télégraphique. Le 21 septembre suivant, le conseil municipal accepte ces conditions: versement annuel d'une contribution de 72,31 francs, fourniture d'un local pour accueillir la cabine, rémunération d'un gérant de cette cabine. En outre, le conseil demande que le circuit soit aussi utilisé pour les correspondances télégraphiques, prenant l'engagement de supporter les frais et de rémunérer un piéton assurant la distribution des télégrammes dans un périmètre d'un kilomètre.
L'affaire semble donc avancer et l'année suivante, L'Ouest-Éclair publie cet encart:
Las! Un mois plus tard, la guerre éclate. Bien sûr, rien n'est fait pendant toute la période des conflits. Ce n'est que le 25 mai 1919 que la poursuite du projet est réapprouvée. Le 18 avril 1920 nos édiles peuvent décider des mesures concrètes. Éléonore Mongodin, la bouchère d'alors, est nommée gérante de la cabine téléphonique et Aurélie Jourdan la remplacera en cas d'absence. Amand Jourdan assurera le portage des télégrammes. Ces derniers n'habitent pas trop loin puisqu'ils résident juste en face de la cabine sise à la boucherie, actuellement 21, rue de Fougères.
Le 1er juillet 1920, Madame Mongodin n'accepte plus la gérance du bureau téléphonique. Elle est remplacée par François Delatouche, menuisier. Le 13 juillet 1921, c'est François Delatouche qui démissionne et Jeanne Royer est désignée. Ferdinand, son mari, la remplacera au besoin. Lors de cette nomination, c'est une somme de un franc par jour qui est allouée à la gérante. Amand Jourdan est toujours en fonction pour porter les télégrammes. Un mois plus tard Jeanne Royer se rétracte.
Reine Blanchet prend le relais, avec son mari, Jean, pour suppléant. À partir du 21 août 1921, la cabine va donc s'installer au 26, rue de Fougères. Cette fois elle restera solidement ancrée pendant presque cinquante années dans le magasin de chaussures tenu par sa gérante. Ce n'est en effet que quelques jours avant son décès brutal qu'elle cesse ses fonctions - La Chronique Républicaine.
La cabine traverse alors de nouveau la même rue pour rejoindre le domicile de Marie-Louise Hubert-Roussel qui prend la succession de Reine Blanchet. Elle en conservera la gérance jusqu'en 1997, année où elle cessera aussi son activité de galettière. À partir du milieu des années 1970 le allo-boom a fait exploser le nombre des abonnés au téléphone. Il n'y a plus lieu alors de maintenir ce service. D'autant moins, qu'entre-temps une cabine extérieure a été installée dans le bourg. Une ère était révolue.
Et la poste...
Le conseil municipal, considérant que les 8/10 des villages de Billé sont situés à bord de route, émet le vœu qu'un facteur à bicyclette soit chargé de la tournée; que la 2ème levée de la boîte soit faite au plus tôt à 13 (treize) heures, ce qui permettrait aux commerçants de pouvoir faire leurs réponses par retour de courrier.
délibération du 25 mai 1919