Viens voir les comédiens !
e théâtre a eu sa place à Billé depuis l'après-guerre. Il y a bien eu quelques années creuses mais il y a survécu. Il faut distinguer trois périodes: la première a débuté probablement en 1947 et fut animée par Joseph Verger puis par Ernest Restif, alors vicaires de la paroisse. Il est difficile d'en déterminer la durée et bien peu reste de cette première période. Vint ensuite, à partir de 1962, la seconde période dont la première représentation coïncida avec l'inauguration de la salle paroissiale en 1962. Nous avons connaissance de pièces jouées jusqu'en 1972. La troisième période débuta en 1996 avec l'achèvement de la construction de la salle communale actuelle et, jusqu'à ce jour, il a été joué une pièce chaque année.
Années 1960
es choses se précisent en 1962 quand se joue Mon Clochard de Père. C'est la première fois que du théâtre a lieu dans la salle paroisssiale flambant neuve. Les décors n'ont pourtant pas encore changé et ont été réadaptés de la période précédente. Ils consistaient en une pièce aux murs tapissés de papier peint avec une double porte au fond de la scène, deux portes latérales et une fenêtre à droite, parfois une cheminée dans un des coins. Cet ensemble formait un intérieur confortable. Quand le scénario exigeait un intérieur pauvre, les panneaux étaient retournés pour montrer la toile de jute qui en garnissait l'envers, comme le montrent les photos qui donnent une bonne idée de l'ambiance. Le rôle principal était tenu par Jean Cornée, fort élégant dans sa tenue de clochard.
Et voilà le théâtre relancé pour une bonne dizaine d'années. Lariflette Millionnaire, en 1963 a laissé des souvenirs. L'histoire est calquée sur celle du héros que les lecteurs de Ouest-France retrouvaient tous les jours dans une bande dessinée. Louis Thomas jouait Lariflette, Agnès Roussel son épouse Bichette et Jean-Paul Vannier leur fils Tatave. Jean-Paul devint alors le benjamin des acteurs de Billé puisqu'il n'avait pas encore 12 ans. Une photographie remarquable en extérieur rassemble l'ensemble des acteurs.
La chanteuse a 20 ans
Autour des années 1960, à chaque représentation, Élisabeth Leutellier enchantait le public de Billé. Elle intervenait au début des séances et pendant les entractes, interprétant les plus grands succès d'alors. Qui ne se souvient de Froufrou, Chariot, J'entends siffler le train...
Après les deux comédies que nous venons de citer, vint le tour du mélodrame. Pendant la saison 1963-1964 fut représenté Gosse de Paname. Alors, la troupe ne se contentait pas de jouer à Billé mais partait en tournée dans les communes avoisinantes. C'est ce que nous confirme un document comptable relatif aux saisons 1962-63 et 1963-64. Au cours de la première, Lariflette et sa bande sillonnèrent les routes vers Mecé, Parcé, Balazé, Saint-Ouen-des-Alleux, Saint-Jean-sur-Couesnon, Saint-Hilaire-des-Landes et Javené. Gosse de Paname fut joué à Billé le 17 novembre en 1963 en soirée, le 8 décembre à Livré-sur-Changeon, le 29 décembre à Billé en matinée et le 12 janvier 1964 à Saint-Ouen-des-Alleux. Le Lundi de Pâques suivant à Billé était représenté la pièce 600 000 F par Jour contant les aventures de Galupin, graisseur à la S.N.C.F., de sa femme Ernestine et de leur trois enfants.
Le document retrouvé nous instruit aussi sur les recettes et les dépenses de la petite entreprise qui y sont soigneusement consignées. Le budget était en équilibre puisqu'il restait à la fin un petit pécule d'environ 200 francs. Les comédiens eux n'y gagnaient que leur plaisir, mais ils n'en demandaient pas plus.
Les pièces jouées et les acteurs
Le plaisir, celui des acteurs et des spectateurs, dura jusqu'en 1972. Des photos subsistent des années 1967 à 1970. Pendant ces années, Émile Dauguet, instituteur à Billé, se chargea de la direction de la troupe et de la mise en scène. Il avait déjà été impliqué dans le théâtre à Montours et apportait son expérience. Il a conservé des diapositives du théâtre de ces années et grâce à lui nous avons ces images.
Quelques anecdotes ont émaillé ces années. En 1970, dans le caporal Potiron, le scénario exigeait que Suzanne pleurât. Naturellement, cela donna lieu à des crises d'hilarité à chaque répétition. Lors d'une représentation cependant, elle se mit à verser de vraies larmes. Ses partenaires s'en trouvèrent quelque peu émus aussi, montrant de tristes mines. La scène apparut au public plus vraie que nature qui ne put que s'émerveiller devant le talent des acteurs.